Enseignement supérieur et Recherche, 1ère phase d'échange et de consultation sur l'économie du savoir
Par Josette BOREL-LINCERTIN,
Universités et recherche en débat : Ce sont tenues les ASSISES DE L’ENSEIGNEMENT SUPéRIEUR ET DE
LA RECHECHE, le 3 et 4 octobre 2012 en Guadeloupe. Extraits du discours introductif de la Présidente du conseil
régional de Guadeloupe, du 3 octobre 2012, Madame Josette Borel-Lincertin : « Notre première richesse est avant tout la matière
grise »
La Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche,
Madame Geneviève FIORASO, a lancé conformément à l’engagement du président de
la République, ce grand chantier des «Assises de l’enseignement supérieur et de
la recherche ».
Ces assises, qui se déroulent en trois phases – une
consultation nationale, les assises territoriales, puis les Assises Nationales
–, ont pour finalité de refonder avec cohérence et efficience, et sur des bases
durables, l’ensemble du système de l’enseignement supérieur et de la recherche,
et de redonner confiance et perspectives aux acteurs qui le font vivre.
Et je tiens d’ores et déjà à souligner l’originalité de la
démarche, qui rompt avec des anciennes pratiques de gouvernance menées au plus
haut niveau de l’Etat, où tout était décidé d’en haut, quelquefois
autoritairement, après un semblant de concertations.
Il s’agit bien là d’un nouveau mode de gouvernance
horizontal et non plus exclusivement vertical, c’est-à-dire une approche
novatrice et intéressante d’une certaine forme de démocratie participative.
Récemment, la même approche a été mise en œuvre dans le
cadre de la grande consultation sur la refondation de l’école, dont les débats
et les propositions en Guadeloupe ont été très riches, et je remercie
chaleureusement le Recteur et ses services pour la qualité de l’organisation de
ces débats, auxquels ont participé activement les représentants élus et
administratifs du Conseil régional.
Nous attendons maintenant, non sans une certaine impatience,
les fruits de cette grande consultation, qui se traduiront notamment par
l’adoption d’ici quelques mois d’une nouvelle loi d’orientation sur l’Ecole, et
dont nous souhaitons résolument que soient prises en compte nos spécificités
insulaires, socioéconomiques et culturelles, à partir d’un cadre national de
l’école républicaine à laquelle nous demeurons tous attachés.
Aussi, je souhaiterais que nous, collectivité régionale,
puissions davantage et en bonne intelligence, user de notre droit à
l’expérimentation – droit constitutionnellement garanti –, y compris dans le
domaine de l’éducation.
Par exemple, une proposition fort intéressante et innovante
a germé lors des débats de l’atelier présidé par mon collègue André Atallah,
qui traitait de la thématique « une école plus juste pour tous les territoires
» :
Celle de la mise en œuvre de projets de territoires
éducatifs par bassins, en particulier ceux cumulant le plus de handicaps et de
retards, et rassemblant tous les acteurs du territoire – établissements
scolaires, communes, communautés de communes, Région, Département,
associations, entreprises –, autour d’objectifs communs pour la réussite de
tous les élèves, en tenant compte de tous les freins environnementaux à leur
réussite (cadre socio-familial, transport, logement, accès aux activités
sportives, culturelles et périscolaires).
Or, certains responsables éducatifs de Marie-Galante ont
émis des propositions en ce sens, j’étudierai donc avec attention, en étroite
collaboration avec le Recteur et ses services ainsi que les élus locaux, la
faisabilité d’une telle première expérimentation à Marie-Galante, pour en
évaluer ensuite la pertinence et la généralisation sur tout le territoire et,
pourquoi pas, exporter cette idée à l’échelle nationale.
Et, c’est dans le même esprit et avec la même ambition pour
le développement de mon pays, que je participe avec grand intérêt à ces assises
de l’enseignement supérieur et de la recherche.
La présence dans cet amphithéâtre de nombreux
universitaires, chercheurs, étudiants, représentants du monde de l’éducation,
de l’entreprise et de la société civile, des chambres consulaires, témoigne, je
veux le croire, d’une mobilisation de l’ensemble de la société guadeloupéenne
sur un sujet aussi important : celui du devenir et de la refondation de
l’enseignement supérieur et de la recherche, au service de la réussite sociale
et professionnelle de tous nos étudiants, mais aussi au service du
développement économique de notre archipel.
Car, dans un petit territoire insulaire comme le nôtre, qui
ne dispose pas de matières premières, et qui cumule tant de handicaps et de
contraintes structurels, quelle est notre première richesse sinon avant tout la
« matière grise » ?
Et tout comme mon prédécesseur Victorin Lurel, aujourd’hui
ministre des Outre-mer, je crois à « l’économie de la connaissance », en réelle
congruence avec nos spécificités géographiques et socioéconomiques, mais qui suppose
donc que nous ayons une université et des formations supérieures de qualités et
en adéquation avec les besoins du territoire, y compris à l’échelle du bassin
caribéen, et une relation plus efficiente, voire même une vraie synergie, entre
le monde de la recherche et celui des entreprises ainsi que des décideurs
publics en charge de l’innovation et du développement économique.
Nous le savons pertinemment, le développement économique de
la Guadeloupe est étroitement lié à notre capacité à court et moyen terme à
innover dans des secteurs clés tels que les énergies renouvelables, la
biodiversité, les nouveaux matériaux, les nouvelles technologies de la
communication et le numérique, le management et l’ingénierie de projet, mais
aussi, trop souvent le parent pauvre des financements de recherche, celui des
sciences humaines, des lettres et des arts, qui contribuent pourtant ardemment
à donner sens à notre vivre-ensemble, et sont en quelque sorte l’âme de notre
pays.
(...)
Enfin, certains au sein de l’université, et à juste titre,
déplorent l’absence d’une instance de concertation institutionnelle regroupant
l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, le
rectorat, les collectivités territoriales, les entreprises, les chambres consulaires,
les services déconcentrés de l’Etat concernés.
Aussi, à l’instar de ce qui
existe déjà dans l’éducation nationale avec le Conseil territorial de
l’éducation, je vous soumets modestement l’idée de créer, quitte à ce que dans
un premier temps nous usions de notre droit à l’expérimentation, cette instance
de concertation au sein du pôle Guadeloupe de l’Université des Antilles et de la Guyane.
Je m’y engage
solennellement devant vous, dès lors que cette idée aura reçu l’assentiment du
plus grand nombre au sein de ces assises.
Merci de m’avoir prêtée attention, et je vous souhaite de
bons et fructueux travaux.
Josette BOREL-LINCERTIN, Présidente du Conseil régional de
la Guadeloupe.
Source : Conseil régional de Guadeloupe