L’ÉTAT
JÉSUITE :
Extrait d’« Engels
et les « sauvages »
Par Patrick Choupaut
Le
côté artificiel, imposé de l’extérieur, des missions ou « réductions »
implantées par les jésuites au Paraguay aux XVIIe et XVIIIe siècles ne nous
semble pas un inconvénient dans le cadre de cette étude (Engels et les
Sauvages). Bien au contraire, cette expérience peut être riche d’enseignements
pour ceux qui prétendent ne plus laisser les choses se faire d’elles-mêmes,
mais peser sur le cours de l’histoire : à leur façon, c’est ce qu’ont fait les
jésuites.
Échafaudage
très curieux, la réduction gardait des traits de l’économie primitive en même
temps qu’elle avait une production marchande, et, pour couronner le tout, un
État dont la principale préoccupation était ... le salut des âmes ! Rappelons
d’abord pourquoi et comment ces réductions sont nées.
À
l’époque de la conquête européenne, les jésuites, eux, voulaient réaliser la «
conquête spirituelle » des indigènes. Ils se rendirent compte que si on voulait
convertir les Guaranis, la première chose à faire était les protéger des
chrétiens : le traitement réservé par ceux-ci aux Indiens ne pouvait provoquer
qu’une aversion définitive pour tout ce qui venait d’eux, y compris leur
religion.
C’est
pourquoi les jésuites demandèrent et obtinrent, par privilège royal, d’être
seuls responsables des Guaranis dans des sortes de réserves d’où seraient
formellement exclus les autres Européens. Et il est indéniable que les
réductions ont joué un rôle protecteur : la dépopulation y a sévi, comme dans
toute l’Amérique après l’invasion européenne, mais dans des proportions que,
pour un peu, on serait tenté de qualifier d’« acceptables » par rapport au
reste de la colonie.
On
a les chiffres comparés pour la période allant de 1690 à 1730 au Paraguay : 35%
de perte démographique dans les Réductions, près de 92% dans la petite partie
du Paraguay qui restait soumise à l’exploitation coloniale classique. Ce rôle protecteur suffit à expliquer pourquoi les
Guaranis ont accepté dans leur majorité de jouer le jeu bizarre auquel les
conviaient les missionnaires.
Les
jésuites durent donc imaginer une société qui, tout en étant un royaume de
spiritualité, n’oublierait pas pour autant de donner à manger à ses sujets. Et,
chose curieuse, ces professionnels des âmes ont apparemment mieux réussi dans
le domaine des corps. Pendant leur siècle et demi d’existence, les réductions
ont fait preuve d’une remarquable prospérité et d’un grand dynamisme
économique. En revanche, la conversion est toujours restée plutôt superficielle
: le chamanisme n’y a jamais disparu.
Il
fallait aux jésuites concilier deux impératifs : « civiliser » les Guaranis,
pour leur rendre accessible le message d’une religion née au royaume de la
propriété privée, et les faire vivre assez convenablement pour qu’ils aient
envie de rester dans les réductions et non de rejoindre leurs frères restés
libres dans la forêt.
Il
n’est donc pas étonnant que les missions aient présenté une allure passablement
hétéroclite par rapport aux sociétés connues : les jésuites ont dû inventer
quelque chose qui soit compatible avec leurs objectifs, lesquels étaient
parfois contradictoires, on va le voir. Un de leurs premiers soucis a été, par
exemple, d’imposer la famille monogamique occidentale. Les réductions ont
représenté pour les Guaranis un brutal bouleversement dans l’habitat, en
passant sans transition de la grande maison commune à la petite maison
individuelle.
D’autre
part, les missions bouleversaient aussi la coutume par leur taille :
Abritant
en moyenne quatre à cinq mille personnes, elles obligeaient à cohabiter des
lignages qui n’avaient aucun lien entre eux. Tout cela rendait impossible le
maintien du fonctionnement traditionnel de la communauté villageoise guaranie.
Mais l’organisation générale de la production, elle, devait éviter une rupture
trop profonde avec les habitudes des Indiens, sous peine d’être inefficace.
