avec les Etats-Unis dans l’appui
au coup d’Etat de Pinochet
Par Carlos Enrique Bayo – Traduction de Libres Amériques
Tous nous savions que l’église catholique collaborait
avec le régime militaire d’Augusto Pinochet au Chili, et qu’elle avait toléré
les crimes contre l'humanité de son régime dictatorial, mais être confronté à
un document expliquant par écrit la façon dont le numéro deux de l’évêque de Rome
(à ce moment-là, le vénéré « progressiste » Paul VI), à au nom du Pape soutenu le
coup d'Etat contre la démocratie au Chili, constitue une découverte
journalistique de premier ordre.
Comme en cette matinée laisse pour évidence, le journal La
Republica, un des 15 médias de communication dans le monde ayant participé
(avec le public) aux exclusivités de Wikileaks, le Sous-secrétaire d’état du
Vatican, Giobanni Benelli expliquait à des diplomates étasuniens (le 18 octobre
1973 et une rencontre qui n’avait rien à voir avec le sujet) « sa grande
préoccupation et celle du pontife », avait été « le succès de la
campagne internationale de gauche pour fausser complètement les réalités du
Chili ».
À cette date, Benelli a été dans la pratique le numéro 2 du
pape, comme secrétaire d'Etat, le cardinal Amleto Giovanni Cicognani, était
trop vieux pour répondre à la plupart de ses fonctions, Benelli avait procédé à
son remplacement. Ainsi ce Florentin (né dans le village de Vernio, à proximité
du lieu de naissance de Machiavel) a travaillé en étroite collaboration pendant
une décennie avec son ancien professeur, Paul VI. Jusqu’à gagner le surnom de
« Kissinger du Vatican » pour son agressivité, presque autoritaire, en
tant que chef de la diplomatie du Saint-Siège.
Si important était Benelli au sein du Vatican, que c'était
lui qui reçu en personne Richard Nixon au bas de l'hélicoptère dans lequel le
président américain avait atterri sur la place Saint-Pierre en 1969, pour
sceller l'alliance anticommuniste entre la Maison-Blanche et le Vatican qui
donna lieu aux plus cruels coups d'Etats militaires en Amérique latine.
Après coup d’Etat de Pinochet, Benelli traita exagérément la
couverture des événements [au Chili], comme possiblement le meilleur succès de
la propagande communiste, et
il souligna le fait, que même les cercles modérés et conservateurs semblaient
très disposés à croire les mensonges les plus grossiers sur les excès de la
Junte chilienne, écrivait-il dans son rapport à l'Ambassade des Etats-Unis à Rome,
dans un câble classé « SECRET » avec le code « EXDIS » de
protection maximale.
Se rendant compte que la chute d'Allende fut un revers
majeur pour la cause communiste, Benelli déclara : (tel qu'il est exprimé dans
le câble diplomatique américain ROME - 10729)
« Les forces de la gauche ont largement minimisé les
dommages, pour convaincre le monde, que la chute d'Allende était due
exclusivement aux fascistes et à des forces externes, plutôt que la faute de sa
gestion propre de la politique, comme cela s'est réellement passé. »
Benelli exprima sa crainte du succès de cette campagne de propagande communiste
et de son influence sur les médias du monde libre dans le futur.
« Les médias internationaux parlant des histoires de la répression brutale au Chili sont sans fondement », déclara le numéro deux du pape.
« Les médias internationaux parlant des histoires de la répression brutale au Chili sont sans fondement », déclara le numéro deux du pape.
En racontant la répression du régime militaire de
Pinochet, le numéro deux de Paul VI expliqua sur un ton sentencieux :
« Comme il est malheureusement, après un coup d'Etat, il
faut admettre qu'il y a eu quelque effusion de sang dans les opérations de nettoyage
au Chili, mais la nonciature à Santiago, le cardinal Silva et l’épiscopat
chilien en général ont assuré le pape Paul VI, que la Junte faisait tout pour
ramener la situation à la normale et que les histoires des médias
internationaux parlant d'une répression brutale ne trouveraient plus de
fondements. »
De plus,
Benelli (qui a été candidat du Pontife après les morts de Paul VI et de Juan
Paul I) a allégué que l'on ne pouvait pas mettre en doute la « Validité et la sincérité de l'interprétation
du cardinal Silva » parce que, selon son opinion, le dit prélat, était
« l'un de progressistes les plus remarquables à l'intérieur de
l'Église ».
Après
Benelli a reconnu que « le Pape se retrouva sous une forte pression en
interne dans l'Église, spécialement depuis la France, pour parler contre les
excès de la Junte » de Pinochet. Et que « malgré les efforts du
Vatican, la propagande gauchiste a eu un succès remarquable incluant certains
des cardinaux les plus conservateurs et avec des prélats semblant incapables de
considérer la situation avec objectivité. Le résultat consiste en ce que les
gauchistes ont réussi à créer une situation dans laquelle le Pape serait
attaqué par les modérés s'ils défendaient la vérité au Chili ».
Plus encore, le Vatican était convaincu, et la nonciature
l’a confirmé, que pendant les derniers mois du gouvernement Allende,
l'ambassade de Cuba servait comme arsenal d'armes fabriquées en Europe de
l'Est, pour but de les « distribuer aux travailleurs chiliens », affirma
Benelli.
Le rapport secret de l'ambassade américaine au Vatican se
termine par une courte phrase sans doute visant à minimiser la question et
laisse pour la fin :
« Le Vatican a informé la semaine dernière un intermédiaire de gauche, que le pape ne pouvait pas recevoir Isabel Allende », et Benelli expliqua que ceci provoquerait de nouvelles critiques contre le Vatican.
« SECRET ». Ainsi se termina le câble.
« Le Vatican a informé la semaine dernière un intermédiaire de gauche, que le pape ne pouvait pas recevoir Isabel Allende », et Benelli expliqua que ceci provoquerait de nouvelles critiques contre le Vatican.
« SECRET ». Ainsi se termina le câble.
Source : PUBLICO.ES (en espagnol)