Par Lionel Mesnard
Tout à chacun peut avoir pour image l’Indien et son carquois de flèche et ce qu’il peut conditionner comme préjugés ou uniformisation du jugement. Dans ce cas, il devient difficile de toucher à la complexité du genre humain et de comprendre qu’un Awa, un Inuit, un Mapuche, un Maya, un Navajo a aussi des droits et qu’il est un sujet à part entière de ce monde et non pas un objet de curiosité.
Le danger est de renvoyer des humains à leurs appartenances ethniques, pire à des apparences primitives, voire à être des cas d’exception (la marge), ou à n’être qu’un objet photographique pour touriste en goguette ou un témoignage d’un passé perdu. Tous ces groupes humains sont réels, vivent dans les mêmes temps que vous et moi, à la différence qu’ils sont les premiers exposés aux crises de toutes sortes, et en premier lieu économiques et sociales et climatiques.
Environ 370 millions de personnes sur la planète appartiennent à ce que l’on nomme les peuples originaires, natifs, premiers ou autochtones, dont 70% pour le seul continent asiatique. Le terme « indigène » est le plus utilisé en espagnol, mais il renvoie à d’autres histoires coloniales et peut prêter à un amalgame historique qui n’a pas lieu. Pareillement pour le terme « ethnie », il provient de la science du même nom et n’a pas grand-chose à voir avec l’usage abusif dont il est fait.
Pour le seul continent américain, les peuples originaires sont encore majoritaires dans des pays comme la Bolivie et le Guatemala. Si dans certains pays américains, ils ne sont plus que des groupes minoritaires, c’est en raison du génocide colonial opéré par la couronne espagnole au sud, plus tardivement au nord par les colons européens.
L’idée n’est pas de défendre une position culturaliste, de jouer les apprentis anthropologues, mais de chercher ce qui fait lien entre des cultures antagoniques, où les voix du progrès pourraient être communes, à la condition de partager une idée commune du progrès. Mais cela demande aussi à entendre des populations, en dehors des représentations classiques et à prendre en compte l’oralité, non pas comme un défaut de « civilisation », mais comme un outil de transmission du savoir.
Le problème majeur est que depuis la conquête espagnole et portugaise au 15ème siècle, l’on retrouve depuis toujours des populations asservies, méprisées, et soumises de nos jours à des impératifs économiques et financiers voraces ou droits humains et rentabilité ne font pas bon ménage.
En Colombie, 63 pour cent des amérindiens vivent dans la misère, soit au-dessus d’une moyenne déjà importante d’un Colombien sur deux vivant dans la pauvreté. Au chili, là où les Mapuches avoisinent 50 pour cent de la population dans la région d’Araucanie, les paramètres économiques et sociaux sont aussi mauvais, et met bonne dernière une région ou règne des exploitations forestières, agricoles et minières très juteuses en valeur ajoutée et fondée au 19ème siècle sur une colonisation des terres par l’état chilien distribuée à quelques familles possédantes.
Deux exemples, parmi beaucoup d’autres sur la nature de l’oppression toujours aussi vivace que subissent les Amérindiens. Si, des avancés au Canada et aux Etats-Unis ont pu ces dernières décennies être constatées, les conflits opposants les états américains du centre, du sud du continent et le Mexique aux populations autochtones, mettent toujours en danger ces derniers.
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