mercredi 14 novembre 2012

La Rép. Dominicaine doit réformer sa police selon Amnesty

 L’homicide d’un étudiant souligne la nécessité 
de réformer la police

Amnesty International - France

La police nationale de République dominicaine doit sans délai se pencher sur la manière dont elle assure le maintien de l’ordre lors des rassemblements publics, et ce dans le cadre d’une réforme globale de la police dans cette nation caribéenne, a déclaré Amnesty International, après qu’un étudiant a été abattu dans la capitale Saint-Domingue le 8 novembre. 

La police nationale de République dominicaine doit sans délai se pencher sur la manière dont elle assure le maintien de l’ordre lors des rassemblements publics, ET ce dans le cadre d’une réforme globale de la police dans cette nation caribéenne, a déclaré Amnesty International, après qu’un étudiant a été abattu dans la capitale Saint-Domingue le 8 novembre.

Willy Florián Ramírez, étudiant en médecine de 21 ans, a été abattu jeudi 8 novembre lors des affrontements entre la police et les étudiants qui manifestaient contre une réforme fiscale très controversée qui avait déjà donné lieu à des contestations dans le pays les jours précédents.

Selon des témoins, les policiers ont tiré sur Florián alors qu’il sortait du campus de l’Université autonome de Saint-Domingue. Des policiers lourdement armés tiraient à balles réelles en direction d’un groupe de manifestants qui partaient du campus pour rejoindre une autre manifestation devant le Congrès. Des heurts ont alors éclaté entre étudiants et policiers.

Dans la soirée du 8 novembre, le chef de la police nationale a annoncé l’arrestation de 19 agents des forces de police, dont le lieutenant-colonel en charge de l’opération, dans le cadre de l’enquête diligentée sur ces faits.

« Cet évènement tragique confirme la nécessité de mener la réforme globale des services de police qu’Amnesty International et les organisations locales de défense des droits humains appellent depuis longtemps de leurs vœux, a indiqué Javier Zúñiga, conseiller spécial d’Amnesty International. 

« Nous nous félicitons que le président ait demandé la tenue d’une enquête approfondie et immédiate sur l’homicide de Willy Florián Ramírez. Son décès tragique doit amener les autorités à prendre des mesures urgentes pour que cela ne se reproduise plus.

« Si les policiers sont tenus de maintenir l’ordre public lors des manifestations, ils ne doivent jamais recourir à une force excessive ; plus particulièrement, ils ne doivent faire usage d’armes à feu qu’en dernier recours, en cas de légitime défense ou pour défendre des tiers contre une menace imminente de mort ou de blessure grave. »

Selon des témoins, après avoir tiré sur Willy Florián Ramírez, les policiers ont lancé des gaz lacrymogènes sur les personnes qui venaient le secourir.

Depuis, la police a fait valoir qu’une vidéo prise lors de la manifestation montre l’un des manifestants masqués tirer avec une arme à feu en direction des policiers, qui ont réagi en tirant des coups de feu en l’air et des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants.

Lors des affrontements, deux policiers, au moins trois autres étudiants et un contrôleur de bus auraient également été blessés.

D’après une déclaration de la police nationale, une balle extraite du corps de Florián va faire l’objet d’une expertise médicolégale, afin de la comparer aux projectiles utilisés par les policiers chargés de maintenir l’ordre près de l’Université autonome de Saint-Domingue.

En raison des violences, l’université a suspendu tous les cours jusqu’au 12 novembre.

Des violences policières endémiques
L’homicide de ce jeune homme doit amener les autorités de République dominicaine à réfléchir au fait que la police est depuis longtemps autorisée à bafouer les droits humains en toute impunité.

Amnesty International a constaté par le passé que la police du pays se rendait coupable d’un nombre d’abus en très nette hausse, commettant notamment des actes de torture et des exécutions extrajudiciaires.

Dans un rapport (en anglais) publié en octobre 2011, elle citait de très nombreux cas de personnes tuées par la police – un dixième des meurtres commis dans le pays en 2010 découlaient de violences policières.


Trop de gens sont blessés ou tués par la police lors des manifestations. Lors d’un autre rassemblement le 8 novembre dans la ville de Barahona, des agents de la police nationale auraient tiré sur une enseignante, la blessant grièvement. Une enquête est en cours sur le rôle présumé de la police dans la mort de quatre personnes lors de manifestations qui ont eu lieu à Salcedo, près de Santiago, dans le nord du pays, en juin 2012.

« Lorsque le Congrès dominicain débattra de la nouvelle Loi organique sur la police nationale au cours des prochaines semaines, il doit intégrer les principes et les règles qui permettront de garantir que la police protège réellement les droits fondamentaux », a estimé Javier Zúñiga. À la fin du mois de novembre, une délégation d’Amnesty International se rendra en République dominicaine.

« Nous avons hâte de discuter avec le président et les autorités compétentes de la mise en œuvre d’une vaste réforme afin de faire de la police une institution qui respecte les droits fondamentaux et protège efficacement ceux qui, en République dominicaine, en ont cruellement besoin », a conclu Javier Zúñiga.
Source : Amnesty International