lundi 12 novembre 2012

Amérique latine, James Petras un négationniste très en vogue

"Kaosenlared" un exemple de ce que l'altermondialisme peut faire de pire comme écrits, en relayant un négationniste et les FARC-EP

 Notes de Libres Amériques, suivi d’un texte d’Yves Coleman

James Petras : Un gringo chauvin, anti-sioniste et antisémite : Le choix a été fait de ne plus traduire de textes provenant du site Kaosenlared, en conservant toutefois les deux textes traduits, ils resteront sans lien de connexion avec le site en question, dont il est difficile de partager certaines proses et certains auteurs plus que contestables. Vous en comprendrez les raisons en lisant ci-après, le texte d’Yves Colleman, datant de 2006, sur une triste figure « rouge-brune »  des autoroutes de l’information et quelques explications sur la ligne éditoriale de ce blog....

Si quelques éléments d’information ont pu retenir l’attention du blog sur l’Amérique Latine, au bout d’une semaine de gros doutes sont venus se greffer avec le sulfureux James Petras. Le blog Libres Amériques a été amené à traduire deux articles du site Kaosenlared, qui par ailleurs connaîtrait des problèmes de « censure » en Allemagne, mais jusqu’à présent en France, le site en question n’a aucun problème de diffusion.

Ce n’est pas la seule raison de ce choix, il en va aussi de ne prendre parti pour aucun acteur politique des accords de paix en cours en Colombie, et pour les FARC-EP en particulier. Et la prose sur le conflit israélo-palestinien peut avoir un caractère « judéophobe », donc nous vous conseillons les lecteurs de ce type de prose de soit de passer leur chemin, soit de lire le travail d’Yves Coleman, qui est un des premier, si ce n’est le premier à avoir aborder sur le fond et la forme la question de l’anti-sionisme de certains sites radicaux. 

Certes son approche est militante et personne n’est obligé d’adhérer à ses opinions, de plus il n’est pas toujours simple d’écrire ou de relayer certaines informations sur l’Amérique latine, et tout faire pour qu’il n’existe pas sur ce blog de méprise sur des sujets trop sensibles, pour se fier à des prosateurs qui peuvent relever de la psychiatrie.

Face à certains écrits paranoïaques, volontairement antisémites ou en lien avec des mouvances terroristes, il importe de rester lucide, de se méfier de certains sites et pléthores de blogs  se réclamant de « l’alternative » ou de l’altermondialisme et traitant des questions internationales. Mais difficile de croire des personnes, qui ont toujours l’insulte facile et l’art de manipuler ses contemporains et notamment le dénommé James Petras, le rouge-brun étasunien.

James Petras : Un gringo chauvin, antisioniste et antisémite

Texte n°5 sur « les limites de l’antisionisme »

Professeur de sociologie, « auteur de 62 livres publiés dans 29 langues et de plus de 560 articles dans des revues professionnelles » (1), collaborateur de publications françaises comme Le Monde diplomati­que ou Les Temps modernes, de revues marxisantes comme la célèbre New Left Review, et de la presse bourgeoise (New York Times, The Guardian, Christian Science Monitor, Foreign Policy, etc.), ce monsieur a aussi des références « militantes » puisque son éditeur nous apprend qu’il « collabore avec le mouve­ment des paysans sans terres au Brésil depuis onze ans », et qu’il a « fait partie du tribunal Russel contre la répression en Amérique latine ».

Vive les dictateurs pseudo « anti-impérialistes » du Sud !

James Petras est l’auteur d’un article intitulé « Douze thèses sur la guerre et la paix au Moyen-Orient » écrit en juin 2006 où l’on retrouve tous les poncifs de la gauche et de l’extrême gauche favorables à la dictature des mollahs sur le prolétariat iranien. Comme eux, Petras soutient également la pseudo-« Résistance » irakienne dont la principale activité consiste à tuer des chiites, faire sauter des mosquées et assassiner des travailleurs irakiens ou étrangers. La « résistance islamique de masse » en Irak serait, selon Petras, un « mouvement de libération nationale ».

Quant à l’Iran la « révolution islamique » y aurait « dis­tri­bué des terres » (il ne précise bien sûr ni la quantité distribuée ni son importance par rap­port à l’ensemble des terres exploitées dans le pays) ; elle aurait « intro­duit des élections pluralistes »... » dans des limites étroitement définies par la loi islamique ». On remarquera le jésuitisme et le cynisme de cette formule.

Conscient qu’il est sans doute allé trop loin (en tout cas pour un lectorat de « gauche »), Petras évoque ensuite « la répression des mouvements syndicaux » qui a « miné une bonne partie des réformes programmées par le régime islamique ». Qui a mené cette répression, si ce n’est le pouvoir que soutient Petras ? En bon faux-cul il conclut ainsi son arti­cle : „le nouveau président a promis de faire des efforts en matière de protection sociale ».