Aussi les jésuites en gardèrent-ils le principe communautaire.
Le
travail de la terre se faisait, pour l’essentiel, en commun, et les fruits du
travail étaient redistribués à tous. Les jésuites ayant inventé de nouveaux «
besoins », à commencer par celui de vêtements, qui supposait la culture et
l’élaboration du coton, il y avait plus de travail qu’aux temps de
l’indépendance. De plus, les jésuites développèrent l’artisanat, et cela à
l’occidentale : par spécialisation de certains individus, qui étaient donc
détachés de la production alimentaire directe. Mais, les produits de cette
activité étant d’intérêt général, ils étaient redistribués de la même façon que
les produits alimentaires, en fonction des besoins de chaque foyer, et en
l’absence totale de monnaie et de marché.
Cette
économie planifiée avant la lettre a secrété également d’autres activités. Il
fallait des « fonctionnaires » pour tenir la comptabilité et la gestion des
stocks, assurer la redistribution des denrées, etc., et aussi pour instruire
les enfants puisque la scolarisation élémentaire était générale pour les
garçons. Les Guaranis des missions se répartissaient donc en trois groupes
sociaux : agriculteurs, artisans et fonctionnaires, embryons de classes
sociales, mais qui, à cause du système communautaire et centralisé, ne
suivaient guère leur propre logique de développement. S’il y avait bien une
très nette division du travail, elle ne se cristallisait pas en classes
sociales à intérêts divergents.
À
cet étrange « communisme », les jésuites combinèrent des traits d’économie
marchande. Les réductions ne
produisaient pas tout ce dont elles avaient besoin, en particulier
l’indispensable matière première qu’était le fer, ni... les hosties et le vin
de messe ! Aussi, pour financer les achats à l’extérieur, les jésuites
s’attachèrent-ils à dégager des excédents de production commercialisables en
dehors des réductions. Ces « exportations » consistèrent essentiellement en
maté et en produits d’artisanat. Mais il faut remarquer que malgré
l’incontestable succès de cette politique commerciale, les jésuites ne se sont
pas laissé entraîner par la logique marchande : ces exportations n’ont jamais
constitué plus que l’indispensable complément à la production des réductions,
qui visait autant que possible à l’autosuffisance.
D’autre
part, les missionnaires tentèrent, mais sans grand succès cette fois, de
transformer les Guaranis agriculteurs en petits producteurs individuels. À côté
du secteur communautaire, ils créèrent un secteur bâtard, semi-privé. À chaque
foyer était attribué un lopin, qui restait propriété de la réduction, mais dont
la récolte allait au foyer qui la cultivait. Les jésuites s’étaient inspirés de
traditions andines (voir le chapitre suivant), mais à vrai dire en les vidant
de leur contenu. Leur projet était d’arriver à assurer par ce secteur individuel
la production strictement alimentaire. Mais ce fut un échec cuisant,
apparemment pour deux raisons.
La
première était que cela ne cadrait absolument pas avec la mentalité guaranie,
et la seconde que le système jésuite était si bien parvenu à décerveler les
Indiens qu’ils en avaient oublié que, pour planter, il faut des semences. De
nombreux témoignages de missionnaires, surtout au XVIIIe siècle, insistent sur
l’incurable « imprévoyance » des Guaranis qui, si on les laissait faire,
consommaient leur maïs jusqu’au dernier grain, sans mettre de côté de quoi
semer l’année suivante. Comment un peuple de tradition agricole peut-il en
arriver à effacer de sa mémoire collective un acquis aussi élémentaire ?
Il
est probable que la réponse se trouve dans le fonctionnement politique des
missions, c’est- à-dire dans l’implacable État policier qu’avaient mis sur pied
les jésuites.
On
peut en donner dès maintenant un résumé brutal, mais pas caricatural : en face
de quatre ou cinq mille Indiens, dans chaque réduction, tout le pouvoir était
concentré dans les mains des deux missionnaires. Et comme eux-mêmes faisaient
partie d’un ordre fortement hiérarchisé, on peut aller plus loin : tout le
pouvoir, sur l’ensemble du Paraguay de l’époque, était concentré dans les mains
du Provincial des jésuites.
