vendredi 22 février 2013

Guyane, fin de non-recevoir d’Arnaud Montebourg à Saül ?

En Guyane à Saül,
la résistance continue
face à l’entreprise Rexma
 


Et la pirouette juridique du ministre


Par Libres Amériques

« Quels que soient les avis défavorables, nous sommes tenus juridiquement de maintenir le droit au permis minier Limonade » a déclaré Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, devant la commission développement durable de l'Assemblée nationale, le mercredi 20 février 2013. 

Un permis minier accordé par le précédent gouvernement, autorise la société Rexma d’exploiter l'or de la crique Limonade en Guyane, à 3 kilomètres de la commune de Saül. Le maire de la commune et la majorité des habitants ne l’entendent pas ainsi, et malgré un décret communal interdisant toute prospection à pas moins de 10 kilomètres, le ministre s’obstine en attendant qu’un nouveau code minier puisse y mettre des limites. (Ci-contre le maire de Saül)

La crique limonade est un petit bout de Guyane, non loin du village de Saül. Cette crique est l’objet d’un désaccord entre les hautes autorités françaises et une petite centaine de villageois qui résistent à l’implantation d’une mine d’or à moins de 10 kilomètres de chez eux. En quelques semaines, un village et ses habitants du bout du monde sont venus se rappeler à nous, en mettant en ligne des informations et des pétitions (dont une spécialement pour les anglophones).

 La vie à Saül - février 2013
Guyane La1ère TV (6 minutes)

Avec leurs plus de 60.000 signatures, les villageois de Saül ont trouvé un soutien non négligeable, et les autoroutes de l’information ont permis une bonne circulation des nouvelles. Sauf qu’il n’était pas attendu une telle réponse du ministre Arnaud Montebourg à l’Assemblée nationale, et qui sera vécu outremer et en Guyane comme un acte « néo-colonialiste » de plus, quand il s’agit surtout d’une décision purement centraliste, et aussi la question de la refonte du code minier avant la fin de l’année 2013. 

L'orpaillage à Saül - février 2013
 Guyane La1ère TV (6 minutes)


Réponse du ministre Arnaud Montebourg sur la Crique LIMONADE

A l’origine, l’autorisation qui a été donnée à l’entreprise Rexma a été faîtes en catimini quelques jours avant l’élection de François Hollande en mai 2012 et le ministre du redressement productif n’était pas en poste, mais à aucun moment depuis Arnaud Montebourg n’a pas vu dans cette décision de quoi la stopper, sauf à suivre dans ce domaine l’avis de ses services, et de laisser les choses en l’état. Tout en expliquant par ailleurs l’importance de la concertation… sacré pirouette !

Assemblé nationale - février 2013
Commission du développement durable

Lien avec la vidéo complète en ligne, cliquez ci !

La question au demeurant banale du code minier, devrait pourtant dans les semaines à venir être l’objet de discussions touchant directement à l’avenir de tous, en métropole, et dans les territoires ou départements Outremers.

Le code minier va inévitablement poser la question de comment adapter notre législation de l’exploitation des sols et sous sols à certaines précautions environnementales. Mais est-ce possible quand Arnaud Montebourg veut coûte que coûte, faire de la France un grand pays minier en prenant exemple sur le Canada ?

Tristes habitants de Saül, dont on peut partager la déception, face à une réponse qui laisse les coudés franche à l’entreprise Rexma, qui suscite par ailleurs quelques problèmes judiciaires en Guyane (Guyane, le patron de la minière Rexma devant la justice.

Les déclarations du ministre n’ont pas dû rassurer les habitants de ce petit village guyanais situé en plein milieu du département. Ce n’est qu’une des incohérences de la réponse d’Arnaud Montebourg à ce sujet, du moins des notes qui ont pu suivre, parce que tout cela  donne l’impression d’une certaine méconnaissance des questions de fond. 

Quand on connaît ce que produisent les entreprises minières en Amérique du sud, il y a de quoi être perplexe. Oui la Guyane a besoin pour son développement d’exploiter les ressources de son sous-sol, faudrait-il que les guyanais puissent se prononcer sur les limites dans une bel acte de décentralisation, s’ils ne souhaitent pas vivre un enfer à l’exemple des multiples conflits liés à l’extraction des minerais en Amérique latine, où les perdants ne sont jamais les extracteurs ou les minières.

Le ministre a souligné le côté radical des ONG et l’aspect équilibré des propositions du maire de Saül (quand il s’agit d’un décret communal), sans pour autant revenir sur la décision, qu’il serait possible d’invalider, mais coûterait trop cher à la collectivité. Drôle de tour d’équilibriste pour Arnaud Montebourg expliquant que : « L'important risque de contentieux serait malvenu en période de disette budgétaire ».

Comme fin de non-recevoir, difficile de faire mieux, sauf à  laisser s’engager d’ici peu de temps, la fin de la crique Limonade, à laquelle, il ne sera plus possible d’accéder et qui créera inévitablement de lourds dégâts écologiques.

Si les ONG s’inquiètent s’est en raison non seulement des impacts environnementaux, mais aussi des retombés sur les habitants eux-mêmes. 

Il semble que pour pouvoir arrêter cette gabegie centraliste : il ne reste que pour recours au conseil municipal de Saül de trouver un bon avocat qui puisse à minima, empêcher les travaux qui devraient commencer en mars prochain, si ce n’est de faire invalider cette mesure peu attentive auprès de différentes instances de justice (Tribunal administratif, Conseil d’état, …).

En l’état difficile de savoir comment la population va pouvoir protéger le site et empêcher les pelleteuses de se mettre en œuvre d’ici quelques jours ?



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L'or est-il au-dessus de tout, M. Montebourg ?

 

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