Haïti-Séisme-Cinéma :
"Goudougoudou"
au 29e festival de Cinéma de Bogotá
Par Wooldy Edson Louidor
Le flim-documentaire Goudougoudou, sur le séisme de 12 janvier 2010 en Haïti, a suscité l’émotion au 29e Festival de Cinéma de Bogotá, qui s'est tienu du 10 au 18 octobre 2012. Ce film, du Belge Pieter Van Eecke et de l’Italien Fabrizio Scapin, a été projeté le 10 octobre dernier en ouverture du festival. « Tout un tissu de témoignages ! », s’exclame un Colombien visiblement ému. Il donnait sa première impression sur le documentaire. En fait, donner la voix aux Haïtiennes et Haïtiens, au sujet de leur propre expérience et vécu du tremblement de terre du 12 janvier 2010, constitue la marque de fabrique de Goudougoudou.
Les témoignages de ce grand spectre d’Haïtiens, dont des jeunes, des enfants, des professionnels, des hommes, des femmes, en font la quintessence. Sur une toile de fond ponctuée par les différents efforts consentis par les Haïtiens au quotidien pour retourner à la vie normale, après la tragédie.
Ces efforts déployés contrastent avec les témoignages poignants, recueillis par les deux réalisateurs du documentaire auprès de neuf Haïtiens et Haïtiennes et d’une Française ayant vécu assez longtemps dans le pays.
Les dix témoins, ayant vécu dans leur propre chair la tragédie, se mettent à nu pour montrer leurs blessures encore vivantes, visibles et invisibles, les spectres et les questions sur le sens de la vie qui les hantent, aussi bien que les lueurs d’espoir qui les habitent au milieu de l’horizon sombre et gris.
Ils veulent aller de l’avant, tourner la page, se libérer, espérer, mais la réalité est encore présente dans les ruines, les décombres, les cauchemars, les traumatismes et les cicatrices qui font le lot de leur quotidien. Difficile paradoxe !
bande-annonce du film
« Les témoignages m’ont beaucoup impressionné »
« Les témoignages m’ont beaucoup impressionné », confie le Colombien, qui se dit frappé par les mots, les expressions et les gestes utilisés par les dix témoins.
Le documentaire tisse les témoignages, de telle sorte que tout y retrouve un sens : les regards perdus ou intenses des témoins face à la caméra, leurs hésitations, leurs silences, leurs mots entrecoupés, mais le ton toujours ferme et réfléchi.
Tout devient langage et expression. En ce sens, Goudougoudou est un livre qui invite à la lecture et même à des lectures croisées, un dialogue ininterrompu avec ses spectateurs et spectatrices et une fenêtre ouverte sur la réalité haïtienne.
Goudougoudou, un mot terrible pour exprimer une réalité terrible
« Le titre même du documentaire Goudougoudou est un mot terrible qui exprime une terrible réalité », continue le Colombien, tout en évoquant les images des morts, de destruction, de cauchemar et de non-sens tissant la trame du documentaire.
Le titre du documentaire semble gagner le pari d’exprimer l’inexprimable, de donner sens à l’expérience du non-sens et d’attirer l’attention sur une tragédie de triste mémoire.
De ne pas laisser tomber dans l’oubli la mémoire de tant de victimes ! De rappeler au monde entier et principalement à nos frères et sœurs de l’Amérique Latine qu’Haïti existe encore !
« Que devient Haïti après le tremblement de terre ? », nous demande le spectateur sud-américain, préoccupé et pensif. « Et la reconstruction ? », enfonce-t-il le clou.
La question nous laisse bouche bée, sachant que le pays ne fait que du surplace et que rien ou presque n’a changé depuis la tragédie.
Goudougoudou évoque non seulement l’une des plus grandes tragédies du siècle, mais il suggère aux spectateurs et spectatrices des questions sur la réalité présente d’Haïti et invite les Haïtiennes et Haïtiens à se ressaisir pour ne pas rater le train du futur.
Le film-documentaire des réalisateurs Scapin et Van Eecke porte justement le titre Goudougoudou, onomatopée utilisée par les Haïtiennes et Haïtiens pour décrire le phénomène du séisme du 12 janvier 2010.
Notes :
Goudougoudou a été diffusé sur plusieurs stations de télévision internationales, dont la télévision belge RTBF et TV5 monde qui touche les téléspectatrices et téléspectateurs en Europe, Afrique, Asie, Amérique latine, dans les Caraïbes et aux États-Unis d’Amérique.
Le film-documentaire a également participé au Festival International de Cinéma de l’Uruguay et au Festival International de Film de Trinidad & Tobago.
Pour plus de détails, consulter :
ou bien www.goudougoudoufilm.net
et sur Facebook : www.facebook.com/goudougoudou
Source : Alterpresse Haïti