Pourquoi cette vague de contestation contre la présidente de l’Argentine ?
Par libres Amériques
Lors des dernières élections la présidente Cristina Kirchner
a gagné haut la main avec 54% des voix. Il est indéniable que le couple
Kirchner, comme son homologue Hugo Chavez auront marqué ces dix (et plus…)
dernières années. Mais voilà que
la rue argentine a rassemblé plus de 100.000 manifestants, le 8 novembre 2012
contre le pouvoir en place. Cristina Kirchner est l’objet de critiques internes et aussi
à l’international. En interne, l’idée d’un troisième mandat fait son chemin et
nous retrouvons les mêmes formes d’opposition, que connu en son temps Chavez.
En externe, il n’est pas de bon ton de défendre une
politique différente, toutefois la présidente argentine a récemment reçu un
soutien clair de la part de l’économiste Joseph Stiglitz, classé comme un néo-keynesianiste.
Pas de quoi mordre un chat, mais même, quand une stratégie économique autre
pointe son nez, c’est la foudre néolibérale qui vous tombe dessus.
Ne nous trompons pas, l’Argentine n’est pas le meilleur des
mondes, mais des progrès sociaux ou sociétaux significatifs sont observables,
mais ils font moins l’objet des commentaires journalistiques.
Ici en France, l’on reproche au président François Hollande
de ne pas être assez dans rôle de président, en argentine c’est le contraire.
Il est reproché à Cristina Kirchner son autoritarisme, un enrichissement
personnel présumé, l’on retrouve là les mêmes aspects qui ont conduit le
Venezuela à être déstabilisé plus d’une fois ces dernières années.
Il se peut que ce soit un « bis repetita »… où la
presse et des états malveillants pourraient avoir tout intérêt à décrédibiliser
l’actuelle présidente argentine.
« En réponse critique » à cette protestation du 8
novembre 2008, nous vous proposons de lire le billet très instructif d’Estelle Leroy-Debiasi,
pour El Correo (le Courrier de la diaspora argentine).
L’Argentine défie les manœuvres de décrédibilisation
Alors que se profile ce jeudi 8 novembre une manifestation
bien orchestrée par une opposition pourtant décousue, issue des classes
moyennes élevées, qui trouvera sûrement un écho y compris à l’international,
ces dernières semaines ont été révélatrices des manœuvres visant à déstabiliser
l’Argentine comme une sorte d’antichambre à ce cacerolazo huppé.
Une opération de décrédibilisation, alimentant des rumeurs
laissant entendre que le pays ne serait pas en mesure d’honorer ses engagements
quant au remboursement de sa dette, rampe autour de l’Argentine. Les « fonds
vautours » et les agences de notations ne relâchent pas la pression sur le
pays.
Car derrière ces manœuvres, c’est en fait le schéma économique choisi par le pays – le changement de paradigme - , qui est visé. L’Argentine a joué aussi la carte du marché intérieur, le développement industriel, la valeur ajoutée, gestion du taux de change... a rappelé la présidente... et surtout avait tourné le dos au FMI, ce qu’on ne lui pardonnera jamais !
Car derrière ces manœuvres, c’est en fait le schéma économique choisi par le pays – le changement de paradigme - , qui est visé. L’Argentine a joué aussi la carte du marché intérieur, le développement industriel, la valeur ajoutée, gestion du taux de change... a rappelé la présidente... et surtout avait tourné le dos au FMI, ce qu’on ne lui pardonnera jamais !
L’establishement financier ou du moins certains de ses
membres s’est agité ces dernières semaines pour jeter le doute sur la situation
du pays. Les requêtes judiciaires des fonds vautours – jusqu’à faire saisir la
frégate « Libertad », le bateau-école de la Marine du pays dans les eaux du
Ghana- les notes médiocres des Agences de notation, le tout relayé par quelques
analystes… il n’a pas suffit de plus, la rumeur est partie, l’Argentine (trop
bon exemple) devient le canard noir, le mauvais exemple et qu’importe si
Stiglitz a, à plusieurs reprises, salué le chemin fait depuis 2001. Et comme à
point nommé vient cette manifestation de l’opposition – aux revendications floues
si ce n’est « être contre » !
L’Argentine a donc vu le 31 octobre Standard & Poor’s
(S&P) baisser la note de sa dette externe de « B » a « B- », à la suite de
la décision de la Cour d’Appel de New-York qui donnait raison à une plainte de
« fonds vautours », pour traitement discriminatoire du pays envers pour les
détenteurs de la dette dans le cadre de l’échange réalisé (accepté par 93% des
créanciers) ; mais l’agence de notation va plus loin critiquant les politiques
économiques mises en œuvre par le gouvernement actuel.
Fitch a emboité le pas. Dans le collimateur, curieusement des mesures comme le contrôle des changes, et la réforme de la carte organique de la Banque Centrale. Généralement jugées saines. Mais qui ne font pas l’affaire de la spéculation financière.
En effet si un contrôle des changes a été mis en place, c’est pour éviter le cocktail sulfureux « spéculation contre la monnaie-évasion fiscale » et garder les moyens en terme de réserves de changes de payer la dette à l’heure dite. Critiquée aussi la politique de dépenses publiques, qui a pourtant porté ses fruits, en matière d’éducation notamment et de santé.
Fitch a emboité le pas. Dans le collimateur, curieusement des mesures comme le contrôle des changes, et la réforme de la carte organique de la Banque Centrale. Généralement jugées saines. Mais qui ne font pas l’affaire de la spéculation financière.
En effet si un contrôle des changes a été mis en place, c’est pour éviter le cocktail sulfureux « spéculation contre la monnaie-évasion fiscale » et garder les moyens en terme de réserves de changes de payer la dette à l’heure dite. Critiquée aussi la politique de dépenses publiques, qui a pourtant porté ses fruits, en matière d’éducation notamment et de santé.
Derrière ces menaces, les agences de notation, reconnaissent
finalement qu’il n’ y pas de risque d’impayés à l’échéance. Mais alors pourquoi
semer l’incertitude... les prochaines échéances seront payées avec les réserves
en dollar accumulées par la Banque Centrale.
Coté investisseurs, ils semblent toujours au rendez-vous, et il n’y a pas besoin donc de regretter la néfaste politique de traités bilatéraux d’investissement des années 90, comme le souligne la présidente Kirchner, qui ont participé davantage à dépecer le pays qu’à participer à son bien être.
Evidemment il y aurait des intérêts bien partagés entre le monde de la finance et une certaine opposition argentine de classe et pas constructive -qui sera dans la rue demain- à ce que l’Argentine ne paye pas, occasion pour l’inciter à réemprunter et très vite se retrouver sur le mauvais chemin, plutôt que de continuer à avancer.
Coté investisseurs, ils semblent toujours au rendez-vous, et il n’y a pas besoin donc de regretter la néfaste politique de traités bilatéraux d’investissement des années 90, comme le souligne la présidente Kirchner, qui ont participé davantage à dépecer le pays qu’à participer à son bien être.
Evidemment il y aurait des intérêts bien partagés entre le monde de la finance et une certaine opposition argentine de classe et pas constructive -qui sera dans la rue demain- à ce que l’Argentine ne paye pas, occasion pour l’inciter à réemprunter et très vite se retrouver sur le mauvais chemin, plutôt que de continuer à avancer.
Sources : El Correo