L’existence
officielle d’« autorités » indiennes ne parvenait pas à masquer cette réalité
crue. Ces « autorités », par une
manière de synthèse des coutumes guaranies et du droit espagnol — censé
s’appliquer dans les missions — étaient constituées par les mburuvicha des
différents villages regroupés dans la réduction.
L’ensemble
de ces chefs formait une sorte de conseil municipal, le cabildo, qui élisait en
son sein un corregidor (maire), des adjoints, des juges et un chef de police,
et prenait l’avis des « techniciens », les fonctionnaires responsables des
stocks et des ateliers. Ces dignitaires avaient droit à quelques privilèges de
pur prestige (vestimentaires, par exemple), ce qui était assez conforme à la
tradition guaranie. Mais ils jouissaient également d’un autre privilège plus
lourd de conséquences : leurs enfants, scolarisés à part et à un degré beaucoup
plus poussé que le commun, fourniraient les futurs fonctionnaires. Cela aurait
pu, à la longue, déboucher sur la naissance d’une caste de « mandarins » ou une
espèce de « nomenklatura ».
Mais
ce qui a sans doute freiné l’essor de ce processus, c’est que cette caste en
devenir n’était associée au pouvoir que pour la façade. Le cabildo, quand il
prenait des décisions, le faisait sous la dictée des jésuites. Les juges leur
demandaient quelle sentence prononcer, en application de lois qui étaient
édictées par le Provincial de l’ordre. Toutes les orientations économiques, et
notamment l’affectation du réinvestissement des bénéfices des exportations,
étaient du domaine exclusif des missionnaires. Les éventuelles décisions
militaires aussi (les réductions étaient puissamment organisées pour
l’autodéfense), et les jésuites ne se séparaient à aucun moment des clés de
l’armurerie. Et si jamais un aspect manquait dans cette énumération, ce serait
qu’on l’a oublié !
Les
prétendues « autorités » indiennes n’étaient donc au mieux qu’une partie, et
pas la plus décisive, des courroies de transmission mises en place par les
jésuites pour faire appliquer leurs ordres. L’essentiel de l’appareil d’État jésuite était constitué de tout un
réseau de chefaillons et de mouchards : contremaîtres pour le travail, chefs
d’îlots pour les habitations, celadores (surveillants) pendant les nombreuses activités
religieuses, sentinelles chargées en principe de prévenir les dangers
extérieurs, mais qui rapportaient directement aux jésuites les plus minimes
incidents survenus à l’intérieur.
Il
n’existait pas de force armée séparée et permanente : l’« armée guaranie » —
qui constituait la principale puissance militaire de la région — était une «
armée populaire » composée par les habitants des réductions, soit dans leur
ensemble, au moment des grandes alertes, soit à tour de rôle pour les tâches
quotidiennes. On n’a pas pu éclaircir tout à fait un doute, mais qui ne porte
guère que sur un détail : existait-il ou non un peloton permanent autour de
l’alguacil (chef de police) ? Si c’était le cas, il était fort réduit, de
l’ordre de la demi-douzaine au maximum ; mais apparemment il s’agissait là
encore de Guaranis « de base » officiant par roulement.
Et
pourtant, même en l’absence de cet organe essentiel, il n’y a aucun doute
possible : l’État jésuite en était bien un, avec tout le reste de ses organes,
y compris la prison. Car les jésuites avaient réalisé le rêve de tout régime :
la force de coercition se trouvait en chacun des Guaranis, devenu son propre
flic et celui de ses voisins. Par un de ces prodigieux tours de passe-passe
dont ils étaient capables, ils avaient réussi à s’appuyer sur la vieille
coutume guaranie de respecter les règles communes qui garantissaient l’égalité
et la liberté, alors qu’à présent c’étaient eux qui fixaient ces règles, et pas
vraiment dans une optique libertaire.
