Grand succès pour la marche
pour la paix
et la justice sociale
à Bogota !
et la justice sociale
à Bogota !
Par Libres Amériques,
Le président Juan Manuel Santos, le maire de Bogota Gustavo
Petro, Piedad Cordoba pour l’organisation « Marcha Patritica »,
l’écrivain William Ospina, le Mouvement des Victimes du Conflit (MOVICE) et beaucoup d’autres
organisations et des centaines de
milliers d’anonymes ont convergé vers la place Bolivar le 9 avril 2013. Des
allocutions ont donné lieu à divers hommages, dont celui adressé aux victimes
de l’armée et aux victimes civiles, paysannes et amérindiennes, et bien sûr à
Jorge Gaitan assassiné ce même jour de 1948. Cette marche civile et nationale a
rassemblé à Bogota 1 million de personnes et des dizaines de milliers d’autres
dans tout le pays.
En dehors de la presse colombienne ne cherchez pas ce qui
hier a pu se passer à Bogota, vous ne trouverez pas grand-chose, en l’état
faisant mention de la marche du million de manifestants à Bogota, hier mardi 9
avril 2013. Cette manifestation appelait divers secteurs de la société civile
et politique colombienne et en particulier les parents et amis des victimes du
conflit à défiler pour la paix et la justice sociale en Colombie.
Cet évènement
sera probablement dans la mémoire des Colombiens une première, une petite lueur
d’espoir et une occasion historique de peser sur le cours des négociations de
paix qui se tiennent à La Havane.
L’hommage rendu à Jorge Gaitan par diverses personnalités et groupes organisateurs
restera un moment fort de cette journée de mobilisation, qui sait la
possibilité d’apercevoir un peu de lumière et la fin d’un tunnel ?
La date du 9 avril 2013 n’est pas un choix fortuit, elle
symbolise bien ce pays qui depuis cette journée noire où se produisit
l’assassinat du libéral Jorge Gaitan et à Bogota des émeutes connues sous le
nom de BOGOTAZO, et qui fut l’entrée de cette nation dans un trou noir
historique, qui n’a qu’un seul nom : la guerre.
Une guerre sans réelle
discontinuité depuis que Jorge Gaitan et bien d’autres ont été lâchement
assassinés parce que leurs opinions ne plaisaient pas aux oligarques
colombiens. Il ne fallait surtout pas toucher aux structures inégalitaires, et
la possible élection en 1948 d’un président très marqué à gauche était une
menace pour les intérêts des classes dominantes.
Si les temps ont changé, le
conflit s’est enkysté décennie après décennie et va surgir à partir des années
1970 le narcotrafic et l’existence de cartels puissants qui influeront sur la
vie politique et surtout permettront d’alimenter les fronts de guerre et entre
autres les paramilitaires toujours en exercice, les grands tenanciers du trafic
international de la drogue et de la terreur qui règne notamment dans les
campagnes.
Les absents remarqués a cette manifestation qui a réunit
pour une fois la société colombienne ont été et sans surprise l’ancien
président Alvaro Uribe, qui par ailleurs sera amené à répondre devant la Cours
Pénal Internationale sur sa participation à l’assassinat de plus de 3.000
jeunes civils, des exécutions extrajudiciaires opérées par les Forces Armées de
Colombie sous sa mandature.
En Colombie le terme le plus fréquemment utilisé
est « Falsos postivos » ((faux-positifs), ou comment il fallait que
l’armée fasse du chiffre et ramener le plus possible de morts provenant des
guérillas. Le président Uribe dans sa grande mansuétude offrait une prime à
ceux, donc des militaires qui enlevaient de jeunes gens dans les centres villes
et les abattaient pour recevoir les dites primes en faisant passé d’innocentes
victimes pour des guérilleros des FARC. Et ce n’est qu’une des casseroles de
ces deus mandats (2002-2010) et il n’y a rien d’étonnant à le voir hurler au
loup concernant une paix prenant forme.
L’on retrouve même dans le camp de l’opposition à la paix le
cousin du président, Francisco Santos, par ailleurs président du parti de la U (comme
anciennement Uribe) et qui a connu dans ses rangs un nombre important de ces
élus avoir à rendre des compte à la justice colombienne concernant leurs liens
avec le paramilitarisme et le narcotrafic.
La journée du 9 avril 2013 et son
million de manifestants ont ouvert une porte, que jusqu’à présent ne semblait
pas gagné, celle d’une négociation qui doit gagner sa légitimité et la tranquillité
qui se doit dans ce genre d’exercice complexe.
