ressortent
de l’oubli
Par
Quelques mots : Mayas,
Aztèque, Quechuas ; et quelques images : des pyramides dans la jungle,
un paysan andin, un dessin animé des années 80, les Tristes tropiques
de Claude Lévi-Strauss, la figure de Raoni, ce chef amazonien qui eut
son heure de gloire médiatique dans les années 90.
C’est lui (Raoni) qui signe
la préface de cet ouvrage dont le premier mérite est justement de sortir
les (Amer)Indiens d’un imaginaire occidental généralement confus, figé et
superficiel. Pour les inscrire au tableau des enjeux politiques
contemporains.
Le territoire est bien précis : dix pays « au sud de Panama »
(exit l’Amérique centrale et le Mexique) que notre collaborateur
Jean-Baptiste Mouttet et la journaliste Julie Pacorel, ont parcouru à la
toute fin des années 2000. Pour y rencontrer les Quichuas, les Guarani,
les Arhuaco, les Mapuches...
Réconfortant : ce qu’ils nous donnent à
voir, ce ne sont pas des « tribus » en voie des disparition mais bien
des peuples engagés pour faire respecter leurs droits dans les sociétés
où ils vivent et où beaucoup ont déjà pris leur place. Avec un point
central, un noeud, « une entité oubliée de nos sociétés urbanisées et
financiarisées : la terre, [ce] point de départ et d’arrivée de toutes
les luttes indiennes ».
S’affrontant ici aux propriétaires terriens, là aux groupes armés,
partout aux multinationales prédatrices, ils composent, selon les
territoires, avec des Etats plus ou moins enclins à reconnaître leurs
droits. Des combats de longue durée, parfois coûteux en vie humaine,
généralement menés de manière pacifique mais déterminée.
Les (Aemr)Indiens
n’ont « jamais évolué dans un contexte international aussi favorable »
qu’à l’heure actuelle après l’adoption en 2007 par l’Onu d’une
« Déclaration sur les droits des peuples autochtone », nous rappellent
les auteurs.
Réinvestissement de l’artisanat, arrivée des Ong, développement d’un
autre tourisme... L’ouvrage aborde des enjeux très concrets de l’actuel
processus de « reconquête de leur destin » dans lequel sont
engagés les Amerindiens. Qui avancent, désormais unis par delà les
frontières et organisés (y compris médiatiquement), sur une « voie indienne » : ces peuples « veulent
que leur territoire soit reconnu, non pas comme un espace fermé, reclus
et oublié, subsistant seulement d’aides de l’Etat, mais comme un espace
vivant dont ils ont pris les rênes et tracent l’avenir. »
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Source : Regards.fr