Cortés et son double
Enquête sur une mystification
Un livre de Christian Duverger (*)
aux éditions du Seuil
(2013)
Par Libres Amériques
Christian Duverger se définit à travers le livre qu’il vient
de faire publier comme un historien des « trous noirs ». Pour ceux
qui penseraient que la recherche historique ou tout simplement l’Histoire est
une science rigide, voire austère, il n’en est rien. Son premier travail est
souvent de faire tomber des idées fausses qui ont perduré, pour certaines des
siècles durant et pour des raisons très diverses.

En partant de l’hypothèse que le livre de Bernal del
Castillo « L’Histoire véridique de la conquête de la
Nouvelle-Espagne » (lire les notes) ne serait pas de son auteur, mais d’un autre, c’est
tout un pan de l’histoire classique ou officielle qui s’effondre. Celui qui est
proprement marqué par le sceau de l’infamie, c’est-à-dire Cortés, est montré
dans l’ouvrage de 1568 comme un personnage traitant mal ses compagnons d’armes,
l’on en devine les rivalités entre 500 hommes (avec seize chevaux et dix
canons), qui vont en deux ans conquérir l’Empire Aztèque (25 millions d’âmes).
Comme un enquêteur Christian Duverger vient en quelque sorte
réhabiliter cet homme, à l’encontre de l’image répandue d’avoir été un
abominable criminel. Cortès au final aurait été le premier à poser les bases
d’une société créole et du métissage. Les conquérants espagnols n’auraient pas
agi seuls, ils auraient trouvé auprès d’autres peuples amérindiens des appuis.
Entre autres, l’enquête s’intéresse à trois années de la vie
de Cortès, qui sont restées longtemps sous le sceau de l’énigme. Ce travail
n’est en rien un travail révisionniste, il est justement ce que peut faire de
mieux un historien, lever les ambiguïtés en se rattachant à l’étude des textes
et construisant un travail de recherche sur une époque où il reste encore
beaucoup à apprendre et à décrypter.
La fin du quinzième et le seizième siècle, ce que l’on nomme
les Temps modernes, est une période passionnante, c’est aussi les débuts de
l’imprimerie en Europe qui est aussi très bon moyen de discréditer
« à jamais » un concurrent, de construire un mythe, d’écrire sous des
noms d’emprunts ce qui sera une pratique courante dans une époque ou l’idée de
critiquer les pouvoirs, ne peut se faire sans l’aval ou la complaisance du
Prince.
La grande librairie (LGL - 21 février 2013)
France 5
Présentation du livre (source Gallica – BNF) :
Un ancien compagnon de Cortés, Bernal Díaz del Castillo,
écrit, à la fin de sa vie, « L’Histoire véridique de la conquête de la
Nouvelle-Espagne » de 1568, considérée encore aujourd’hui non
seulement comme un document de première main, mais comme un authentique
chef-d’œuvre littéraire, qui met en scène, sur fond de volcans mexicains, des
conquistadores, des franciscains, des courtisans, des guerriers indigènes…
Voilà la version officielle. Mais elle ne résiste pas à l’examen approfondi
auquel se livre Christian Duverger.
Alors surgit une énigme : qui est cet homme qui se cache
dans l’ombre ? Quel est son dessein ? Avec une écriture jubilatoire, Christian
Duverger nous entraîne dans une enquête au long cours, où l’on côtoie Cortés et
Malinche, Díaz del Castillo, Charles Quint et José Maria de Heredia. On
s’invite à quelques procès, on ouvre des testaments, on surprend des complots
d’antichambre.
On suit à la trace de précieux manuscrits qui disparaissent
et réapparaissent en Espagne, au Mexique, au Guatemala. On entre peu à peu dans
l’alchimie d’une insoupçonnée création littéraire qui a su déjouer
l’absolutisme et ses interdictions pour défier le temps. Et au cœur de
l’énigme, on découvre ce que la gloire doit au secret.
Notes :

Pour lire l’introduction du livre : Cliquez ici !
Il est possible de consulter ou télécharger le texte traduit
en français « L’Histoire véridique de la conquête de la
Nouvelle-Espagne » de Bernal del Castillo sur le site Gallica de la BNF
(une traduction française du 19ème siècle de 1000 pages).
Concernant le texte original en espagnol, cliquez ici !
Source : Gallica – BNF