Il n’y aura pas eu pléthore
d’article francophone à ce sujet, sauf
à noter un appui du Vatican à cette marche de la paix, Et surtout, sous
les auspices et la mémoire de celui qui voulait faire de la redistribution des
richesses et du pouvoir un enjeu pouvant changer la vie des colombiens….
Brève biographie de Jorge Eliecer Gaïtan
Il est né dans le village de Manta, dans la région du
Cundinamarca au cœur de la Cordillère des Andes, d’une famille de classe
moyenne, Jorge Gaïtan a fait des études de droit et de sciences politiques à
l’Université nationale de Colombie. En 1924, il rend sa thèse sur « les idées
socialistes en Colombie », rien que ça. Afin de peaufiner son instruction, il
finit ses études à Rome, par un doctorat en droit.
Dès 1919, il s’engage politiquement contre l’oligarchie du
président Suarez qui se partage les richesses du pays et devient rapidement un
des leaders de la gauche. Lorsqu’en 1928, les travailleurs en grève de l’United
Fruit Company sont tués par l’armée de Suarez, il prend position contre cet
acte de barbarie du régime et devient une figure populaire dans toute la
Colombie. Elu maire de la capitale Bogota en 1936, il améliore les services publics et lance d’importantes
réformes sociales. Nommé ministre de l’éducation en 1940, il lance une grande
campagne d’alphabétisation et donne
plus de moyens à la culture.
Jorge Gaïtan est « le candidat du peuple » du parti libéral
pour les élections présidentielles de 1945. Il n’est pas soutenu par son parti,
qui présente un second candidat contre lui avec le soutien de l’oligarchie, il
perd alors face au conservateur Mariano Pérez. Condamné à rester dans
l’opposition mais aidé par le succès de ses soutiens aux élections
législatives, il devient président du parti libéral en 1947. Alors qu’il est
toujours plus populaire et l’unique candidat du parti libéral, il est abattu en
plein jour dans une rue de Bogota le 9 avril 1948. Les résultats d’une enquête
de Scotland Yard ne seront jamais publiés, mais une implication de la CIA est
très largement évoquée.
Son assassinat est la fin d’un rêve colombien, il provoque
une insurrection populaire qui durera jusqu’au milieu des années 1950 ; il
marque le début de la « violencia », ou « bogozato », la guerre civile, avec
une chasse aux libéraux et aux communistes. De fait, la Colombie n’a pas connu
depuis de période de paix stable.
(Source le poisson rouge)
L'assassinat du candidat libéral à l'élection
présidentielle, Jorge Gaitan, est à l'origine de la Bogotazo, une terrible
émeute qui secoue la ville de Bogota, en Colombie. Avec ses 3000 à 5000 morts,
ses milliers de blessés et ses centaines d'édifices détruits, il s'agit sans
conteste de la pire émeute à survenir dans le monde occidental.
Jorge Gaitan, le candidat libéral à la présidentielle, est
tué pour des motifs inconnus par Juan Roa Sierra, le 9 avril 1948, à Bogota. La
foule tue immédiatement Sierra. Puis, les émeutiers envahissent et saccagent le
Capitolio, lieu de la conférence de l'Organisation des États américains (OEA),
avant de tenter d'y mettre le feu. Des bandes pillent aussi des armuriers puis
se dirigent vers l'édifice où la délégation américaine a ses bureaux. En
l'absence de police et de soldats, le pillage se propage.
Des partisans de Gaitan, qui s'emparent d'une station de
radio, demandent aux Colombiens de se joindre à la révolution et appellent le
président Mariano O. Perez à démissionner. La rumeur non confirmée d'actions
d'éclat, qui auraient été posées par des communistes, ajoute à cette situation
chaotique qui incite le président Perez à rencontrer son cabinet et des
dirigeants libéraux. Ils ne peuvent arriver à un accord sur les mesures à
adopter pour rétablir la situation qui se dégrade.
Le journal El Siglio et le quartier général de la police
sont pris d'assaut par des émeutiers, apparemment dirigés par Fidel Castro qui
est à Bogota pour protester contre la tenue de la conférence de l'OEA. Le
centre-ville est dévasté : 136 édifices sont détruits, dont le palais historique
de San Carlos, le palais de justice et le Couvent dominicain. La violence
s'étend aussi aux villes de Medellin, Ibague et Barranquilla. En tout, l'émeute
fait entre 3000 et 5000 morts et plusieurs milliers de blessés.
L'armée rétablira finalement l'ordre sans résistance. Le
rôle de Castro dans cette émeute ne sera jamais établi clairement, mais pour
les Américains, il est clair que les communistes y sont liés. Le Bogotazo
marque le début de 10 années de violence qui feront plus de 200 000 morts en Colombie.
(Source Université de Sherbrooke)