contre les membres de la
Commission Justice et Paix
Par Projet Accompagnement Solidarité en Colombie
Ce n'est pas la première fois que les membres de la Commission Justice et Paix font l'objet de menaces, cette fois-ci un des ces membres a été l'objet d'une attaque par arme à feu. Le 13 février 2013, le véhicule dans lequel se déplaçait le défenseur de droits humains de la Commission Justice et
Paix, le père Alberto Franco, a été atteint par 3 balles de fusil au niveau de la plage arrière. (Prenez 1 minute de votre temps pour écrire aux autorités colombiennes).
Attaque contre la voiture d'un défenseur de droits humains de la Commission de Justice et Paix
Depuis
que le père Alberto Franco a pris parole dans les médias, dénonçant le rôle des
fonctionnaires du gouvernement de l'ex-président Alvaro Uribe dans le
contexte de la restitution des terres collectives au Curvarado, Alberto
Franco a subi des intimidations et a été suivi. Quant
aux impacts de balles sur l'automobile, l'hypothèse serait qu'il s'agit
d'un avertissement, mais que l'attaque a aussi servi à tester le type de
blindage qu'utilise le défenseur de Droits Humains.
Vendredi 8 février, pour faire suite à une campagne de discrédit, des
communications diffamatoires contre la Commission de Justicia y Paz ont été envoyées à la Commission ainsi qu'à la Cour Interaméricaine de
Droits Humains. Ces
communications font référence à de supposés liens entre la Comission de
Justicia y Paz et les FARC. De plus, des accusations sans fondements
sont faites contre les défenseurs de Droits Humains de la Comission,
Abilio Peña, Danilo Rueda ainsi que contre Javier Giraldo.
Cette
lettre a été transmise à la Cour Interaméricaine quelques heures avant
l'audience concernant le cas de Marino López et l'Opération Génesis, pour
laquelle la Commission de Justicia y Paz porte pour responsable la Brigade 17
pour les opérations paramilitaires. Dans
ce cas, la Juridiction Nationale a trouvé coupable en première instance
le Général Rito Alejo del Rio, commandant entre 1996 et 1997 de la
Brigade 17.
Prenez une minute de votre temps
et envoyé un courrier (en bas de page)
aux autorités colombiennes, cliquez ici !
Rappel des faits :
Le 29 janvier 2013, la Commission de Justice et Paix a pris connaissance d’une lettre
signée par la Corporation du Moyen et Bas Atrato, une prétendue
association de déplacés, adressée a certaines instances des Nations Unies
et du Système Interaméricain, dans laquelle il est affirmé que la
Commission de Justicia y Paz opèrerait sous les directives des FARC. De
plus, les signataires dénoncent le fait que des fonctionnaires du
gouvernement agiraient par obéissance aux ordres de Justice et Paix,
participant eux aussi de la stratégie des FARC.
La lettre fait allusion au rôle joué par la Commission face a
l’implantation d’une base militaire au Curvarado, insinuant qu’il s’agit
d’une action en faveur des FARC. Cette même affirmation a été prononcée
par un haut dirigeant de la Brigade 17 de l’Armée, il y a quelques
semaines. Effectivement la Commission de Justicia y Paz a dénoncé la
construction de cette base militaire sur le territoire des
communautés sans leur consentement, sur des parcelles qui de plus, sont
occupées illégalement par un entrepreneur.
Par ailleurs, il y est affirmé
de manière mensongère que la Commission enverrait des communications à
l’Unité de Protection du gouvernement afin que celle-ci retire les
mesures de protection a certains afrocolombiens, afin que ceux-ci soient
assassinés par les FARC. Selon les signataires de cette lettre,
l’objectif de Justice et Paix serait d’obtenir que la propriété collective
soit sous les orientations des FARC. De plus, une autre lettre reçue hier, affirme que les membres des
Conseils communautaires du Curvarado et du Jiguamiando travaillent de
concert avec les FARC.
Cette nouvelle vague d’accusation mensongère semble répondre au
fait, que récemment, la Cour Constitutionnelle a émis plusieurs sentences
en faveur de la restitution des terres aux communautés du Curvarado, mettant en danger les intérêts des entrepreneurs de palme africaine, de
banane, de yuca, de coca et d’élevage extensif occupant
illégalement les territoires collectifs.
Il est d’ailleurs intéressant
de noter, que le contenu de ces lettres coïncide avec les affirmations
réalisées par un des accusés, il y a quelques semaines, dans le cadre du
procès ayant lieu contre les entrepreneurs pour déplacement forcé et vol
de terres. Lorsqu’on lui a demandé sur quoi il basait ses accusations,
celui-ci a répondu que c’est Luis Mario Gaviria, responsable d’Action
Sociale sous le gouvernement d’Uribe, qui lui a dit, et que des
fonctionnaires du gouvernement de Santos en Uraba lui ont réaffirmé, il y
a quelques mois.
Plusieurs des signataires des lettres participent de la stratégie de
diffamation et de montages judiciaires connus depuis 2008, ils ont été nommés par
Rito Alejo del Rio (ex-commandant de la Brigade 17 de l’Armée condamné
pour l’opération Genesis) et Fernando Londoño Hoyos (ministre de la
Justice sous Uribe). Ce qui est en jeu, les entrepreneurs bénéficiaires de la stratégie
paramilitaire cherchent à s’assurer que la restitution des terres
soit favorable a leurs intérêts.
Justice et Paix craint que ces accusations contre des fonctionnaires du
gouvernement génère chez eux la peur et freine leur action pour faire
respecter les droits des communautés. Le gouvernement se Santos
cédera-t-il devant cette pression de l’entourage d’Uribe ?
Le gouvernement va-t-il adopter des mesures efficaces afin de faire
appliquer les sentences de la Cour Constitutionnelle qui ordonnent la
restitution des terres ? Agira t-il afin de faire déloger les occupants
illégaux des territoires collectifs ?
La justice va-t-elle enquêter les membres de notre Commission afin de démontrer la fausseté de ces accusations ? Les réponses a ces questions définiront l’issue de la restitution des terres collectives au Curvarado et Jiguamiando.
Sources : Pasc