mardi 9 avril 2013

Venezuela, Hugo Chavez artisan de la paix en Colombie

Méfiez-vous des légendes 
et réponse de paix 
du président 
Hugo Chavez


Par Hugo Chavez Frias (1954/2013) – Notes et Traduction de Lionel Mesnard

Ce texte a été rédigé le 1er août 2010, par Hugo Chavez, c’est en quelque sorte un témoignage posthume, d’un homme qui a eu un rôle prépondérant dans l’ouverture d’un dialogue de paix au sein de la société colombienne. Il a eu aussi une place importante dans la libération de certains otages « politiques » comme Ingrid Betancourt. Si une chose a marqué son temps à la tête du Venezuela, c’est sa volonté de refuser l’affrontement militaire, quitte à montrer sa force, mais ne jamais l’exercée. Il y aurait de quoi critiquer son « pacifisme »  multipolaire et son art des compromis, mais nous sommes loin de certaines caricatures ou larmoiements excessifs.

S’il pouvait manier l’insulte contre certains de ses adversaires locaux ou étrangers, en dehors de certains dérapages ou amplifications médiatiques de ses propos, il reste un militaire qui n’aura jamais fait la guerre, ni tiré un coup de feu sur une personne sans défense. A tous ceux qui ont pu rire ou se gausser de son lien à Simon Bolivar, il est regrettable de leur dire, qu’ils n’ont rien compris au personnage politique, maintenant historique et du même tonneau que son mentor spirituel.

Son histoire s’écrira lentement et les historiens nous aiderons à mieux comprendre les ambitions qu’il avait pour l’Amérique latine et au-delà. Quand on lit une certaine presse idolâtre nous expliquant qu’il a vécu dans la misère ou la pauvreté, c’est tout aussi idiot. « Hugo Chavez est venu au monde au sein d’une famille très pauvre » dixit Ignacio Ramonet. Ses parents toujours vivants sont aujourd’hui à l’abri et ont hautement profité de l’accession de leur fils à la tête du pays, le père d’Hugo Chavez est devenu trois fois gouverneur de l’état de Barinas jusqu’en 2008.

Ses deux parents étaient instituteurs, pas vraiment des traînes misères, même si l’on doit admettre que les enseignants au Venezuela sont très mal payés et que sept enfants correspond à une famille nombreuse. Mais de la à tirer des larmes sur son passé miséreux, c’est lamentable et n’avoir pas compris la sociologie de ce pays, c’est assez déroutant. Confondre la toute petite classe bourgeoise vénézuélienne avec le peuple majoritairement pauvre et illettré (jusque dans les années 1960) a de quoi faire sursauter, et de tenter de rétablir un peu de vérité, quand d’autres croient la détenir.

Hugo Chavez contrairement a beaucoup d’autres a suivit des études universitaires et a été diplômé en sciences politiques, puis s’est engagé, faute de devenir joueur de baseball (son rêve d’adolescent) dans l’armée comme officier. Qu’il n’ait pas vécu dans l’opulence, certes, mais le petit Hugo ne semble avoir manqué de rien contrairement à un pays ravagé par la misère et la faim pendant des décennies et notamment depuis l’exploitation du pétrole. Donc méfiez-vous des légendes que certains tentent de construire ; et il faudra du temps pour faire la part des choses entre ce qui a été et les fables que certains vous racontent au sujet de Chavez.

D’où l’idée de reprendre une traduction de l’année 2010 (année de l'élection de JM Santos en Colombie), et de parler de ce qui est important, c’est-à-dire la fin des hostilités en Colombie et un début de concorde nationale, autour de la paix, comme objectif à atteindre. Et comme il aurait pu le dire, les choses se font « petit à petit », le maximalisme c’est bon pour les éloges de funérailles, mais ça ne tient la route qu’au regard de l’histoire et le texte ci-après de Chavez est beaucoup plus signifiant de comment il fut possible par la suite possible d’initier une table de négociation en octobre 2012 entre les deux parties prenante du conflit colombien, les FARC et le gouvernement. Pour cela, il n’existe pas de doute, Hugo Chavez a toujours été un partisan de la paix. Rendons hommage à ses écrits !

Menaces de guerre entre la Colombie et le Venezuela, la réponse de paix du président Hugo Chavez

«Tout au long de cette semaine, nous avons lutté activement pour la paix. Pour arrêter la folie guerrière qui s'est emparée du palais présidentiel colombien de Nariño. Nous, nous sommes fixés un objectif suprême : empêcher le gouvernement servile d’Uribe, proche de la sortie, qu’il ne perpètre, un ultime crime et le plus néfaste : entraîné un conflit guerrier entre deux peuples se sachant et se sentant frères de Bolivar.

Nous revendiquons pour le peuple colombien les mêmes droits que nous revendiquons pour notre peuple et à tous les peuples de notre Amérique : le droit de vivre en paix. Tel que le chantait le grand troubadour chilien Victor Jara, avec tant de force et tant de beauté.

Lamentablement, l’horrible équilibre laissé par l’occupant indigne du Palais présidentiel n'est rien d'autre que cela, l'exacerbation de la violence qui définit, depuis plus de 60 ans la douloureuse évolution historique de la Colombie. Un devenir douloureux et tragique que synthétisent les paroles du grand chanteur colombien Renán Vega. "Si, il était fait une minute de silence pour chacun des morts, des torturés et disparus au cours des 60 dernières années en Colombie, nous aurions deux années consécutives à rester silencieux".

