Les thèmes cruciaux de
l’actualité nationale hondurienne exposent les journalistes à un danger
croissant
Par RSF Amériques
Les conflits
agraires, les problèmes environnementaux liés à l’extraction minière,
l’“épuration” de la police ou encore la situation générale des droits humains
constituent les thèmes essentiels de l’actualité hondurienne. Ils représentent
aussi autant de vecteurs de danger pour les journalistes qui ont le courage de
les traiter. Reporters sans frontières s’inquiète d’une nouvelle aggravation de
cette chape répressive, à sept mois des élections générales du 10 novembre
2013.
L’organisation en
appelle la communauté internationale, la Commission interaméricaine des droits
de l’homme (CIDH), ainsi que les organismes d’intégration régionale comme la
Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC) à placer l’enjeu de
la liberté d’information au cœur de leurs relations avec le Honduras, pays
toujours marqué par les séquelles du coup d’État du 28 juin 2009.
Les autorités
honduriennes doivent être rappelées en permanence à leur devoir de protection
envers les journalistes et défenseurs des droits humains fortement menacés.
Cette exigence concerne tout particulièrement des personnes travaillant de
manière indépendante, ou localisées dans des régions traversées par
d’importants conflits sociaux, comme celle du Bas Aguán ou la péninsule de
Zacate Grande.
Un véhicule gris qui
me suivait a retenu mon attention. J’ai vu que le conducteur se dissimulait, ça
m’a paru curieux et m’a mise en alerte. Ca a duré quelques secondes. J’ai
aperçu un objet métallique, puis j’ai entendu le bruit. J’ai traversé le
boulevard et gagné mon lieu de travail.” C’est en ces termes que Fidelina
Sandoval (en photo), journaliste du
groupe audiovisuel national Globo,
a décrit la tentative d’assassinat dont elle est heureusement sortie indemne,
le 8 avril 2013 à Tegucigalpa.
Soutenue par le
Comité des familles de détenus et disparus au Honduras (Cofadeh), la jeune
femme a notamment couvert des cas d’épuration au sein de la police. Elle a
également traité des conflits agraires dans la région militarisée du Bas Aguán. Son cas
rappelle celui de sa collègue Karla Zelaya, séquestrée et torturée au mois de novembre dernier
et directement menacée pour sa couverture des mobilisations paysannes.
“Karla Zelaya n’a
jamais reçu la protection dont elle aurait dû bénéficier, malgré nos appels
répétés. De même, nous avions alerté du danger encouru par la journaliste et
défenseure des droits humains Itsmania Pineda Platero,
officiellement ‘protégée’ par des policiers qu’elle avait mis en cause dans des
affaires de corruption et d’abus de pouvoir.
Qu’en sera-t-il
désormais de Fidelina Sandoval ?
Le secrétariat d’État à la Justice et le Haut-Commissaire aux droits de l’homme doivent d’urgence mettre en œuvre un dispositif de protection adapté pour ces journalistes, dont la sécurité n’est en rien garantie”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le secrétariat d’État à la Justice et le Haut-Commissaire aux droits de l’homme doivent d’urgence mettre en œuvre un dispositif de protection adapté pour ces journalistes, dont la sécurité n’est en rien garantie”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le vaste plan
d’“épuration” de la police, engagé par le gouvernement depuis novembre 2011
dans le cadre de l’opération Éclair (Relámpago), n’a malheureusement rien
résolu des graves violations des droits humains commis par les forces de
l’ordre ni rendu justice à leurs victimes. Ce plan ne saurait aboutir s’il
n’est assorti d’un désarmement des milices privées, très actives dans les
régions de conflits agraires et miniers, coupables des mêmes atteintes.
Président de
l’Association pour la développement de la péninsule de Zacate Grande (ADEPZA)
et fondateur de la radio communautaire La Voz de Zacate Grande, Pedro Canales reste la cible constante des hommes de main du
magnat de l’agro-industrie Miguel Facussé Barjum. Ce dernier sera-t-il convoqué
devant la justice pour répondre des agissements de ses employés, aux méthodes
paramilitaires ?
La vigilance
particulière qu’appelle la situation des radios communautaires locales,
vulnéarables aux attaques et aux pressions, dans le Bas Aguán ou à Zacate
Grande s’applique désormais aux départements de Valle et Choluteca, où les communautés se mobilisent contre l’extraction minière.
Source : article et photos de Reporters sans frontières (Amériques)