mardi 30 octobre 2012

Hugo Chavez, le président conteur de belles histoires !

Les belles histoires 
de l’oncle Hugo :

Cuentos Arañero



Venezuelatina

Hugo Chávez est, pour ceux qui ne s’en étaient pas encore aperçu, un grand conteur. Ses discours, qu’on dit si longs, sont constamment émaillés d’anecdotes tirées de sa vie personnelle. Celles-ci confèrent au propos un caractère vécu, authentique. De vraies petites histoires, contées à la première personne, qui viennent alléger des sujets souvent graves et rendent le personnage plus humain.

Il a de quoi tenir: il provient des Llanos, région de poètes, de chanteurs, d’inventeurs d’histoires et de créateurs de mythes. Il descend en droite ligne de cette tradition séculaire de conteurs populaires. Son bagout, son caractère extraverti font le reste.

À n’en pas douter, il y a dans ce grand talent de conteur une des clés de son succès auprès des masses. Au-travers de ses récits personnels, Hugo Chávez abandonne pour un instant ses habits de président et devient comme par enchantement un homme du peuple, avec ses rires, ses joies, ses peines, ses drames…

Surpris


Lorsqu’on lui annonça qu’on allait éditer un livre de contes sous son nom, il fut, dit-il, le premier surpris. Il était loin de se douter que quelqu’un allait se donner la peine d’éplucher les centaines d’émissions télévisées Aló Presidente qu’il avait présentées pour y extraire les histoires vécues qu’il y a racontées.  C’est pourtant ce que deux journalistes cubains, Orlando Oramas León et Jorge Legañoa, ont fait. Le résultat ? Un livre de contes intitulé Cuentos del arañero, signé par Hugo Chávez Frias.

El arañero ! Nom étrange, qui n’est pas directement compréhensible, même par les Vénézuéliens. Araña, pour tout le monde, c’est une araignée, mais arañero ? Il se fait qu’araña, c’est aussi, dans certaines régions du Venezuela, le nom d’une friandise traditionnelle, élaborée à base de papaye confite. Il se fait aussi que le jeune Hugo, âgé de 10 ou 11 ans, vendait dans les rues de son village, Sabaneta, les arañas qu’élaborait sa grand-mère Rosa Inés. Le petit Chávez était donc arañero, vendeur d’arañas !

Voilà qui nous place immédiatement dans la perspective du livre : un recueil de récits à la première personne. Ils appartenaient à l’origine à la sphère orale (les émissions d’Aló Presidente), puis ont été édités et remis en forme par les deux compilateurs. Ces derniers ont toutefois respecté et conservé le caractère spontané de ces récits, et surtout leur langage direct, familier et imagé, celui qu’utilise volontiers Hugo Chávez pour s’adresser à son peuple, un langage issu en droite ligne du parler populaire vénézuélien et plus particulièrement llanero.

Plusieurs thèmes

 

Cuentos del arañero, Hugo ChavezLes deux journalistes ont regroupé ces « contes » sous plusieurs thèmes, qui illustrent autant de moments de la vie de Hugo Chávez : Histoires de famille, Chroniques de baseball, Dans la caserne, Les grands hommes, Hommes de révolution, Le llano, Embrasser les masses, Fidel

De quoi suivre la trajectoire humaine et politique de Hugo Chávez depuis un point de vue profondément personnel et subjectif. Quelques photos d’archives (dont celles qui illustrent cet article) complètent le recueil.

Véridiques, toutes ces histoires ? Elles sont sans aucun doute inspirées de la réalité, mais sont aussi passées par le filtre de la subjectivité et surtout du talent de conteur. Et sur ce point il n’y a aucun doute : ce sont bien des contes, et non des témoignages. Car, comme le dit Fidel Castro, qui connaît bien Chávez : Hugo remplitrellena») ses histoires. En d’autres termes, il complète, il exagère, il en remet !


En guise d’apéritif, je vous traduis un des ces contes, celui, précisément, où Hugo Chávez décrit son activité d’arañero :

 

El arañero


Vous savez que je vendais des arañas. Depuis mon plus jeune âge, j’avais plus ou moins la notion de ce qu’est l’économie productive et de comment vendre quelque chose, comment mettre quelque chose sur le marché. Ma grand-mère terminait à peine les arañas que je sortais en courant. Où est-ce que j’allais vendre ? Au cimetière ? Ce serait une folie. Il n’y aurait là, au plus, qu’une dame arrangeant une tombe, au mieux un enterrement. S’il y avait un enterrement, alors je pourrais en profiter, pas vrai ? Mais non, où aller ? Au jeu de boules. Plus d’une fois, mon père m’a grondé : “Qu’est-ce que tu fais par ici ?” “Je vends des arañas, papa”. Chaque après-midi, à cinq  heures, tous les hommes du village se rencontraient là-bas. Mon père jouait aux boules parce qu’il est gaucher et qu’il était un bon lanceur.


Au jeu de boules je vendais la moitié, et ensuite au ciné. Le lieu de rendez-vous, c’était la place Bolívar. À la sortie de la messe j’étais là. voyez, avec mon truc ici : “Arañas bien chaudes”, ou quelque chose comme ça. Et j’ajoutais des vers de ma composition : “Arañas bien chaudes pour les petites vieilles qui n’ont pas de dents”, “arañas délicieuses pour les jolies filles”, des trucs comme cela. Arañas bien chaudes, arañas bien sucrées, pour je ne sais quoi… J’inventais, j’ai déjà presque oublié ce que je disais. Les filles, je leur faisais la chanson. Aah! si passait par là Ernestina Sanetti, je lui chantais une chanson. Ernestina Sanetti, Telma González, les plus jolies filles du village. Je vendais alors mes arañas où se trouvait le marché, là où se rencontraient les gens.

Comment oublier les fêtes de Sabaneta! J’étais enfant de choeur, je sonnais les cloches, et les jours de fête il fallait les faire sonner fort. Et la grand-mère: “Mon petit Hugo, il faut aller chercher plus de papayes !” Parce que les jours normaux je ne vendais pas plus de vingt  arañas ; elle étaient à deux bolìvars cinquante. Par contre, pendant les fêtes, on vendait jusqu’à cent arañas par jour. Ma grand-mère se levait très tôt. Je l’aidais ; je mangeais les petites pattes des arañas. J’en offrais une à Hilda, elle me plaisait bien cette petite-là. Il me restait au moins deux lochas [25 centimes] par jour, pour monter dans les montagnes russes et le tour de la lune. J’aimais aller au cirque et voir les jolies trapézistes qui se lançaient. De temps en temps, il y avait un éléphant, un tigre dans une cage, et on vivait les illusions du mois d’octobre. Et les fêtes patronales, dites-moi ! Non! on était en situation d’urgence, il fallait chercher des papayes je ne sais où, jusque là-bas à la rivière, parce qu’on en vendait beaucoup, et en plus on n’avait pas de concurrence. La seule maison où on faisait des arañas dans le village, c’était chez Rosa Inés Chávez. Oui, un vrai monopole.

Pour ceux qui lisent l’espagnol 
et veulent en découvrir plus : le texte intégral :
Télécharger ici !


Source : article et photos de