Ces réflexions nous guident, notamment, pour saisir la gravité de ce qui se passe entre le Venezuela et la Colombie, pour mettre noir sur blanc notre volonté politique déterminée et signer. Le dilemme est entre les mots ou la mitraille, c’est-à-dire, ou bien, parvenir à la table du dialogue des peuples du Sud pour l’exercice de la paix dans la région, ou bien, maintenir une atmosphère d’une haute dangerosité belliqueuse.

Il ne s’agit pas, ni même, de la vieille controverse du XIXe siècle, qui opposa civilisation et barbarie. Il s’agit, dans cette conjoncture, d’un autre type de polarité : la sagesse et la prudence pour politique, contre l'irrationalité et la violence militariste. Nous savons, à ce stade, de quel côté a été le gouvernement de la Colombie au cours des huit dernières années.

Il ne suffit pas seulement de constater les taux élevés de violence subis par le noble peuple de la Colombie, mais aussi le résultat d'une crise interne dont seul le gouvernement d'Uribe est responsable. Egalement, nous avons été confirmé, à travers les médias, du caractère de la meute, de la gestualité et des inflexions verbales, pour ne rien dire du contenu des mensonges des représentants uribistes sur la scène diplomatique internationale. Les deux aspects sont sans doute  la conséquence d’une cause identique : son pari, la permanente agression comme stratégie d’Etat pour résoudre les problèmes touchant la société colombienne.

Le peuple colombien doit comprendre, qu’au Venezuela bolivarien, nous n'avons pas de syndicalistes tués ou des déplacés, ou des forces insurgées à travers le pays, nous n'avons pas des groupes paramilitaires, ou des étendues de terre au service de la production de drogues ou de bases militaires étasuniennes, ou des charniers remplis de cadavres. Personne ne peut (NDR - ne devrait) ignorer cela, ils sont les éléments définissant la réalité colombienne.

 Le chemin pris par le Venezuela est autre, bien distinct, même au milieu des difficultés, et ce qui nous reste à conquérir. Ici, nous nous dirigeons vers un monde plus juste, plus égalitaire et incluant la paix et attachés à l'esprit et à la lettre de notre Constitution.

Nous sommes préoccupés par la mascarade d’Uribe, dansant les dernières mesures de musique et sonnant depuis le Nord, mais, au-delà de la préoccupation, ce que ne peuvent pas permettre de ce côté du monde les pays souverains, et dignes de le partager en tout respect, est cette nouvelle escalade qui vise à étendre le Plan Colombie hors du territoire colombien. Nous n’oublions pas, que le Plan Colombie fut ainsi conçu par l'Empire, expliquant la servilité du Palais de Nariño.

Patients nos efforts ont été, intenses et laborieux, pour relever, dans tout dans ce scénario, les drapeaux de la paix. Tel a été l'objet, cette semaine la tournée sud-américaine de notre respecté Nicolas Maduro, ministre des Affaires étrangères ; - et notre comparution, jeudi à Quito au sommet des ministres des Affaires étrangères de l'UNASUR, réunis, il faut s'en souvenir, à la demande du Venezuela. Lors de ce sommet, comme nous l'avons toujours fait, nous avons promu le dialogue, la compréhension et la coexistence pacifique.

Nous ne relâcherons pas nos efforts pour obtenir des relations décentes et respectueuses. Même si de l'autre côté de la frontière, ils continuent en tendant des pièges. Nous accompagnons notre grand et merveilleux peuple, qui ces jours-ci a été mobilisés en soutien à la Révolution.

Comme l’a dit en toute simplicité, l’apôtre de l’indépendance cubaine José Martí : «L'avenir est la paix». Irrémédiablement, de tant d'amour que nous avons pour elle, le sort de la Colombie nous blesse tous et toutes, quand nous devrions additionner le meilleur de nos vœux pour que vienne enfin une paix durable et fiable. Nous espérons, que comprenne le nouveau gouvernement de la Colombie, que nous ne sommes pas animés d’autre intérêt ou souhait.

Aujourd'hui, je veux réitérer, ce que j'ai fait depuis quelque temps, l'appel, aux forces insurgées en Colombie pour trouver les voies de la paix. Je sais que les voies sont complexes et difficiles, mais elles valent la peine : il s'agit d'une quête pour la vie et la dignité de la Colombie et des Colombiens.

Je me souviens, une fois de plus, le verbe du Libérateur (Simon Bolivar), comme une source d'inspiration: «La paix, sera mon port, ma gloire, ma récompense, mon espérance, qui m’est et au combien, précieuse en ce monde».(…)
Je le dis avec le poète: J'avoue que j'ai vécu !
J’entonne avec la chanteuse (Violeta Parra) : 
Merci à la vie, qui m'a tant donné, 
qui m'a donné le sourire et m'a donné de pleurer.

(…) Nous gagnerons ! ».

Texte et extraits des Lineas d’Hugo Chavez, ancien Président et fondateur de la République Bolivarienne du Venezuela - Source apporea.org

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