du palmier à huile
en Amazonie
Par Icra international
La surface plantée de palmiers à huile
au Brésil a toujours été relativement faible, par rapport à d’autres
pays producteurs latino-américains. Pourtant, tout semble indiquer que
les transnationales brésiliennes les plus grandes, comme Vale et
Petrobras, ont l’intention de développer rapidement les plantations de
ce genre dans le but de produire du biodiesel, surtout dans l’État de
Pará, au grand désespoir des communauté autochtones notamment les Tembé.
Au cours des dernières décennies,
l’entreprise qui a le plus développé les plantations industrielles de
palmier à huile dans l’État de Pará est la société brésilienne
Agropalma, qui en possède aujourd’hui 39 000 hectares propres et 10 000
hectares appartenant à des agriculteurs.
Sa production principale a
toujours été l’huile de palme pour l’élaboration d’aliments, de
cosmétiques et de produits chimiques. Naguère encore, la production de
biodiesel était considérée comme inviable. Or, la situation est en train
de changer depuis que des transnationales ont commencé à s’introduire
dans le secteur des plantations de palmiers.
Un nouveau projet de Vale, une des plus
grandes entreprises minières du monde, est maintenant en cours.
L’objectif de Vale est de produire du biodiesel pour les trains de
l’entreprise, qui transportent de façon ininterrompue le minerai de fer
de la région de Carajás jusqu’à la côte. De là, la matière première est
exportée vers les grands marchés consommateurs.
D’après l’entreprise, le projet de Biopalma “contribuera
à la matrice énergétique de Vale de façon renouvelable et durable, et
collaborera à la préservation de l’environnement”. En plus, il s’agirait d’un “vecteur social positif” et d’un moyen de “générer des revenus et de favoriser l’établissement des paysans”.
Vale ajoute que le projet diminuerait aussi les émissions de carbone de
l’entreprise grâce à l’utilisation de biodiesel à la place du diesel
conventionnel.
L’autre transnationale qui est en train
d’investir dans le palmier à huile à Pará est Petrobras, la pétrolière
d’État du Brésil, une des plus grandes d’Amérique. Un de ses projets
consiste à planter de palmiers, à partir de 2013, 24 000 hectares de
terres appartenant à 1 250 agriculteurs. D’autre part elle s’est
associée avec la multinationale pétrolière portugaise Galp Energia pour
constituer la société Belém Bioenergia.
Le projet consiste à planter 50
000 hectares de palmiers en travaillant avec 1 000 agriculteurs. La
production escomptée est de 300 000 tonnes d’huile par an et elle sera
exportée au Portugal, où l’on installera une raffinerie dans la ville de
Sines pour produire, à partir de 2015, du greendiesel ou “diesel vert” à destination des marchés du Portugal et d’Espagne.
Le progrès exponentiel du palmier au
Brésil, qui bénéficie de l’appui du gouvernement, soulève plusieurs
inquiétudes. Premièrement, il s’agit d’un projet avantageux pour deux
entreprises de grande envergure, connues pour avoir causé de graves
dégâts dans les régions où elles s’établissent : Vale, au Mozambique par
exemple, par ses activités minières ; Petrobras, au Brésil, par ses
effets sur la vie des pêcheurs.
En 2012, Vale a remporté le “Public Eye Award”, un “prix” international
décerné à l’entreprise qui a causé le plus de problèmes d’ordre social
et environnemental et dans le domaine du travail.
Si, d’une part, la production de
palmiers peut être profitable à un groupe d’agriculteurs familiaux qui
vont les cultiver et vendre les fruits à Vale ou à Petrobras, d’autre
part ces mêmes agriculteurs deviennent dépendants de l’entreprise et
doivent céder à ces transnationales une partie de leurs petites terres,
pendant une longue période et pour un système de monoculture à base de
produits chimiques.
Ainsi, les entreprises accaparent de plus en plus de
terres dans un État qui est considéré comme le plus violent du Brésil
en raison de graves conflits fonciers entre les grands propriétaires et
les familles sans terre, et de l’absence d’une politique structurelle de
réforme agraire de la part du gouvernement fédéral.
Finalement, l’accumulation de terres
n’a pas lieu seulement dans les zones de production de palmiers. Vale,
par exemple, affirme que chaque hectare planté implique la préservation
d’un hectare de forêt indigène, et que la plantation de palmiers est une
manière de “récupérer” les terres.
Or, il ne faut pas oublier
que la préservation de la forêt indigène est obligatoire selon la
législation brésilienne, et que le fait d’avoir des forêts permet à Vale
de faire des profits au moyen, par exemple, de la commercialisation du
carbone sur le marché des “services écologiques” qui est en
train de se développer très vite au Brésil, et grâce à une série de
réformes législatives qui portent sur le Code forestier et sur de
nouvelles lois qui régissent les questions de ce genre.
Malgré les discours “verts”,
la production de palmiers à huile a déjà suscité des conflits ; ainsi,
le peuple indigène Tembé s’est plaint de la pollution des sources d’eau
de son territoire provoquée par l’application de produits toxiques dans
les zones plantées de palmiers.
D’après un cacique de la région, “pour nous, le palmier ne marche pas ; ce qui marche c’est le riz, les haricots, les poulets et les poissons”. Ils ont dit aussi que “le
guariba est silencieux maintenant, parce que le gibier et les poissons
sont en train de disparaître à cause du déboisement, et les animaux
n’ont plus de place pour se cacher en dehors de notre zone”.
Source : ICRA International
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