Trafic d’enfants à Saint-Domingue les « RESTAVEK»
le drame
le drame
des enfants esclaves haïtiens
Par Libres Amériques
« Certains spécialistes de la question considèrent
l'Enfant-Domestique comme un sous-produit des structures esclavagistes,
consolidées et accentuées par l'évolution des disparités sociales. Le plus
grand nombre d'Enfants Domestiques (haïtiens) se retrouvent dans la petite
classe moyenne et les couches populaires défavorisées ». Faut-il s’émouvoir et dans ce cas ne laisser passer que
l’aspect émotionnel, quand le drame humain des haïtiens, jeunes et moins
jeunes, dépasse plus que l’entendement.
La seule question de l’enfance a de
quoi choquer, bouleverser, mais au-delà de l’émotion, il n’y a rien de
surprenant. L’esclavage ou la traite ou le négoce des enfants haïtiens sur
l’île de Saint-Domingue (Rep. De Haïti/Rep. Dominicaine) n’a rien de nouveau.
Si le sujet peut émouvoir pourtant rien vraiment ne vient en dénoncer le
sordide.
Après le choc au sein des opinions publiques, que représenta
en 2010 le tremblement de terre en Haïti, le fut en raison d’une couverture
importante des médias internationaux et à de grands appels à la charité. Depuis
que les caméras et les équipes de journalistes sont partis, la situation ne
s’est pas vraiment améliorée. Et s’il n’existait pas quelques médias
alternatifs sur le web pour en faire état, ou ONG des droits humains, la
couverture médiatique ou l’information serait presque inexistante.
Au sujet de la misère, Haïti est un des pays les plus
pauvres du monde, si ce n’est le dernier à l’échelle du continent américain. La
question de la situation des enfants est alarmante en bien des points, et ce
pays souffre d’un déséquilibre en la matière inquiétant. « Les plus
faibles des plus faibles » sont sous l’emprise de mécanismes
d’exploitation effroyable, où l’enfant n’est qu’objet et à ce titre une
marchandise. Ce qui va à l’encontre de tous les traités internationaux en la
matière.
Jusqu’à présent, il y a eu peu d’écho dans les médias sur le
sort tragique des dizaines de milliers gosses haïtiens en danger, et qui
n’ouvre que pour perspective de maintenir une société chaotique ou les gamins
sont de fait réduits à un état d’esclave moderne. A l’exemple des « RESTAVEK »
(littéralement reste avec), ce sont 300.000 garçons et filles (pour 70%) qui
font l’objet d’une exploitation domestique abusive et l’objet d’un trafic à
grande échelle au sein des deux nations de l’île de Saint-Domingue.
C’est quoi un RESTAVEK ?
C’est un enfant est généralement vendu à une famille ou
faussement recueilli, dans la plupart des cas, le jeune est employé à des
tâches domestiques, sans que ce dernier puisse recevoir un salaire ou avoir des
conditions de vie décentes. Mais, la question de l’exploitation des enfants
dans ce pays et chez son voisin ne se limite pas à cette forme abusive et quasi
esclavagiste. Plus largement les droits des plus jeunes haïtiens posent de
sérieux problèmes, sachant que les moins de 18 ans représentent environ 40% de
la population.
« Le « Restavèk » doit se lever tôt, se coucher tard et
assumer de nombreuses responsabilités : préparer à manger, faire la toilette
des enfants, les conduire à l'école, faire l'entretien de la maison. Il dort
sur une natte près du lit de la maîtresse de maison à qui il doit une
obéissance totale, aveugle. Le travail des enfants peut aller jusqu'à 18 heures
par jour. L'enfant restavèk, parfois âgé de 5 ans seulement, fréquemment
sous-alimenté, ne reçoit aucun salaire, la loi haïtienne ne prévoyant pas de
rémunération pour ce type de travail.
Enfants esclaves en Haïti
Radio-Canada (5 minutes)
Ses repas sont pris à la cuisine ou dans la cour. 61% ont
deux repas par jour. Son loisir principal est d'aller chercher de l'eau à la
fontaine voisine, c'est là qu'il peut se socialiser avec d'autres enfants du
quartier. 75% de ces enfants restent analphabètes. Les privilégiés – 25% dont
nous nous occupons un peu plus spécialement, vont à l'école dans l'après-midi,
dans des « écoles » où les classes surchargées ne permettent aucun suivi réel
sans matériel pédagogique de support. » (Source : timoun-restavek.org)
Le rôle de la République Dominicaine dans les trafics
d’enfants
La République Dominicaine est une destination très prisée
concernant la prostitution et en particulier celle des enfants, car les
RESTAVEK peuvent être vendu à différentes fins. Les autorités de ce pays ont
largement et pendant fermé les yeux sur le sort des haïtiens réfugiés ou
migrants économiques et ce qui advenait aux plus jeunes.
Le tourisme est devenue pour cette partie de Saint-Domingue
une part importante de son activité économique, et de pair, la prostitution a
connu un développement important, faisant de la Républicaine une destination
recherchée pour sa prostitution, notamment enfantine et comme en Colombie devenue
sa concurrente dans la région pour ce genre de tourisme.
Et le phénomène des RESTAVEK existe aussi, et ce sont le
plus généralement des enfants haïtiens, qui à nouveau tombent dans les mailles
du trafic d’enfant et peuvent atterrir en des mains pas vraiment attentionnées.
Les enfants peuvent aussi être
enlevé d’une frontière à l’autre ou tout simplement réduit à l’esclavage sur
place en République Dominicaine en raison des migrations qui s’opèrent entre
les deux états.
Difficile de chiffrer l’ensemble de ces commerces ou trafics
d’enfants, mais il est possible d’évaluer à au moins 5 % des enfants haïtiens
en prise avec des mécanismes d’exploitation marchande et source de profits
directs et indirects. Il semble important de lever le voile sur une situation
qui fait appel à une meilleure connaissance de ce système purement
esclavagiste.
L’enfant n’est pas une marchandise, et de plus l’on devine
toutes les difficultés que ces enfants vont devoir vivre adultes, à
s’insérer dans une société condamné à subir depuis trop longtemps une misère
endémique et face à laquelle les nations du monde développé n’apportent que
pour réponse des larmes de crocodiles.
Il serait peut-être temps de s’intéresser aux haïtiens
eux-mêmes, d’aller aux sources de leurs difficultés, et d’arrêter cette
démultiplication des bureaucraties de l’aide humanitaire qui organisent sur
place des mesures partielles, quand l’enjeu est d’entraîner cette population
vers un avenir un peu plus certain, plus équitable, d’abord en lui donnant les
moyens de s’exprimer et d’agir.
Ce que l’on peut résumer à construire une démocratie et un
état de droit social, ou l’on pourrait envisager que soit criminalisée toute
marchandisation d’un être humain, qui plus est mineur et relevant de la charte internationale des droits de l’Enfant de 1989.
Notes :
Site à consulter : Timoun-Restavek.org
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