samedi 6 octobre 2012

Guadeloupe, l’économie de la connaissance à l’honneur

 Enseignement supérieur et Recherche, 1ère phase d'échange et de consultation sur l'économie du savoir
  
Par Josette BOREL-LINCERTIN,

Universités et recherche en débat : Ce sont tenues les ASSISES DE L’ENSEIGNEMENT SUPéRIEUR ET DE LA RECHECHE, le 3 et 4 octobre 2012 en Guadeloupe. Extraits du discours introductif de la Présidente du conseil régional de Guadeloupe, du 3 octobre 2012, Madame Josette Borel-Lincertin : « Notre première richesse est avant tout la matière grise »

Mesdames et Messieurs,

La Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Madame Geneviève FIORASO, a lancé conformément à l’engagement du président de la République, ce grand chantier des «Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche ».

Ces assises, qui se déroulent en trois phases – une consultation nationale, les assises territoriales, puis les Assises Nationales –, ont pour finalité de refonder avec cohérence et efficience, et sur des bases durables, l’ensemble du système de l’enseignement supérieur et de la recherche, et de redonner confiance et perspectives aux acteurs qui le font vivre.

Et je tiens d’ores et déjà à souligner l’originalité de la démarche, qui rompt avec des anciennes pratiques de gouvernance menées au plus haut niveau de l’Etat, où tout était décidé d’en haut, quelquefois autoritairement, après un semblant de concertations.

Il s’agit bien là d’un nouveau mode de gouvernance horizontal et non plus exclusivement vertical, c’est-à-dire une approche novatrice et intéressante d’une certaine forme de démocratie participative.

Récemment, la même approche a été mise en œuvre dans le cadre de la grande consultation sur la refondation de l’école, dont les débats et les propositions en Guadeloupe ont été très riches, et je remercie chaleureusement le Recteur et ses services pour la qualité de l’organisation de ces débats, auxquels ont participé activement les représentants élus et administratifs du Conseil régional.


Nous attendons maintenant, non sans une certaine impatience, les fruits de cette grande consultation, qui se traduiront notamment par l’adoption d’ici quelques mois d’une nouvelle loi d’orientation sur l’Ecole, et dont nous souhaitons résolument que soient prises en compte nos spécificités insulaires, socioéconomiques et culturelles, à partir d’un cadre national de l’école républicaine à laquelle nous demeurons tous attachés.


Aussi, je souhaiterais que nous, collectivité régionale, puissions davantage et en bonne intelligence, user de notre droit à l’expérimentation – droit constitutionnellement garanti –, y compris dans le domaine de l’éducation.

Par exemple, une proposition fort intéressante et innovante a germé lors des débats de l’atelier présidé par mon collègue André Atallah, qui traitait de la thématique « une école plus juste pour tous les territoires » :

Celle de la mise en œuvre de projets de territoires éducatifs par bassins, en particulier ceux cumulant le plus de handicaps et de retards, et rassemblant tous les acteurs du territoire – établissements scolaires, communes, communautés de communes, Région, Département, associations, entreprises –, autour d’objectifs communs pour la réussite de tous les élèves, en tenant compte de tous les freins environnementaux à leur réussite (cadre socio-familial, transport, logement, accès aux activités sportives, culturelles et périscolaires).

Or, certains responsables éducatifs de Marie-Galante ont émis des propositions en ce sens, j’étudierai donc avec attention, en étroite collaboration avec le Recteur et ses services ainsi que les élus locaux, la faisabilité d’une telle première expérimentation à Marie-Galante, pour en évaluer ensuite la pertinence et la généralisation sur tout le territoire et, pourquoi pas, exporter cette idée à l’échelle nationale.

Et, c’est dans le même esprit et avec la même ambition pour le développement de mon pays, que je participe avec grand intérêt à ces assises de l’enseignement supérieur et de la recherche.

La présence dans cet amphithéâtre de nombreux universitaires, chercheurs, étudiants, représentants du monde de l’éducation, de l’entreprise et de la société civile, des chambres consulaires, témoigne, je veux le croire, d’une mobilisation de l’ensemble de la société guadeloupéenne sur un sujet aussi important : celui du devenir et de la refondation de l’enseignement supérieur et de la recherche, au service de la réussite sociale et professionnelle de tous nos étudiants, mais aussi au service du développement économique de notre archipel.

Car, dans un petit territoire insulaire comme le nôtre, qui ne dispose pas de matières premières, et qui cumule tant de handicaps et de contraintes structurels, quelle est notre première richesse sinon avant tout la « matière grise » ?

Et tout comme mon prédécesseur Victorin Lurel, aujourd’hui ministre des Outre-mer, je crois à « l’économie de la connaissance », en réelle congruence avec nos spécificités géographiques et socioéconomiques, mais qui suppose donc que nous ayons une université et des formations supérieures de qualités et en adéquation avec les besoins du territoire, y compris à l’échelle du bassin caribéen, et une relation plus efficiente, voire même une vraie synergie, entre le monde de la recherche et celui des entreprises ainsi que des décideurs publics en charge de l’innovation et du développement économique.

Nous le savons pertinemment, le développement économique de la Guadeloupe est étroitement lié à notre capacité à court et moyen terme à innover dans des secteurs clés tels que les énergies renouvelables, la biodiversité, les nouveaux matériaux, les nouvelles technologies de la communication et le numérique, le management et l’ingénierie de projet, mais aussi, trop souvent le parent pauvre des financements de recherche, celui des sciences humaines, des lettres et des arts, qui contribuent pourtant ardemment à donner sens à notre vivre-ensemble, et sont en quelque sorte l’âme de notre pays.

(...)

Enfin, certains au sein de l’université, et à juste titre, déplorent l’absence d’une instance de concertation institutionnelle regroupant l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, le rectorat, les collectivités territoriales, les entreprises, les chambres consulaires, les services déconcentrés de l’Etat concernés. 

Aussi, à l’instar de ce qui existe déjà dans l’éducation nationale avec le Conseil territorial de l’éducation, je vous soumets modestement l’idée de créer, quitte à ce que dans un premier temps nous usions de notre droit à l’expérimentation, cette instance de concertation au sein du pôle Guadeloupe de l’Université des Antilles et de la Guyane. 

Je m’y engage solennellement devant vous, dès lors que cette idée aura reçu l’assentiment du plus grand nombre au sein de ces assises.

Merci de m’avoir prêtée attention, et je vous souhaite de bons et fructueux travaux.

Josette BOREL-LINCERTIN, Présidente du Conseil régional de la Guadeloupe.


Source : Conseil régional de Guadeloupe