Les
réductions étaient le royaume de Dieu sur la terre, il n’y avait donc aucune
distinction entre délit (social) et péché (religieux).
Le
« pécheur » avait donc « intérêt » à se dénoncer lui- même : expier sa faute
tout de suite lui épargnait des comptes à rendre dans l’au-delà. Et s’il ne le
faisait pas de sa propre initiative, c’était « charité » que de le faire à sa
place et de lui éviter ainsi la damnation ! Ainsi, délation et auto-délation
assuraient la bonne marche de cet État totalitaire, au sens propre du mot.
Tout
était prévu pour une surveillance de tous les instants, depuis le plan suivant
lequel était construite la réduction, jusqu’à l’emploi du temps qui ne laissait
pas une minute de liberté : à chaque moment et pour toute activité, les
Guaranis étaient jalousement encadrés. Jamais, au grand jamais, ils n’avaient
la possibilité de prendre une initiative.
Cette
fois encore, on va trouver quelques ressemblances et de grosses discordances
avec le schéma d’Engels. Car s’il y avait incontestablement un État — et quel
État ! — il n’y avait pas
d’exploitation au sens strict du terme, c’est-à-dire d’appropriation par les
missionnaires de la plus-value produite par le travail des Guaranis.
Contrairement
aux affirmations d’un Voltaire, les
jésuites n’ont jamais exploité les Guaranis pour enrichir leur ordre, ni pour
autre chose, d’ailleurs. Le produit du travail des Indiens revenait
intégralement aux Indiens, même si c’était parfois de façon un peu
particulière. Toute la production destinée à la subsistance (alimentation,
vêtements, outils...) était redistribuée aux habitants, à l’exception, bien
entendu, des semences pour les futures récoltes.
Les
jésuites payaient leur propre entretien grâce au salaire que leur versait leur
ordre, et n’exigeaient pas de travail gratuit pour leur service personnel. Tous les bénéfices tirés du commerce extérieur
étaient réinvestis dans les réductions jusqu’au dernier centime. Autrement dit,
tout ce que produisait la communauté revenait à la communauté, et les livres de
comptes montrent que les jésuites étaient là-dessus d’une honnêteté scrupuleuse
... à leur manière !
Car
s’ils ne dépossédaient pas la communauté du fruit de son travail, c’étaient
eux, et eux seuls, qui décidaient de ce qui était bon pour la communauté, et
donc de ce à quoi devaient être utilisés les bénéfices. Et quand ils les
consacraient à importer d’Espagne vin et huile de messe, hosties et encens,
c’était bien dans leur esprit pour le bénéfice de la communauté tout entière,
mais on a aussi le droit de considérer que dans ce cas-là, on forçait peut-être
un peu la main à la communauté... On voit bien qu’ici le problème essentiel
n’était pas un problème économique, l’exploitation, mais un problème politique
: la démocratie économique.
En
second lieu vient l’institution d’une force publique qui ne coïncide plus
directement avec la population s’organisant elle-même en force armée. Cette
force publique particulière est nécessaire parce qu’une organisation armée
autonome de la population est devenue impossible depuis la scission en classes.
On
comprendrait alors cette anomalie de l’État jésuite qu’était l’absence de force
publique séparée : s’il n’y avait
pas d’exploitation, on peut penser qu’il n’y avait pas non plus danscette
société une insoluble contradiction avec elle-même, s’étant scindée en
oppositions inconciliables qu’elle est impuissante à conjurer. Mais cette «
confirmation » sur un détail soulève alors une énorme contradiction, puisque,
selon Engels, ce sont précisément ces oppositions inconciliables qui engendrent
l’État dans son ensemble, et pas seulement sa force armée, qui n’en est qu’un
attribut. Dans ce cas, l’État jésuite n’aurait eu aucune raison d’être.
