A l’heure où la grève de la faim s’amplifie
à Guantánamo, il convient de mettre un terme à la détention illimitée
Par Amnesty International France
Les
autorités américaines doivent de toute urgence en finir avec la détention
illimitée à Guantánamo Bay après qu’il ait été confirmé que plus de la moitié
des détenus observent actuellement une grève de la faim. Le 21 avril 2013, les
autorités militaires ont en effet concédé que 84 des 166 personnes détenues à
la base navale américaine de Guantánamo Bay, à Cuba, faisaient une grève de la
faim. Des détenus ont entamé cette action de protestation début février en réaction à
ce qu’ils estiment être des fouilles abusives dans leurs cellules et une
détérioration de leurs conditions de vie.
Les autorités militaires ont rejeté
ces allégations, mais admis que le désespoir gagnait les détenus parce que
ceux-ci ont l’impression que le gouvernement américain a abandonné ses efforts
en faveur de la fermeture du centre de détention.
La situation actuelle à Guantánamo rappelle une nouvelle
fois le manquement honteux des États-Unis à leur obligation consistant à régler
les cas de ces détenus.Il ne serait pas surprenant que ces détenus pensent que
le gouvernement américain les a abandonnés à leur sort. Il n’est pas non plus
surprenant que le fait que le centre de Guantánamo ne soit toujours pas fermé
cause d’énormes souffrances à ces personnes et à leur famille. Rob Freer, spécialiste des
États-Unis à Amnesty International
Selon les informations recueillies, les autorités militaires
ont déclaré que 16 détenus grévistes de la faim sont « nourris par tube » et
que cinq ont été hospitalisés. Si Amnesty International n’est pas en mesure de
connaître le détail de ces cas, le fait de nourrir de force des détenus
observant une grève de la faim en signe de protestation soulève des questions
relatives à l’éthique médicale, à la notion de consentement éclairé, à
l’autonomie des détenus, au principe de confidentialité et au traitement
réservé aux détenus.
L’avocat du Yéménite Samir Naji al Hasan Moqbel, qui a
entamé une grève de la faim en février, a déclaré à un journaliste du New York
Times que son client lui avait dit : « Je n’oublierai jamais la première fois
qu’ils m’ont enfoncé la sonde d’alimentation dans le nez. Il est impossible de
décrire à quel point c’est douloureux d’être gavé de cette manière ».
Tout processus d’alimentation artificiel et obligatoire
est assimilable à un traitement cruel, inhumain ou dégradant portant atteinte
au droit international, s’il est intentionnellement et sciemment effectué d’une
manière occasionnant des douleurs ou souffrances inutiles. James Welsh, spécialiste des questions
relatives à la santé et la détention au sein d’Amnesty International.
La situation actuelle renforce le besoin pour les détenus de
bénéficier de manière continue et régulière d’examens et de soins médicaux
indépendants, et la nécessité pour l’ensemble du personnel de santé de
respecter l’éthique médicale.
Le 22 mars, AmnestyInternational a écrit à Charles Hagel, le secrétaire américain à la
Défense, pour lui faire part de ses préoccupations quant à la santé et au
bien-être des détenus, et pour demander au gouvernement américain de travailler
de toute urgence avec le Congrès afin de redonner une priorité élevée à la
fermeture de cet établissement et au règlement des cas de détenus.
L’organisation n’a pas encore reçu de réponse.
L’organisation n’a pas encore reçu de réponse.
Il est grand temps que les trois pouvoirs de l’État
respectent les droits humains et se saisissent en urgence de la situation à
Guantánamo. Il faut en finir avec les placements en détention pour une
durée indéterminée. Les détenus que le gouvernement n’a aucune intention
d’inculper d'infractions prévues par la loi doivent être libérés sans plus de
délais.
Complément d’information : Guantanamo en chiffres
779 personnes ont été incarcérées à Guantánamo depuis 2002.
166 hommes sont toujours retenus dans ce centre de détention américain.
84 observent actuellement une grève de la faim.
Sept détenus ont été déclarés coupables par des commissions militaires, cinq d’entre eux sur la base d’accords passés avant le procès, aux termes desquels ils ont plaidé coupable.
Quatre ont été renvoyés dans leur pays.
Six détenus sont sous le coup de condamnations à mort prononcées à l’issue de procès iniques qui se sont déroulés devant des commissions militaires.
Neuf détenus sont morts à Guantánamo sous la responsabilité des États-Unis.
Quelque 600 détenus ont été transférés de Guantánamo vers d’autres pays depuis 2002.
Le gouvernement du président américain Barack Obama a déclaré en 2010 que 48 hommes continueront à être détenus pour une durée indéterminée au lieu d’être libérés ou jugés.
779 personnes ont été incarcérées à Guantánamo depuis 2002.
166 hommes sont toujours retenus dans ce centre de détention américain.
84 observent actuellement une grève de la faim.
Sept détenus ont été déclarés coupables par des commissions militaires, cinq d’entre eux sur la base d’accords passés avant le procès, aux termes desquels ils ont plaidé coupable.
Quatre ont été renvoyés dans leur pays.
Six détenus sont sous le coup de condamnations à mort prononcées à l’issue de procès iniques qui se sont déroulés devant des commissions militaires.
Neuf détenus sont morts à Guantánamo sous la responsabilité des États-Unis.
Quelque 600 détenus ont été transférés de Guantánamo vers d’autres pays depuis 2002.
Le gouvernement du président américain Barack Obama a déclaré en 2010 que 48 hommes continueront à être détenus pour une durée indéterminée au lieu d’être libérés ou jugés.
Source : Amnesty International France