jeudi 11 avril 2013

Chili, collaboration du Vatican à la chute d'Allende en 1973

 Le Vatican a collaboré 
avec les Etats-Unis dans l’appui 
au coup d’Etat de Pinochet


Par Carlos Enrique Bayo – Traduction de Libres Amériques

Tous nous savions que l’église catholique collaborait avec le régime militaire d’Augusto Pinochet au Chili, et qu’elle avait toléré les crimes contre l'humanité de son régime dictatorial, mais être confronté à un document expliquant par écrit la façon dont le numéro deux de l’évêque de Rome (à ce moment-là, le vénéré « progressiste » Paul VI), à au nom du Pape soutenu le coup d'Etat contre la démocratie au Chili, constitue une découverte journalistique de premier ordre.

Comme en cette matinée laisse pour évidence, le journal La Republica, un des 15 médias de communication dans le monde ayant participé (avec le public) aux exclusivités de Wikileaks, le Sous-secrétaire d’état du Vatican, Giobanni Benelli expliquait à des diplomates étasuniens (le 18 octobre 1973 et une rencontre qui n’avait rien à voir avec le sujet) « sa grande préoccupation et celle du pontife », avait été « le succès de la campagne internationale de gauche pour fausser complètement les réalités du Chili ».

À cette date, Benelli a été dans la pratique le numéro 2 du pape, comme secrétaire d'Etat, le cardinal Amleto Giovanni Cicognani, était trop vieux pour répondre à la plupart de ses fonctions, Benelli avait procédé à son remplacement. Ainsi ce Florentin (né dans le village de Vernio, à proximité du lieu de naissance de Machiavel) a travaillé en étroite collaboration pendant une décennie avec son ancien professeur, Paul VI. Jusqu’à gagner le surnom de « Kissinger du Vatican » pour son agressivité, presque autoritaire, en tant que chef de la diplomatie du Saint-Siège.

Alliance entre Nixon et Paul VI

Si important était Benelli au sein du Vatican, que c'était lui qui reçu en personne Richard Nixon au bas de l'hélicoptère dans lequel le président américain avait atterri sur la place Saint-Pierre en 1969, pour sceller l'alliance anticommuniste entre la Maison-Blanche et le Vatican qui donna lieu aux plus cruels coups d'Etats militaires en Amérique latine.

Après coup d’Etat de Pinochet, Benelli traita exagérément la couverture des événements [au Chili], comme possiblement le meilleur succès de la propagande communiste, et il souligna le fait, que même les cercles modérés et conservateurs semblaient très disposés à croire les mensonges les plus grossiers sur les excès de la Junte chilienne, écrivait-il dans son rapport à l'Ambassade des Etats-Unis à Rome, dans un câble classé « SECRET » avec le code « EXDIS » de protection maximale.

Se rendant compte que la chute d'Allende fut un revers majeur pour la cause communiste, Benelli déclara : (tel qu'il est exprimé dans le câble diplomatique américain ROME - 10729)

« Les forces de la gauche ont largement minimisé les dommages, pour convaincre le monde, que la chute d'Allende était due exclusivement aux fascistes et à des forces externes, plutôt que la faute de sa gestion propre de la politique, comme cela s'est réellement passé. » Benelli exprima sa crainte du succès de cette campagne de propagande communiste et de son influence sur les médias du monde libre dans le futur.
« Les médias internationaux parlant des histoires de la  répression brutale au Chili sont sans fondement », déclara le numéro deux du pape. 

En racontant la répression du régime militaire de Pinochet, le numéro deux de Paul VI expliqua sur un ton sentencieux :

« Comme il est malheureusement, après un coup d'Etat, il faut admettre qu'il y a eu quelque effusion de sang dans les opérations de nettoyage au Chili, mais la nonciature à Santiago, le cardinal Silva et l’épiscopat chilien en général ont assuré le pape Paul VI, que la Junte faisait tout pour ramener la situation à la normale et que les histoires des médias internationaux parlant d'une répression brutale ne trouveraient plus de fondements. »

De plus, Benelli (qui a été candidat du Pontife après les morts de Paul VI et de Juan Paul I) a allégué que l'on ne pouvait pas mettre en  doute la « Validité et la sincérité de l'interprétation du cardinal Silva » parce que, selon son opinion, le dit prélat, était « l'un de progressistes les plus remarquables à l'intérieur de l'Église ».

Après Benelli a reconnu que « le Pape se retrouva sous une forte pression en interne dans l'Église, spécialement depuis la France, pour parler contre les excès de la Junte » de Pinochet. Et que « malgré les efforts du Vatican, la propagande gauchiste a eu un succès remarquable incluant certains des cardinaux les plus conservateurs et avec des prélats semblant incapables de considérer la situation avec objectivité. Le résultat consiste en ce que les gauchistes ont réussi à créer une situation dans laquelle le Pape serait attaqué par les modérés s'ils défendaient la vérité au Chili ».

Plus encore, le Vatican était convaincu, et la nonciature l’a confirmé, que pendant les derniers mois du gouvernement Allende, l'ambassade de Cuba servait comme arsenal d'armes fabriquées en Europe de l'Est, pour but de les « distribuer aux travailleurs chiliens », affirma Benelli.

Le rapport secret de l'ambassade américaine au Vatican se termine par une courte phrase sans doute visant à minimiser la question et laisse pour la fin :

« Le Vatican a informé  la semaine dernière un intermédiaire de gauche, que le pape ne pouvait pas recevoir Isabel Allende », et Benelli expliqua que ceci provoquerait de nouvelles critiques contre le Vatican.

« SECRET ». Ainsi se termina le câble.


Source : PUBLICO.ES (en espagnol)