Un long chemin
vers la paix ?
Par Julián Ortega Martínez · Traduction de Melinda Legendre
Dans les premières heures de la nouvelle année, l'armée colombienne a lancé un raid aérien sur un camp des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) situé près de Chigorodó dans le nord-ouest de la Colombie. Le raid aérien a été déclenché après qu'Elda Ramírez (alias ‘Mayerly’), considérée comme une haute responsable de la hiérarchie des FARC, a téléphoné à un homme qu'elle croyait être un trafiquant de drogue intéressé par l'achat de cocaïne. Le trafiquant se révéla être un policier infiltré, et l'attaque aérienne consécutive emporta la vie de quatorze guérilleros appartenant au cinquième front des FARC.
Le raid aérien intervient aussi dans le contexte des négociations entre les FARC et le gouvernement colombien qui se poursuivent depuis septembre 2012. Pour soutenir les pourparlers de paix, les FARC ont annoncé un cessez-le-feu le 20 novembre. Néanmoins, les Forces Armées Colombiennes ont continué leurs opérations militaires contre l’organisation. Le 20 janvier, les FARC ont annoncé qu'elles avaient suspendu le cessez-le-feu et proposé à la place une trêve bilatérale.
L'attaque du gouvernement colombien et la rupture du cessez-le-feu ont provoqué diverses réactions de la part de blogueurs colombiens. Par exemple, un blogueur de Colombia Opina s'est réjoui des bombardements et explique pourquoi le cinquième front des FARC était si dangereux :
Les 5ème front des FARC était une sorte de centre de formation pour terroristes. De Efraín Guzmán à Iván Márquez, et à la “Karina” désormais démobilisée et au rebelle toujours armé [Jhover Man Sánchez Arroyave] alias “Manteco”, ils ont tous appartenu à [ce front], une structure de guérilla ancienne et belliqueuse qui dans les premières heures du 31 décembre ont subi un autre revers par les Forces Aériennes Colombiennes lors de l”'Opération Fortune”, un bombardement qui a causé la mort de 14 rebelles et ramène l'espoir pour la sécurité des habitants dans la zone stratégique appelée l'Axe des Bananes, qui va jusqu'aux montagnes de la borde un corridor de ls Serranía de Abibe et suit le cours du Rio Sucio jusqu'au Río Atrato moyen.
En revanche, Camilo Raigozo critique [en espagnol] la “joie” exprimée par le Président Santos de la mort des guérilleros :
Le régime dirigé par le Président Santos a refusé de stopper l'orgie sanglante et meurtrière qui afflige le peuple colombien, en n'acceptant pas un cessez-le-feu bilatéral, même pas pour Noël et le Nouvel An. La soif insatiable de sang de ceux qui sont au pouvoir l'empêche.
Horacio Duque, sur Tercera Información, se demande [en espagnol] si le cessez-le-feu unilatéral des FARC a fonctionné :
Il semble que, selon les données communiquées par les experts qui suivent étroitement ces opérations de combat, que pendant les 30 premiers jours le succès [du cessez-le-feu] a été retentissant. On est passé de 190 combats et affrontements mensuels à 26, dont 23 ayant une origine au sein de groupes sans lien avec les pourparlers à Cuba (…) Même les compagnies pétrolières et minières ont fait état d'un environnement moins hostile.
Fernando Dorado écrit [en espagnol] à propos de la pertinence d'une extension du cessez-le-feu :
Si la période de cessez-le-feu était maintenue ou prolongée, au-delà de la période des fêtes, les guérillas des FARC mettraient toute la pression sur le gouvernement afin de faire accepter un cessez-le-feu bilatéral, ce qui rendrait le processus de paix plus convaincant.
Il semble que la réticence du gouvernement colombien à respecter le cessez-le-feu des FARC soit destinée à affaiblir le mouvement à la fois militairement et stratégiquement. En faisant cela, Bogotá anticipe sur le fait que les FARC auront moins de latitude pour faire valoir leurs revendications [en anglais] pendant les pourparlers de paix. L'efficacité de cette stratégie se précisera certainement au cours de l'année 2013, principalement parce que l’échéance de novembre pour négocier un accord de paix approche.
Note :
Ce billet, ainsi que ses traductions en français, arabe et espagnol ont été commandés par l'International Security Network (ISN) dans le but de faire entendre les points de vue des citoyens sur les questions de relations internationales et de sécurité.
Source : Global Voices