sur l’immigration haïtienne
en
Amérique du Sud
Par Wooldy Edson Louidor
L’étau s’est de plus en plus resserré, au cours des trois
dernières années, sur l’immigration haïtienne en Amérique du Sud,
principalement au Pérou, au Chili, en Bolivie et au Brésil. Tout semble
indiquer que l’Équateur, pays hospitalier par excellence et qui accueille
jusqu’à date le plus grand nombre de réfugiés (principalement colombiens) en
Amérique du Sud, pense aussi sérieusement à un éventuel durcissement migratoire
pour tenter de réduire le flux de plus en plus massif d’Haïtiens et Haïtiennes
vers son territoire et vers la région.
Selon la presse équatorienne, le gouvernement du président
Rafael Correa a rendu publique le 15 mars dernier, du moins sur le site web de
la chancellerie du pays, une note de presse annonçant de nouvelles exigences
pour l’entrée des citoyens haïtiens sur son territoire. Exigences qui
entreraient en vigueur à partir du premier avril dernier.
Cependant, la presse équatorienne a indiqué que le
gouvernement s’est finalement ravisé avant même l’entrée en vigueur de ces
nouvelles dispositions. En fait, il a même retiré de son site web le communiqué
susmentionné. Des organisations non gouvernementales en Équateur attendent avec
impatience une mise au point du gouvernement du président Rafael Correa.
Quelles sont les raisons de ce désistement ?
L’absence d’un accord avec l’administration politique
haïtienne pour la mise en œuvre de ces nouvelles dispositions serait à
l’origine de ce revirement du gouvernement équatorien, selon une source
officielle, citée par la presse locale. Les autorités équatoriennes prévoyaient
de faire obligation à tout citoyen haïtien désireux d’entrer sur son territoire
de présenter à l’Aéroport de Quito une lettre d’invitation dûment notariée.
Cette lettre devrait être rédigée par un citoyen équatorien
ou étranger résidant au pays qui s’engage à couvrir les frais de logement,
d’alimentation et autres éventuelles dépenses encourues par son invité. Le
citoyen qui fait l’invitation serait aussi enjoint, selon le même communiqué
finalement retiré, de prouver sa capacité économique ou de démontrer qu’il gagne
un salaire mensuel minimum de 1000 dollars américains.
Le gouvernement équatorien a réalisé que sans un accord avec
son homologue, il serait pratiquement impossible de coordonner le refoulement
de tant de citoyens haïtiens qui seraient dans l’incapacité de satisfaire ces
nouvelles exigences. Le sens pratique et non pas humanitaire ou solidaire du
gouvernement équatorien lui commanderait de se rétracter.
L’accroissement du flux migratoire haïtien, facilité par
des réseaux de trafiquants
L’Équateur est très préoccupé par l’augmentation de plus en
plus croissante vers son territoire du flux migratoire haïtien, dont un grand
nombre sont victimes du trafic illégal organisé par des réseaux délinquants
transnationaux dotés de tentacules en Haïti et en Amérique du Sud.
Une organisation haïtienne aurait promis à des dizaines de
jeunes des bourses d’étude et des emplois dans ce pays sud-américain en échange
de 1,500 dollars américains, selon les témoignages de 13 de ces jeunes qui ont
été abandonnés à Quito. Les trafiquants profitent du laxisme apparent de l’État
haïtien pour promouvoir en toute impunité des voyages illégaux vers l’Équateur
et le reste de l’Amérique du Sud.
Un total de 1,687 Haïtiens est entré en Équateur en 2010,
2,545 en 2011 et 3,375 en 2012, selon les statistiques de la Police nationale
de la migration équatorienne.
Source : Alterpresse (Haïti)