Un tribunal de l'OIT ordonne
d'enquêter sur des directeurs
de la multinationale Drummond
pour assassinat de syndicalistes
Par le Collectif d’Avocats Manuel Restrepo, traduction de
Libres Amériques
Jaime Blanco Maya a été condamné à 37 ans et onze mois de
prison par le onzième Tribunal Spécialisé de l'OIT de Bogotá, en raison de sa
responsabilité criminelle et comme auteur des faits intervenus en 2001 avec
l'assassinat des responsables syndicalistes, Valmore Lacarno Rodríguez (42 ans)
et Víctor Hugo Orcasita Amaya (36 ans), travaillant au sein de la société
transnationale Drummond en Colombie.
Jaime Blanco Maya, entrepreneur pour la multinationale
carbonifère, a été aussi condamné à payer un peu plus de 250.000 euros. Le
texte de ce jugement fait 82 pages, au sein duquel il a été demandé aussi
l’ouverture d’enquêtes, sur des représentants de cette entreprise, un
fonctionnaire d’état et un parlementaire déjà condamné par ailleurs pour ses liens
avec le paramilitarisme et le trafic de stupéfiant. (Note du traducteur)
A cet effet, le Collectif d'Avocats José Alvear Restrepo,
représentant des victimes, a demandé en conformité avec la sentence ordonnée,
qu'il soit mené une enquête sur la responsabilité notamment :
- d’Edgardo Maya Villazón, Procureur Général de la Nation à
l'époque des faits jusqu’en 2009, demi frère de Jaime Blanco Maya,
- de Gary
Drummond, grand patron de la Drummond Company Inc., (ci-contre avec Alvaro Uribe)
- de Jean
Adkins, respectivement président et chef de la sécurité de la multinationale,
- d'Augusto
Jiménez, président de la Drummond en Colombie ;
- et son gérant, Alfredo Araujo, en charge des relations
avec les communautés (cousin d'Álvaro Araujo, un sénateur emprisonné en 2008
pour ses liens avec les paramilitaires et le narcotrafic),
- de Luís Carlos Rodríguez, Chef de la sécurité de la
Drummond en Colombie ;
- de Rafael García, ancien responsable de l’informatique du
DAS (ancien service de renseignements de la présidence colombienne dissous en
août 2011).
- et Jorge Castro Pacheco, ex-congressiste, pour sa
participation dans la réalisation des faits, il a déjà été condamné en 2010
pour ses liens avec les paramilitaires et le narcotrafic à 90 mois de
prison et à une forte amende ;
L’assassinat en 2011 de 2 syndicalistes de la Drummond
Valmore Lacarno Rodríguez et Víctor Hugo Orcasita Amaya (en photo ci-dessous),
Président et le Vice-président du syndicat de Sintraminergética, ont été
assassinés le 12 mars 2001 dans la municipalité de Bosconia, dans le département
de Cesar.
Ce double assassinat a été l’oeuvre des paramilitaires, qui
les interceptèrent dans un bus, tuant Valmore Locano sur place et menant Víctor
Orcasita dans un autre lieu, où ce dernier sera torturé et lâchement abattu de
trois tirs par arme à feu.
Les syndicalistes venaient de sortir d'une réunion avec les
directeurs de multinationale Drummond, ils avaient exigé une solution au
problème de la mauvaise qualité des aliments qu'offrait l'entreprise ISA
(propriété de Jaime Blanco Maya) et ils étaient sur le point de lancer un appel à l’arrêt de l’activité aux
travailleurs de la mine.
Le jugement de l’Organisation Internationale du Travail
Ce jugement marque le lien étroit entre des entrepreneurs,
des hommes politiques et des groupes paramilitaires, et la relation d'une
corporation transnationale dans des crimes contre l’Humanité.
L’ entreprise Drummond accumule les plaintes sur différentes violations aux
droits de l'Homme, entre celles-ci la contamination de la terre, de l’air et
d'eau dans la mer caribéenne, les dommages à la santé des communautés voisines
de la mine, le déplacement de ces
communautés, qui ont dû céder leur territoire ancestral à l'exploitation
carbonifère, et des accusations sérieuses de la part des entités de contrôle
sur le paiement irrégulier de privilèges au détriment du patrimoine.
Source : Collectif d'Avocats Manuel Restrepo (en espagnol)
