De retour de Colombie : deux jeunes volontaires suisses
témoignent
Par Emilie Boillat et André Aepli pour le PBI Suisse
Durant un an, Emilie Boillat et André Aepli ont été
volontaires pour PBI dans la région d'Urabá en Colombie. Maintenant qu'ils sont
de retour, ils reviennent sur un séjour varié, enrichissant mais pas toujours
facile. À Urabá, Emilie et André ont accompagné des communautés de petits
paysans déplacés et des ONG locales. Tous en ont commun de s'engager pour la
restitution des terres et de s'opposer à d'autres expulsions.
Après leur retour de Colombie, Emilie et André restent
préoccupés par la sécurité des défenseur-se-s qu'ils ont rencontré et
accompagné au cours de leur engagement. Malgré les négociations de paix entre
les autorités colombiennes et les Farc, le risque demeure particulièrement
élevé pour les activistes qui s'engagent pour les droits d'accès à la terre.
Après leur retour
Notre engagement nous a conduits à rester une année dans la
région d’Urabá, proche de la frontière avec le Panama. Zone tampon
géostratégique entre Amérique centrale et Amérique du sud, l’expulsion des
petits paysans constitue son problème principal. En Colombie, le nombre de
déplacés internes est le plus élevé au monde avec 4 millions de personnes selon
les données gouvernementales.
Les personnes que nous accompagnons s’engagent au sein de
leurs communautés ou d’ONG locales en faveur de la restitution des terres et
contre de nouvelles expulsions. Malgré les menaces et les agressions contre eux
et leurs familles, ils ne craignent pas de continuer à s’engager. Si une
communauté paysanne réussit à revenir sur ses terres, cela créerait un
précédent.
Une activité diversifiée
Dans notre travail, nous avons particulièrement apprécié
l’alternance entre les activités de bureau et les interventions sur le terrain.
Par exemple, un jour nous pouvions avoir des réunions avec les autorités ou
avec d’autres organisations internationales et le lendemain nous pouvions
rédiger une analyse des risques pendant notre permanence ou accompagner
l’arpentage d’une propriété dans une région éloignée.
Risques élevés pour les activistes des droits humains
En quittant la Colombie, nous sommes inquiets pour l’avenir
de ces personnes que nous avons appris à apprécier en tant que courageux
défenseur-se-s des droits humains ou parfois en tant qu’amis. Malgré les
négociations de paix, les risques restent élevés pour les activistes en faveur
du droit à la terre.
Au cours de notre séjour, il y a eu des moments difficiles ;
entre autres, l’attaque à main armée de Jesús Emilio Tuberquia, représentant de
la communauté de paix de San José de Apartadó ou l’assassinat de Manuel Ruíz,
représentant des personnes déplacées dans le processus de restitution des
terres au Curvaradó, ainsi que de son fils.
Le travail de PBI porte ses fruits
Néanmoins, nous avons à nouveau reçu la confirmation que
notre travail porte ses fruits. Par exemple, lorsque les gens nous ont confié
que sans l’accompagnement international ils auraient déménagé hors de leur
village ou qu’ils n’auraient pas osé réaliser un voyage risqué pour une
audience dans un tribunal.
Après une année d’engagement, nous sommes davantage
convaincus par la stratégie de l’accompagnement protecteur non armé. En tant
qu’œil de la communauté internationale, PBI permet à des Colombiens et à des
Colombiennes de s’engager pour défendre leur vision de la paix avec la
certitude qu’ils ne sont pas seuls.
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Sources : PBI