dimanche 14 octobre 2012

Colombie, une multinationale militarise un conflit social

Colombie, à Puerto Gaitan, 
le conflit de travail continue, 
sans perspective de dialogue


 Par  USO Meta

Cinquante-sept jours d’assemblée permanente se sont écoulés depuis le 14 aout dernier, date à laquelle les travailleurs de l’entreprise contractuelle Termotécnica, entreprise qui travaille sur les projets Caracará Sur et Jaguar 1 de Ecopetrol et CEPCOLSA, filiale de Cepsa España -dans la municipalité de Puerto Gaitán au département de Meta- ont présenté un cahier de revendications aux entreprises Cepcolsa et Termotécnica et ont exigé la place de l’USO dans les négociations, ainsi qu’un meilleur traitement par les supérieurs, de meilleures salaires et plus de repos, c’est-à-dire des conditions professionnelles et de travail dignes d’une compagnie pétrolière.


Cinquante-sept jours de paralysie au niveau des travaux de l’entrepreneur Termotécnica Coindustrial S.A.

Pour s’entendre et trouver une solution devant les revendications des travailleurs, le dialogue fût impossible, à cause de l’attitude antisyndicale et orgueilleuse de Cepcolsa, qui a littéralement interdit à Termotécnica Coindustrial de s’asseoir pour négocier avec l’USO, puisque l’USO a conclu avec cet entrepreneur des accords touchant diverses parties de l’industrie pétrolière dans le pays, sans incident majeur, résistance ou stigmatisation tel que nous le vivons aujourd’hui.

 
En outre, ils ont voulu régler un conflit de travail via la terreur, la peur et la militarisation : les travailleurs ont subi toutes sortes de pressions afin qu’ils abandonnent la mobilisation et la protestation pourtant légitime. Dans cette optique, nous avons pu observer des convois militaires qui surveillaient les autobus circulant de la place municipale jusqu’aux champs pétroliers; une militarisation de sites comme le pont Manacacias et les lieux d’entrée aux installations de Cepcolsa; DE FAUX MONTAGES JUDICIAIRES; des coups de fusil; l’offrande de bons pour ceux qui acceptaient d’être briseur de grève et d’appuyer le patron; des remises et des rétentions illégales de salaires à qui continuait d’exiger des solutions face aux revendications; enfin une répression démesurée contre toute tentative de mobilisation, même pacifique.

L’arrogance de Cepcolsa et de Termotécnica a obligé notre organisation syndicale à convoquer et maintenir un arrêt départemental de travail le 3 octobre dernier, de Villavicencia jusqu’à Campo Rubiales; nous avons trouvé de l’appui à Apiay, Pompeya, Acacias, Chihimene, Castilla et Puerto Gaitán, mais également avec les membres affiliés et de la communauté qui se sont montrés solidaires avec les travailleurs en conflit avec le Cepsa et Termotécnica, et qui ont exprimé leur soutien vis-à-vis de l’Union syndicale des travailleurs -USO.

Nous avons maintenu et nous maintiendrons la protestation et la mobilisation dans l’exercice de nos pouvoirs constitutionnels et légaux, puisque nous est nié et restreint un droit fondamental consacré à la fois au sein notre Constitution, dans les articles 38, 39 et 53, et à la fois au sein de conventions internationales, comme les conventions 87 et 98 de l’OIT.

De la même façon, nous avons utilisé des instruments légaux comme le recours administratif devant le Ministère du Travail, dans le territoire de Meta, ministère qui est sur le point de décider de l’application de l’article 433 du Code du Travail, concernant l’ouverture de négociations. Nous avons également intenté un recours en tutelle devant le juge civil de Bogotá, recours qui a été mystérieusement transféré à Puerto Gaitán et qui est tombé sous la thèse du « fait surpassé » (HECHO SUPERADO), le ministère du travail s’étant déjà retrouvé devant la même demande, et une plainte ayant été déposée devant le Procureur Général de la Nation pour violation de l’article 200 du Code Pénal, plainte qui est à l’étude contre Termotécnica y Cepcolsa.


L’administration de Termotécnica, via son représentant juridique, a également présenté un recours en tutelle contre le Ministère du Travail, demandant qu’il lui garantisse une procédure régulière et qu’il annule toute son instruction du procès, sachant qu’il avait convoqué les parties (USO et TERMORTECNICA) en date du 27 août, rencontre qui a abouti à un échec causé par un manque de compromis de la part de l’entreprise. Nous fûmes à nouveau convoqués par application de l’article 433 du C.S.T, le 7 septembre puis le 13 du même mois; ces procédures ont échoué pour les mêmes raisons : manque de volonté et d’esprit de conciliation de l’entreprise.

De ce fait, le ministère nous a convoquées le 17 septembre à 9 heures du matin dans le siège du ministère dans la ville de Villavicencio pour commencer les dialogues, comme la loi le prescrit. Les parties s’y sont rendues et l’entreprise Termotécnica Coindustrial a affirmé qu’elle « négocierait avec l’USO une fois rendus les jugements des recours et appels interjetés dans la requête administrative, si ces jugements allaient à leur encontre en tant que société », mais elle a nié la compétence du juge du territoire de Meta afin qu’il ne puisse agir comme seconde instance, ce qui explique pourquoi la première instance s’est prononcée contre Termotécnica, et que la seconde sera prononcée depuis la ville de Bogota.


Les travailleurs et l’USO ont été les victimes d’une brutale répression, comme nous l’avons vécu le 5 octobre dernier, lorsqu’une marche pacifique à Puerto Gaitán a été dissoute par l’ESMAD, générant plusieurs blessés et arrêtant le dirigeant syndical JHON RODRIGUEZ et JORKS VELANDIA, qui faisait partie de l’escorte; de même, la Commission de l’USO, avec un accompagnement international, qui était à Campo Rubiales le 3 octobre dernier, fût bloquée par des barrières physiques et des camionnettes, ainsi qu’avec des barrières humaines, constituées de la force publique de l’Armée, de la Police, de la Sijín, de l’ESMAD et de la Sécurité Physique de PREC, qui ont empêché le contact entre dirigeants et travailleurs, comme cela devrait être dans un pays démocratique.

Dans de telles circonstances, nous ne renoncerons pas à la mobilisation et à la protestation légitime de toute classe travailleuse; tandis que les multinationales pétrolières, la télévision et la radio tentent de dissimuler la vérité et de confondre l’opinion publique, avec le consentement de mandataires coopés et corrompus, en affirmant qu’il ne se passe absolument rien à Puerto Gaitán.

Nous saluons la déclaration faite par le bureau de la VICE-PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE, sous la personne du Dr. ANGELINO GARZON, et nous nous joignons à l’appel envers la classe dirigeante des entreprises pétrolières telles que CEPSA COLOMBIA S.A. et PACIFIC RUBIALES afin qu’elles respectent le droit d’association, les libertés syndicales, et qu’elles gèrent les différends et oppositions rencontrés avec les organisations syndicales représentants les travailleurs via un dialogue civiliste, démocratique, constructif et productif.

Nous appelons une fois encore tout le mouvement syndical national et international à entourer et accompagner la lutte des ouvriers sous-traités de CEPCOLSA - CEPSA, afin d’exiger une solution à leurs justes revendications, et d’exprimer toute leur solidarité vis-à-vis de cette lutte qui réclame justice, dignité et distribution de la richesse.

« Pour défendre la vie, arrêtons déjà la locomotive énergétique de la minière »


Source : article publié le 09/10/2012