Si ce n’est déjà fait, nous suggérons au président Ahmahdinejad d’inviter de toute urgence James Petras une semaine, tous frais payés, dans une station balnéaire iranienne, pour le remercier de ses bons et loyaux services, ou - encore mieux - de le nommer directeur de la propagande à des­ti­na­tion de l’étranger !

James Petras, qui est souvent publié dans Le Monde diplomatique en France, défend les mêmes thèses que ce jour­nal « tiers-mondain » au service des dictateurs « anti-impérialistes » du Sud ou que certains trotskystes qui trouvent des aspects positifs au régime iranien des mollahs et à l’extrême droite ira­kienne (2).

Pour couronner le tout, Petras écrit dans son arti­cle que les « clas­ses moyennes et supérieures ont été abasourdies, dans le monde entier, par les pertes en vies humaines » causées par les attentats du 11 sep­tem­bre, comme si ce massacre de 2700 personnes ne pouvait émouvoir et révolter que des privilégiés ou des réacs ! Pour une politi­que étrangère « éclairée » qui tienne compte des « intérêts natio­naux » de l’impérial­isme américain

Nous ignorons si James Petras partage les thèses délirantes de Thierry Meissan sur le 11 septembre (thèses accueillies favorablement dans les tous les forums sociaux de l’altermondialisme), mais ce qu’il y a de sûr c’est que son dis­cours est digne d’un poli­ti­cien amé­ricain chau­vin, sou­cieux des intérêts bien com­pris de la bour­geoi­sie et de l’Etat amé­ricains.

Ses thèses rejoi­gnent par­fai­te­ment celles de John Mearsheimer, de l’uni­ver­sité de Chicago et Stephen Walt, de l’uni­ver­sité de Harvard, auteurs d’une étude inti­tulée « Le lobby israélien et la poli­ti­que étrangère amé­ric­aine ». Ce texte avait circulé sur tous les Indymedias et autres sites radicaux, alternatifs, antisionistes, etc., de la planète, sans que per­sonne ne remar­que le point de vue réacti­onn­aire qui le sous-ten­dait. En effet, les deux uni­ver­si­tai­res ne cri­ti­quaient pas le sou­tien du gou­ver­ne­ment amé­ricain à Israël du point de vue des intérêts des prolét­aires amé­ricains, israéliens ou pales­ti­niens, mais uni­que­ment du point de vue d’une meilleure déf­ense des intérêts bien compris de leur impérialisme.

Tout comme les deux universitaires réactionn­aires précités, James Petras, dans son dernier livre sur « La puis­sance d’Israël aux Etats-Unis » explique que « ce n’est pas le contrôle des ressources en pétrole qui pousse l’impérialisme américain à attaquer l’Irak et à menacer l’Iran et la Syrie ». Non, ce serait „la défense des intérêts d’Israël » ! En bon gringo chauvin, il s’indigne de l’ « espionnage israélien aux Etats-Unis » et voudrait que son pays récupère une „indépendance d’action fondée une défense éclairée de l’intérêt national et des principes progressistes ». Voilà de quoi faire trembler Wall Street et les multinationales !

De l’anti­sionisme à l’antisémitisme de gauche

Dans leur article sur « l’antisé­mit­isme de gauche en Pologne » (Ni patrie ni fron­tières n° 18-19), Piotr Kendziorek et August Grabski font allusion à un autre texte de James Petras « Palestine : the final solu­tion and Jose Saramago », écrit le 2 avril 2002, et republié en polonais dans Lewa Noga n° 14.

Cet article commente les déclarations de l’écrivain portugais Jose Saramago en mars 2002 à Ramallah : « Ce qu’il faut faire, c’est sonner le tocsin, par­tout dans le monde, pour dire que ce qui arrive en Palestine est un crime que nous pouvons stopper. Nous pouvons le comparer à ce qui est arrivé à Auschwitz. (...) La répression israélienne est la forme la plus perverse de l’apartheid. » James Petras défend bien sûr Saramago en affirmant :

- que les « Israéliens conduisent un géno­cide contre un peuple entier »,

- que « les descendants de l’Holocauste réclament le monopole de l’usage d’un mot » (génocide),

- que les „vic­ti­mes peu­vent deve­nir des bour­reaux »,

- et que les Juifs "sont les ren­tiers de l’Holocauste". On remar­quera ce recy­clage d’un vieux poncif antisé­mite : la dén­onc­iation du rap­port des Juifs à l’argent, et sous sa forme la plus « immo­rale » et para­si­taire : l’usure hier, "la rente" aujourd’hui. Décidément les judéophobes n’ont guère d’imagination...

