Des organisations protestent
contre le refus de l’Onu
d’indemniser les victimes
Par AlterPresse Haïti
Le
collectif de mobilisation pour le dédommagement des victimes du choléra
et le parti politique du camp du Peuple (en Créole : Pati Kan pèp la)
rejettent la décision immorale, disent-ils, prise par l’organisation
des Nations unies (Onu) de ne pas dédommager les victimes du choléra,
dans une note de protestation datée du 26 mars 2013.
Dans cette note transmise à AlterPresse, ces organisations appellent la population haïtienne à poursuivre la lutte pour forcer les Nations Unies, qu’elles considèrent comme une force d’occupation, à indemniser les victimes de cette épidémie apparue sur le territoire national en octobre 2010.
En novembre 2011, plus de 5 mille victimes du choléra en Haïti ont réclamé, pour leur indemnisation, plusieurs centaines de millions de dollars américains (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui) auprès des responsables des Nations Unies.
Le jeudi 21 février 2013, l’Onu a déclaré irrecevable cette demande, en évoquant la section 29 de sa convention sur les privilèges et immunités.
Ce refus a été appuyé par le gouvernement haïtien, qui se fait l’avocat de la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), accusent le collectif et Kan pèp la.
Cette position devrait inciter la population à se révolter contre l’administration Martelly /Lamothe, complice dans ce rejet, avancent-ils.
Le 19 octobre 2012, le ministre des affaires étrangères, Pierre-Richard Casimir, avait déclaré - devant la commission santé à la chambre des députés _ qu’il ne croit pas que les casques bleus népalais soient à l’origine de cette épidémie dans le pays.
Une position, qui rejoint celle de Martelly dont l’administration s’estime à l’abri de coup d’État avec la présence de la force onusienne dans le pays. Depuis son apparition au mois d’octobre 2010 jusqu’au 13 mars 2013, le choléra a déjà fait 8,048 décès au total et plus d’un demi-million de personnes infectées.
Plusieurs études, notamment celles effectuées par l’expert français Renaud Piarroux et la spécialiste américaine Danièle Lantagne, professeure de l’Université Harvard, ont confirmé l’origine onusienne de la maladie.
En août 2012, un groupe de chercheurs américains ont publié, sur le site du laboratoire de la société américaine pour la microbiologie, les résultats de leurs travaux de recherche, démontrant que l’épidémie de choléra s’est répandue à partir de la base d’un contingent népalais de la mission onusienne, dans le Plateau central (Nord-Est d’Haïti).
Par ailleurs, au cours du mois de mars 2013, l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits humains en Haïti, Michel Forst, a démissionné de sa fonction à cause de ce dossier, interprètent ces organisations. Demandant que la lumière soit faite sur l’épidémie, Forst avait invité le Conseil de Sécurité de l’Onu à répondre à toutes les demandes d’indemnisation des victimes, rappellent-elles.
Par le biais de leurs avocats, les victimes du choléra continuent d’exiger du gouvernement haïtien la livraison de certificats médicaux aux Haïtiennes et Haïtiens, touchés par la maladie, et des actes de décès pour les parents des morts, dans une position publique datée du 22 mars 2013.
Les avocats Newton Louis St Juste, Jaccéus Joseph, André Michel et Méhu M. Garçon, demandent également au président Michel Joseph Martelly de « procéder à la désignation du représentant d’Haïti pour la mise en place de la commission permanente des réclamations avant le 29 mars 2013 ».
Ils exigent aussi de l’exécutif une action de sommation auprès du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki Moon, pour désigner le représentant des Nations Unies au sein de cette commission.