Colombie, attentat contre un représentant Amérindien et des syndicalistes de Nestlé menacés
Par Christophe Koessler et Notes de Libres Amériques
Si un arrêt des hostilités a été décidé par les FARC-EP pour
une période de deux mois, il assez simple de constater que le climat de peur
perdure. Les menaces et atteintes visant la population civile en Colombie ne
changent pas. Ci-après deux exemples récents ce mois de novembre 2012, un
attentat a mis en danger de mort deux personnes : un responsable Amérindien
et un membre de Survival, et des menaces ont été proférées contre des
syndicalistes de Nestlé, et ce ne sont que deux exemples parmi d’autres.
ATTENTAT • Le dirigeant des Arhuacos a subi une violente
attaque. Quarante balles d’arme à feu ne sont pas venues à bout du militant
indigène.Alors que les négociations de paix sont en chemin, la guerre des
possédants contre les mouvements sociaux continue en Colombie. Le 8 novembre
dernier, le principal dirigeant du peuple autochtone Arhuaco a été visé par un
attentat au nord du pays.
Alors qu’il descendait de la capitale Nabusimake à bord de
son 4X4, Rogelio Mejía a été pris pour cible par des tireurs masqués. Quarante
balles ont criblé le véhicule, dans lequel se trouvait également une
collaboratrice de l’ONG Survival International. Les deux personnes en ont
réchappé in extremis. L’indigène a été légèrement touché à la tête par une
balle qui a traversé son chapeau. Il est probable que l’attentat ait été
perpétré par un groupe paramilitaire.
Cette attaque est la première dirigée directement contre un
leader arhuaco depuis vingt-deux ans
Elle intervient alors que les communautés autochtones
connaissent un regain d’activités pour défendre leur territoire des
interventions extérieures: projets d’implantation de barrages et de mines de
charbon, occupation de l’armée, arrivée en nombre de touristes, etc. (voir le
reportage du Courrier dans l’édition du 17 mars dernier).
Depuis quelques mois, les populations natives tentent de
récupérer l’une de leurs montagnes sacrées, appelée Inarwa-Alguacil, où l’armée
a établi une base. Plusieurs dizaines d’indigènes se sont rendus dernièrement à
deux reprises au sommet où ils ont tenu des rassemblements pacifiques. La Confédération indigène tayrona
(CIT), la principale organisation des Arhuacos, a également déposé une plainte
devant la justice pour que celle-ci constate l’illégalité de l’occupation.
Les natifs considèrent leur montagne, la Sierra Nevada de
Santa Marta, comme sacrée, représentant le «cœur du monde», essentiel à la vie
sur Terre. La CIT réclame actuellement à l’Etat une protection et demande que
justice soit faite. En Suisse, plusieurs ONG et syndicats, dont le Centre
Europe tiers-monde et Unia Genève, ont écrit une lettre aux autorités
colombiennes dans le même sens.
Article de Survival à lire ici !
Syndicalistes de Nestlé menacés de mort
Autre lieu, histoire similaire. Dans le Département du Valle
del Cauca, au sud de la Colombie, de nouvelles menaces ont été proférées contre
des syndicalistes au début de ce mois. Les premières concernent quatre
travailleurs de Nestlé, du syndicat Sinaltrainal, à Bugalagrande.
Cette affaire
intervient dans le contexte d’un conflit du travail. Dès fin octobre, les
travailleurs de Nestlé à Bugalagrande et à Bogota ont mené des sit-in pour
réclamer l’application des dispositions d’une convention de travail. Depuis
1986, treize syndicalistes de Nestlé ont été assassinés en Colombie; le dernier
crime remonte à 2005.
Une plainte pénale contre la multinationale veveysanne
concernant ce cas est actuellement pendante devant le Ministère public du
canton de Zoug (Le Courrier du 7 mars dernier). D’autres menaces de mort
ont été transmises par lettre à une dizaine de dirigeants syndicaux, dont
certains ont voyagé récemment en Suisse à l’invitation d’organisations sociales.
La fédération d’associations suisses Multiwatch a écrit à ce sujet au président
Juan Manuel Santos et au directeur de Nestlé Paul Bulcke (www.multiwatch.ch).
Sources : Le Courrier
Photos crédits Survival