Mais Petras ne s’arrête pas là : comme de nombreux radicaux anti­-sionistes, il cite ce « fameux » officier qui aurait affirmé, à propos de Jénine, qu’il fallait s’inspirer des techniques de lutte des nazis contre les insurgés du ghetto de Varsovie. Cette affirmation est banale : il faut être particulièrement ignare et de mauvaise foi pour croire que dans les écoles militaires des pays impérialistes - comme dans les camps d’entraînement de toutes les guérillas d’extrême gauche - on n’étudierait jamais les méthodes de l’adversaire, aussi barbare et sanguinaire soit-il. Bien connaître les mét­hodes de l’ennemi, voire les retourner contre lui, est une question de survie militaire, pas un problème moral ! 

En fait, l’objectif de Petras est autre : il veut manipuler l’indignation du lecteur pour suggérer un amalgame entre Juifs (ou Israéliens) et nazis. Il ne fait ainsi que reprendre un procédé employé par les négationnistes depuis des années qui ont besoin d’affirmer l’identité entre Juifs et nazis (d’où des expressions comme « judéo-nazis », ou « nazi sionistes », que l’on retrouve aussi sur les sites Internet considérés comme « radicaux » tels que Indymedia.

Note de Libres Amériques : à ce sujet des sites « rouges-bruns », il importe de préciser qu’aujourd’hui la ligne de ce journal en France à radicalement changé sur cette question, et que cette accusation n’a plus lieu) pour ensuite prétendre qu’en fait la Shoah n’a jamais eu lieu. A ce propos on remar­quera - et ce n’est pas un hasard - qu’Israël Shamir recom­mande chau­de­ment le der­nier livre de James Petras (« Le pou­voir d’Israël en Amérique »), comme en témoigne la citation prés­ente sur le site de la maison d’édition de James Petras. Shamir qui déclare sur ce même site que « la puissance juive façonne la politique américaine dans le Moyen-Orient contre les intérêts des grands pétroliers » ! Bush hostile aux intérêts des grands pétroliers, fallait la trouver, celle-là !

Dans son article, Palestine : the final solu­tion and Jose Saramago », Petras écrit :  « comme dans l’Allemagne nazie tous les mâles palesti­niens de 16 à 60 ans sont encerclés, inter­rogés, menottés, torturés ». Comme si les nazis se contentaient de faire des rafles et n’avaient pas exterminé tous les Juifs ensuite ! L’habileté » de ce plumitif antisémite consiste à dissimuler ce qui se passait APRES ces rafles. 

Puis il ajoute : « Comme avec les nazis des centaines de Palestiniens blessés sont laissés sans soin et meurent ». Ce qui est par­fai­te­ment exact, ce qui est un crime de guerre, un crime contre l’huma­nité... mais pas un géno­cide. Enfin Petras ne cache même plus son antisé­mit­isme lorsqu’il écrit : « Personne n’a le pouvoir aux Etats-Unis de contrer l’argent et l’influence du lobby israélien et de ses puissants alliés juifs. » Bref, les Juifs, domineraient l’Empire américain qui lui-même domine le monde : il ne manque plus qu’une référence au protocole des Sages de Sion et la boucle sera bouclée. Voilà le type d’auteur que publie un trotskyste polonais dans la presse dite, révolutionnaire » de son pays !

Notes : 
 
D'autres arti­cles ont déjà paru sous le titre « Limites de l’anti­sionisme » dans les numéros 1, 2 et 3 de la revue Ni patrie ni fron­tières.

1. Citation extraite de la présentation sur Internet de son dernier livre The power of Israel in the United States (Le pouvoir d’Israël aux Etats-Unis) publié chez Clarity Press, « a human rights publi­sher », nous dit la pub. Heureusement que ces gens-là nous précisent qu’ils sont en faveur des droits de l’homme...

2. Cet amour pour les dic­ta­tu­res ne connaît pas de fron­tières puis­que Claudio Moffa, uni­ver­si­taire marxiste ita­lien, spécialiste de l’Afrique, publie sans commentaires une lettre de Saddam Hussein sur son site. On se s’étonnera pas que le même Moffa ait invité Israël Shamir à venir parler dans son université. Tout ce petit monde « anti-sioniste » fonctionne en réseaux assez transparents et partage les mêmes phobies politiques que l’extrême droite nationaliste-révolutionnaire (les héritiers des nationaux-bolcheviks des années 20) ou les partisans les plus extrémistes de l’islam politique.


Source : Mondialisme.org