Gaspillage et cynisme
Par Alterpresse
L’odeur et la vue qui accueille le visiteur à cette sinistre collection de plus de 60 maisons et édifices multicolores frise l’obscénité. Certaines maisons sont jonchées d’excréments humains, leurs salons et cuisines fraichement construits transformés en latrines publiques. Quelques-unes semblent occupées par des « squatters ». La peinture est écaillée. Les portes ont été extirpées des charnières. Les toilettes et les éviers, arrachés.
 L’un des premiers projets de reconstruction haïtien à recevoir 
l’approbation, le financement et l’appui enthousiaste de l’ex-président 
Bill Clinton et sa fondation – soit plus de 2 millions $ US, de sources 
publiques et privées – est aujourd’hui qualifié de « farce », « un 
désastre » et de « gaspillage de fonds » par de nombreux participants et
 organisateurs.
L’un des premiers projets de reconstruction haïtien à recevoir 
l’approbation, le financement et l’appui enthousiaste de l’ex-président 
Bill Clinton et sa fondation – soit plus de 2 millions $ US, de sources 
publiques et privées – est aujourd’hui qualifié de « farce », « un 
désastre » et de « gaspillage de fonds » par de nombreux participants et
 organisateurs.
Quatorze mois après l’inauguration de l’Expo Habitat, tout près de la
 capitale, par Clinton, la plupart des maisons modèles sont toujours 
vides. Plus d’une douzaine ont été sévèrement saccagées.
Plutôt que d’accueillir quelques-uns des 1,3 million de sans abri du 
séisme du 12 janvier 2010, le site de l’Expo sert aujourd’hui de 
pâturage aux chèvres, venues brouter l’herbe folle sur ces nombreux 
hectares, réhabilités au coût de 1,2 millions $ US.
« Toutes ces maisons avaient un garde de sécurité », déclare une 
femme qui accueille les visiteurs à l’entrée d’une petite maison jaune, 
construite par la RCI Systems du Colorado et qui se vend à 10 000 $ US. 
Un matelas défait traine sur le sol derrière elle. « Plusieurs gardes 
sont partis parce qu’ils n’ont pas été payés. »
L’Expo est l’un des premiers projets de reconstruction à recevoir 
l’approbation de la Commission intérimaire pour la reconstruction 
d’Haïti (CIRH), présidée par MM. Clinton et Jean Max Bellerive, l’ancien
 premier ministre d’Haïti. L’idée était de « mettre en évidence les 
pratiques optimales pour la reconstruction de logements en encourageant 
des idées novatrices pour le secteur du logement haïtien » avec 
l’exposition et par la construction d’une « communauté exemplaire », 
d’après un document de la CIRH. Le projet a été également connu comme « Construire en mieux les communautés ».
La Fondation Clinton y a injecté 500 000 $ US ;
 la Banque interaméricaine de développement (BID), 1,2 millions $ US ; 
puis la Deutsche Bank Foundation et les gouvernements britannique et 
haïtien y ont également contribué, selon les responsables du projet. 
Aussi, plus de 60 firmes de construction et d’architecture ont dépensé 
des milliers de dollars : préparation des plans, importation des 
matériaux, frais de douanes, participation aux conférences et 
construction des maisons modèles, qui appartiennent maintenant au 
gouvernement haïtien.
 Quand Clinton et le Président Michel Martelly ont visité le site en 
juin 2011, l’ancien président étatsunien parlait aux journalistes d’un 
« nouveau début », et lorsqu’ils y sont revenus pour l’inauguration du 
21 juillet 2011, Martelly affirmait que le projet « méritait notre 
admiration ».
Quand Clinton et le Président Michel Martelly ont visité le site en 
juin 2011, l’ancien président étatsunien parlait aux journalistes d’un 
« nouveau début », et lorsqu’ils y sont revenus pour l’inauguration du 
21 juillet 2011, Martelly affirmait que le projet « méritait notre 
admiration ».
C’est tout ce qu’a dit Martelly avant de commencer à vanter les 
mérites de « Kay pa m » (« Ma maison »), un nouveau programme 
d’hypothèque visant la minuscule classe moyenne haïtienne. Depuis, 
l’Expo est tombé dans l’oubli, tout comme les firmes d’architectes, les 
constructeurs, le site et les maisons elles-mêmes.
Qu’est-il arrivé au projet ?
Là où certains organisateurs voyaient un succès, les architectes qui 
ont fourni ces maisons devenues des taudis y voient un échec total. Pourquoi ces maisons sont-elles toujours vides, alors que 300 000 victimes du séisme sont toujours sans domicile ?
À qui la responsabilité ?
Ayiti Kale Je (AKJ) s’est adressé aux principaux intervenants du 
projet* et à de nombreux participants, pour découvrir que, comme disait 
un constructeur potentiel : « Haïti est un pays d’irresponsables. Tout 
le monde a été payé, tout le monde a travaillé, mais personne n’est 
responsable. »
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