vendredi 8 février 2013

Haïti, la justice 27 ans après la chute de J-C Duvallier ?

Haïti - Conjoncture : 
La justice 
au pied du mur



Par Haïti Webdo 

La confiance dans l’appareil judiciaire haïtien va s’effritant, au moment où la plus haute instance du pouvoir judiciaire, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) semble se diriger vers une crise. Des craintes et des inquiétudes continuent de hanter les justiciables haïtiens, en particulier les femmes victimes de crime de viol et les victimes du régime des Duvalier. 


 L’ancien dictateur Duvalier devant la cour d’appel un … 7 février

Le 31 janvier 2013, les juges de la cour d’appel de Port-au-Prince, ont décidé d’un nouveau report de l’audition en appel du dictateur Jean-Claude Duvalier. 

Etrangement, c’est la date du 7 février 2013, 27ème anniversaire de la chute du régime, qui a été retenue pour que l’ancien dictateur se présente en personne.

Alors que Reynold Georges, un des avocats du dictateur, se réjouit de la date choisie, des membres du secteur démocratique haïtien ainsi que le Collectif contre l’impunité (regroupant entre autres 22 plaignants et plaignantes contre Duvalier et consorts) appellent à la solidarité « pour faire échec à l’impunité et au révisionnisme ».

A quoi s’attendre le 7 février 2013, vu que Duvalier semble trouver une place au soleil au pays sans s’inquiéter ?


Marie Danielle Bernadin se retracte

28 janvier 2013. La nouvelle est tombée. Certains la prennent sceptiques. D’autres semblent ne pas s’étonner. Le dimanche 27 janvier 2013 dans les bureaux de l’avocat Reynold Georges, la jeune femme de 25 ans qui a porté plainte contre Josué Pierre Louis pour crime de viol a signé un document par lequel elle renonce à la poursuite judiciaire contre son agresseur présumé.

Quelles seront les incidences de cet acte de Marie Danielle Bernadin - qui serait conseillé par une révélation divine - sur le cours de ce dossier au cabinet d’instruction ? Quel signal cette affaire a-t-elle lancé aux jeunes femmes victimes de crime de viol dans la société haïtienne ?

La sécurité humaine en danger

Le dernier rapport de la fédération internationale des ligues des droits humains (Fidh) estime que la sécurité humaine est en danger en Haïti. Il a été présenté le 30 janvier 2013 à Port-au-Prince.

Mis à part, l’accroissement de la vulnérabilité des victimes du séisme, l’extension de la pauvreté et de l’exclusion sociale, l’impunité dont jouit la Mission des Nations Unies pour la stabilisation d’Haiti (Minustah), le document attire l’attention sur la persistance de l’insécurité juridique et de l’impunité dans le pays.

Élections… L’Onu s’impatiente

Le Conseil de sécurité de l’Onu fixe la fin de l’année 2013 pour l’organisation des élections en Haïti. Selon l’organe des Nations Unies, c’est important pour la stabilité politique et le développement socioéconomique du pays.

Pourtant, la structure qui doit organiser les prochaines élections dans le pays n’arrive pas à être mise sur pied. Tractations, tergiversations, jeu de ficelles. Rien n’est sûr.

Finalement, les dirigeants haïtiens prennent-ils la mauvaise habitude d’attendre que ce soit l’international qui fronce le sourcil pour l’organisation des élections ? On se rappelle un certain Edmond Mulet en 2010.

Le Cspj face à sa loi de création

Une résolution du Cspj paraphée par 5 des 9 membres de cette entité maintient Me Nehémie Joseph comme membre à part entière de cette institution, après que l’Association des bâtonniers a décidé de le remplacer lors de l’Assemblée de la Fédération des Barreaux d’Haïti (Fbh), le 25 janvier 2013.

Le débat est houleux - dans la presse tout au moins - sur l’interprétation correcte de l’article 11 de la loi créant le Cspj. Ce qui met face à face le Cspj (pour qui le mandat de Me Joseph prendra fin le 3 juillet 2005) et la Fbh qui ne reconnait plus l’ancien bâtonnier du barreau des Gonaïves pour son représentant.

Cette nouvelle situation s’ajoute au bras de fer entre cette instance et ses 3 représentants contestés au sein du Conseil électoral (incomplet) et le Cspj risque d’en sortir affaibli.
A quand la mise en place d’une instance constitutionnelle devant faire le mise au point définitivement dans la double interprétation d’un article ou d’une loi en Haïti ?

Un Canadien à la tête de la Minustah

La Minustah a un nouveau chef. Le canadien Nigel Fisher a été nommé, le 31 janvier, Représentant spécial par intérim pour Haïti du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon.

Avant sa nomination, Fisher a occupé les fonctions de Représentant spécial adjoint du Secrétaire général, Coordonnateur résident et humanitaire du système des Nations Unies en Haïti.


Martelly revient du Celac avec une résolution

Le chef de l’Etat est rentré le 31 janvier 2013 du sommet de la Communauté des Etats de l’Amérique latine et de la Caraïbe (Celac) avec une résolution sur la coopération entre Haïti et les pays membres. 

Cette coopération touchera les domaines de l’environnement, de l’agriculture, de l’énergie et de la lutte contre la pauvreté. Comment un suivi efficace va-t-il être assuré ?


Food Voucher : le dernier né des petits programmes de l’administration Martelly

Après « ti manman cheri », « Aba grangou », « Ede pèp », « Kore etidyan », « Ban m limyè ban m lavi », etc, vient « Food Voucher », un nouveau programme gouvernemental de bons d’achats et de nourriture en faveur des « populations vulnérables ».

Foud Voucher a été lancé le 30 janvier 2013 par le tout nouveau ministre des Affaires sociales et de l’emploi, Charles Jean-Jacques. Le financement est assuré par l’Agence américaine pour le développement international (Usaid). Il est de l’ordre de 80 millions de dollars états-unisiens sur une durée de 4 ans.

Les « petits programmes » epars, peuvent-ils remplacer une politique de sécurité sociale durable ?

C’est Carnaval…

Carrefour, Delmas, Petion Ville et Jacmel ont fêté carnaval durant cette fin de semaine. Chaque commune à sa façon a intégré le thème du carnaval national « Yon ayisyen, yon pye bwa, an nou pote kole ».

Les carnavaliers et carnavalières semblent avoir trouvé du plaisir, toujours garanti en ces circonstances.

Qu’en sera-t-il les 10, 11 et 12 février (les 3 jours gras) au Cap Haïtien (Nord) ? Que tirera le Nord de cette expérience ? Véritable volonté de décentralisation ou de l’eau sur le feu du Cap où les manifestations anti-gouvernementales de l’année dernière ont été les plus importantes ?