samedi 13 octobre 2012

Amazonie, commémoration du génocide des Amérindiens

Cent ans après, 
l’Amazonie commémore l’un de ses épisodes les plus tragiques


Par BBC Mundo, Notes et traduction de Libres Amériques

« Brêve histoire du génocide de la CASA ARANA en Colombie» : Le génocide des Amérindiens du temps de l’exploitation du caoutchouc en Amazonie reconnu officiellement par la Grande-Bretagne et la Colombie. Le 12 octobre 2012 en Colombie, une page de la mémoire historique s’est ouverte sur le génocide des populations amérindiennes (Brésil, Colombie et Pérou) de l’Amazonie, et l’on ne peut que souhaiter que les paroles se transforment en actes.

Que d’une part cesse l’exploitation abusive des ressources amazoniennes et qu’il puisse un jour être offert de véritables compensations pour des crimes contre l’Humanité qui remontent aux premiers âges de la conquête espagnole et sans véritables fins.

Cela passe d’abord par l’application de la Convention 169 de l’OIT et textes existants de l’ONU, mais surtout, que cesse les violences constatées à l’encontre des peuples originaires, notamment en Colombie et qui ont toujours lieu de nos jours dans une bonne partie de l’Amérique Latine. (Notes de Libres Amériques)

Cent ans après, l’Amazonie commémore l’un de ses épisodes les plus tragiques

Les amérindiens de la région de l’Amazonie ont gardé le silence pendant 100 ans sur l’humiliation, la douleur et la mort occasionnée au début du vingtième siècle par l’exploitation du caoutchouc.

Mais ce 12 octobre 2012, les Uitotos, les Okainas et les Muinanes commémoreront publiquement la tragédie, convaincus, qu’un futur meilleur ne peut faire abstraction des enseignements du passé.

« L’objectif est de revenir sur  ce qui s’est passé, il y a cent ans, et changer toute cette mauvaise histoire en bonnes choses au bénéfice de la nouvelle génération », a déclaré à BBC Monde Jesús Teteye (médecin traditionnel), amérindien Taita du peuple Bora, l'une des communautés qui a failli être décimé par les entrepreneurs du caoutchouc.

Nous avons une histoire si grande, si forte, si douloureuse… Mais les plus âgés sont déjà entrain de clore une partie de cette histoire, pour, comme nous disons par ici, « ouvrir une nouvelle corbeille », a expliqué pour sa part Raúl Teteye, recteur du collège autochtone qui actuellement travaille dans l'infâmante « Casa Arana », à La Chorrera dans le département colombien de l'Amazone.

« La Casa Arana » est le centre de commémoration qui réunit (le 12 octobre 2012) des amérindiens du Pérou et du Brésil, ainsi que les représentants de la communauté internationale et du gouvernement colombien.

La construction était, il y a cent ans, le centre principal d'approvisionnement en caoutchouc de la région. Et sa propriétaire, la Peruvian Amazon Company (PAC est péruvienne et britannique), a fait sa fortune en exploitant brutalement les peuples Amérindiens amazoniens, au moyen de la menace, de la torture, de l'esclavage et du meurtre.

Le génocide

Les abus de la caoutchouterie ont été documentés à son temps par le consul britannique de Manaus, Roger Casement, le protagoniste du roman de Mario Vargas Llosa " Le Rêve du Celte" ("El sueño del celta").

Selon le « livre bleu du Putumayo », publié en 1912, à cette même date, ce sont plus de 40.000 amérindiens qui ont été tués pendant la première fièvre du caoutchouc. Et comme résultat des plaintes de Casement, la multinationale (PAC) s’est dissoute une année après.

« La Casa Arana », cependant, elle continuera son exploitation jusqu’en 1932. Et, les originaires de la région estiment, qu’au total, ce sont 100.000 vies qui ont été perdues en raison des abus des entrepreneurs du caoutchouc.

« Ce fut un génocide. C’est quelque chose qui n’est pas connu en dehors de la Colombie, mais qui a une très grande importance et beaucoup de signification dans les affaires de droits humains, de l’environnement, droits des autochtones et des investissements » a déclaré à BBC Monde, l’ambassadeur du Royaume Uni en Colombie, John Dew, un des invités de cette commémoration.

« Et il est important de montrer avec ma présence, que les temps ont changé et que nous avons le même engagement avec les droits humains aujourd’hui, que nous avions à l’époque de Casement » a ajouté le diplomate britannique.

Pour Raúl Teteye, pour sa part, cette rencontre est aussi une opportunité pour que les gouvernements de la Colombie, du Pérou, du Brésil « et surtout la Grande-Bretagne, qui a financé la part d’argent avec lequel l'entreprise a été faite ici, - qu’ils puissent en tirer pour l'avenir l'enseignement pour ses jeunes, de comment une personne humaine peut être dégradée, de comment un être humain peut être si horrible pour l'être humain, comme il fut à cette époque de la « Casa Arana ».

« Nous travaillons pour avoir cette espérance vers l'avenir », « Mais sans ignorer notre histoire si douloureuse. En sachant qu’à tout moment, dans d’autres parties ou dans le même lieu, tout peut recommencer à se produire » a-t-il ajouté.

Les excuses

L'occasion fut aussi marquée par les excuses que le président de la Colombie, Juan Manuel Santos, a données au nom de l'état colombien.

"Aux communautés des peuples Uitoto, Bora, Okaina, Muinane, Andoque, Nonuya, Miraña, Yukuna et Matapí, à tous, je demande un pardon pour ses morts, pour ses orphelins, pour ses victimes", a déclaré le mandataire dans un message envoyé depuis Bogotá.

« Ces communautés nous ont convoqués pour les nommer aujourd'hui, pour les reconnaître, pour les honorer, pour reconstruire avec eux la mémoire de ces faits. Ses enfants et ses petits - fils aujourd'hui nous convoquent pour demander, au nom de l'État colombien, un pardon par sa tragédie », a déclaré le président, qui avait à l’origine prévu d’assister à la commémoration, mais s'est vu obligé de rester dans la capitale colombienne pour des raisons médicales. 

Source : BBC Mundo