Il
est tentant de chercher à éluder cette contradiction en invoquant le côté
absolument artificiel, atypique et exceptionnel de l’État jésuite. Mais cela ne nous semble guère satisfaisant. D’abord
parce que toute exception, qu’on le veuille ou non, infirme la règle. Ensuite
parce que cette exception-là a quand même fonctionné un siècle et demi, soit
deux fois plus que l’URSS. Enfin et surtout parce que si on considère comme
exceptionnel le fait de ne pas laisser jouer les mécanismes sociaux « naturels
» et d’agir consciemment sur eux pour les modifier, alors il ne faut pas non
plus s’appuyer sur l’analyse d’Engels pour mener à bien le bouleversement
social que nous voulons.
Car
cela aussi est exceptionnel, atypique et artificiel. (À ce propos, rappelons
que si certaines formulations de Marx et Engels avaient pu laisser entendre que
le communisme était la suite « naturelle » du capitalisme, Lénine a clairement
levé toute ambiguïté, notamment dans L’État et la révolution : le communisme
est bien l’aboutissement de l’histoire de l’humanité, mais il ne viendra pas
tout seul). Remarquons encore que l’aspect « artificiel » (révolutionnaire) et
« exceptionnel » (trois petits mois d’existence) n’a pas empêché Marx ni Lénine
de raisonner à partir de la Commune de Paris.
Il
nous paraît donc tout à fait intéressant d’étudier cette expérience de
bouleversement social et de « construction d’un monde meilleur ». Il est
certain que celui dont nous pouvons rêver n’a pas grand chose à voir avec ce
qu’avaient imaginé les jésuites. Mais les réductions du Paraguay constituent
néanmoins une expérimentation in vivo de société rompant volontairement avec la
logique du profit et de la propriété privée.
On
n’a sans doute rien à perdre, et peut-être des enseignements à gagner, à
observer tout cela d’assez près.
Or,
cette étrange mixture de « communisme » et de dictature de fer est
particulièrement instructive. Car s’il n’y avait pas d’exploitation, cela ne
tenait pas aux structures communautaires de la société mise en place par les
jésuites, mais uniquement au fait que ce groupe social dirigeant — atypique, on
en convient — ne plaçait pas son intérêt dans le profit matériel.
On
en a eu la preuve très vite après 1768, date de l’expulsion des jésuites du
Paraguay. Les réductions n’ont pas été dissoutes, on n’a pas touché un cheveu
de leur structure, on s’est contenté de nommer à la place des deux jésuites de
chaque mission un prêtre d’un autre ordre et un administrateur civil. Et
l’exploitation est apparue aussitôt.
Le
système mis en place par les jésuites permettait, tel quel, aux administrateurs
civils — en complicité ou pas avec les prêtres — non seulement d’empocher les
bénéfices du commerce extérieur, mais aussi de s’enrichir sur la production
alimentaire. Sous les jésuites, on a
dit que celle-ci était centralisée, puis redistribuée petit à petit, et
intégralement ; à présent, les nouveaux administrateurs pouvaient ne
redistribuer aux Guaranis qu’une ration de survie et faire du profit en
revendant le reste à l’extérieur, ce dont ils ne se privèrent pas. Cela sonna
le glas des réductions : apparemment, les Indiens parvenaient à supporter le
totalitarisme théocratique, mais pas la spoliation.
Le
principal intérêt qu’ils avaient trouvé dans les missions était précisément de
les protéger de la féroce exploitation coloniale qui sévissait au dehors. Cette
protection disparaissant, ils désertèrent les réductions à un rythme
vertigineux, et elles disparurent en quelques années à peine.
On
observe, ici encore, une nouvelle facétie du « facteur subjectif ». Dans le cas
des missions du Paraguay, c’est bien lui qui, du jour au lendemain, a empêché
l’exploitation puis l’a permise. Cet exemple semble bien indiquer que, pour
juger du caractère communautaire, collectiviste ou communiste d’une société, et
des garanties pour qu’elle le demeure, il ne suffit pas de regarder son
économie.
Il
faut encore observer son fonctionnement politique : qui décide ? Si c’est la
collectivité, il y a quelques garanties ; si ce n’est pas le cas, il n’y en a
plus aucune.
Source :
Extrait d’ « ENGELS ET LES SAUVAGES »
de
Patrick Choupaut, année 2007