Une «croisade civique»
en défense
de la rivière Nanay
de la rivière Nanay
par Juan Arellano - Traduction de Florence Veillon
Ci-dessus : La rivière Nanay, Loreto, Pérou (1). Voici la deuxième partie d’une série de trois billets concernant la problématique de l’eau dans la ville d’Iquitos. Dans le précédent billet, nous avons fait une brève introduction au problème de l’eau à Iquitos au Chili et exposé la controverse due à l’exploration et à la prospection d’hydrocarbures réalisées par la compagnie internationale ConocoPhillips dans le bassin de la rivière Nanay. À ce sujet, le chercheur Gonzalo Tello a récemment partagé ses réflexions sur la façon d’agir de ConocoPhillips dans son article L’eau sacrée :
"Le problème de base vient du fait que la CP [ConocoPhillips] est un rouleau compresseur environnemental ayant reçu carte blanche du TLC [Accord de libre échange] conclu avec les USA dans le sens où, étant donné que les concessions ont déjà été accordées.
Selon les termes d’un plan opérationnel adopté par le gouvernement péruvien (même si ce dernier possède plusieurs voies d’eau importantes en-dessous de la ligne de flottaison environnementale, raison pour laquelle l’Histoire devrait châtier tout au moins moralement les responsables), ce consortium pétrolier est « blindé » par le TLC susmentionné pour exécuter ses plans, quoiqu’il arrive, à n’importe quel prix, sans qu’aucun membre du gouvernement ne s’y oppose dans le cadre légal de l’instrument bilatéral en vigueur.
Darrin Mortenson commente le rôle du gouvernement régional de Loreto à ce sujet dans un article d’Alianza Arkana :
Le sujet a été un tabou politique depuis que l’extracteur américain ConocoPhillips s’est installé secrètement dans la région il y a deux ans, malgré les lois du gouvernement régional de Loreto interdisant la production industrielle près de la source de la rivière Nanay.
Malgré les lois en vigueur, le gouvernement a toujours été complaisant avec ConocoPhillips depuis 2010. Des informateurs signalent que le silence intimé par le gouvernement et des médias locaux devenus moins nombreux ont permis de maintenir l’accord loin de la vigilance du public jusqu’en début d’année.
En ce qui concerne les efforts légaux que le Comité de l’eau d’Iquitos fait pour que les études d’impact environnemental soient publiées, il ajoute :
Les résultats seront rendus publics à condition que les fonctionnaires de ConocoPhillips croient qu’ils ont trouvé du pétrole et c’est alors qu’ils présenteront le projet à des experts, des militants et au public en général – quelque chose que le gouvernement régional a tenté d’éviter à tout prix, mais apparemment de façon illégale.
Il n’y a pas que le gouvernement régional qui tienne un rôle contestable dans cette affaire, l’hebdomadaire La verdad d’Iquitos trouve aussi risible que le comité de gestion de la zone affectée soit présidé par « Perúpetro (qui a autorisé la concession) et que le vice-président en soit le représentant de ConocoPhillips ».
D’autre part, la Commission de Peuples andins, amazoniens, afro péruviens, environnement et écologie du Congrès de la république a annoncé qu’une séance sera tenue dans la ville d’Iquitos, pour analyser la problématique posée par les opérations effectuées par l’entreprise ConocoPhillips dans le bassin de la rivière Nanay.
Cependant, le Comité de l’eau souhaite aller plus loin et a prévu pour quelques-uns de ses membres un voyage à Lima similaire à une « croisade civique en défense du Nanay », dans le but d’obtenir le soutien de l’opinion publique et d’utiliser toutes les moyens à sa portée pour mettre en place une table de dialogue.
Le Comité, qui ne dispose que peu de ressources économiques, a organisé une collecte de fonds pour pouvoir faire face à certaines dépenses de la commission envoyée à Lima. Cette activité a eu lieu le 15 septembre dans le collège San Agustín. Elizabeth Lozano, la porte-parole du collectif Amazonia a déclaré :
« Nous sollicitons l’aide des citoyens qui se sentent concernés par l’environnement et son importance pour l’avenir de l’Amazonie ; l’achat d’un billet de dix sols équivaut à un plat froid de poisson de la rivière Nanay, le Cebiche de zúngaro, qui seront les « derniers » de la région si nous permettons que des activités à fort impact environnemental s’effectuent dans leur zone de frai. »
Le 15 septembre, les porte-parole du Comité de l’eau se sont aussi réunis avec un actionnaire de ConocoPhillips, de passage à Iquitos, et lui ont réitéré leur prise de position en faveur de la défense du bassin du Nanay et leur demande de suspension de toute activité pétrolière dans cette zone. Seamus Finn, l’actionnaire de ConocoPhillips, a pris note de leurs explications et a déclaré qu’il les transmettrait lors de la prochaine assemblée d’actionnaires de l’entreprise, le 5 octobre à New York.
Il reste maintenant à attendre les résultats obtenus par les activités
des représentants du Comité de l’eau dans la ville de Lima, du 24 et 27
septembre 2012.
Sources : Billet publié à l’origine
sur le blog personnel de Juan Arellano
Article et photos: Global Voice