Entretien avec Eriberto Gualinga
Par Gina Yauri – traduction d’Elise Lecamp
Eriberto Benedicto Gualinga Montalvo est le directeur de
Selvas Productions et le réalisateur du documentaire “Enfants du Jaguar“,
gagnant de deux prix : celui du National Geographic pour le meilleur
documentaire et celui de la meilleure description d'un combat d'un peuple indigène
lors du Festival des peuples autochtones de Colombie.
Le documentaire suit la vie des habitants de Sarayaku dans les régions méridionales
amazoniennes en Equateur et leur combat
contre les multinationales cherchant à exploiter les réserves
de pétrole de la forêt amazonienne.
Eriberto Gualinga a tourné le documentaire pendant 6 mois, de juin à décembre 2011, à Sarayaku dans la province de Pastaza.
Eriberto Gualinga a tourné le documentaire pendant 6 mois, de juin à décembre 2011, à Sarayaku dans la province de Pastaza.
Son travail a été projeté dans de nombreux endroits comme le
festival All Roads Film du National Geographic, le festival de films et vidéos
des Indiens de Colombie, le festival EDOC d'Equateur (Encounters of the Other
Cinema – Rencontre de l'autre cinéma) et le Festival International du Film de
Bruxelles.
Entretien avec le réalisateur
Global Voices: Pourquoi le film s'appelle-t-il “Enfants
du Jaguar” ?
Eriberto: Ma famille
descend d'un chamane qui pouvait se transformer en jaguar ; le jaguar se bat
jusqu'à la mort pour défendre son territoire, c'est pour cela que le peuple de
Sarayaku se considère comme les descendants du jaguar.
Qu'est-ce qui ressort le plus dans le film ?
E.G.: Le voyage de
la délégation de Sarayaku jusqu'à la cour du Costa Rica pour faire respecter
leurs droits [droits de l'homme et droits de nombreuses autres communautés] par
le Gouvernement d'Equateur.
Qu'est-ce
qui a le plus attiré votre attention lors du tournage ?
E.G. : La
préparation, les témoignages, le voyage du peuple Sarayaku, certains n'étaient
jamais allé jusqu'à la capitale équatorienne, encore moins dans un avion et il
y en avait encore moins qui pouvaient imaginer à quoi ressemblait un procès à
la cour [des droits de l'homme] au Costa Rica.
Qui étaient les acteurs principaux et secondaires ?
E.G.: Les membres
[de la communauté] qui ont voyagé au Costa Rica. Les narrateurs sont Patricia
Gualinga (chef de file des femmes et de la famille), Ena Santi (témoin)
et moi-même Eriberto Gualinga (réalisateur)
Avez-vous rencontré des difficultés ?
E.G. : [Oui], les
coûts de financement sont un obstacle pour toute production que souhaite
réaliser un peuple autochtone.
D'un point de vue cinématographique, comment s'est
passée cette expérience de réalisation du documentaire?
E.G. : En plus de
filmer dans le village, je devais filmer dans d'autres contextes, en-dehors du
pays [avec] d'autres réalités, ce qui de ce fait était plus enrichissant d'un
point de vue personnel et artistique.
Comment
vous sentez-vous par rapport à la reconnaissance reçue au Festival All Roads
du National Geographic dans la
catégorie meilleur documentaire ?
E.G. : Chaque
prix est une incitation pour continuer à travailler en faveur des peuples
autochtones. [On] se sent plus énergique et en paix avec soi-même quand on sait
que son travail est pris en compte et reconnu.
E.G. : Travailler sur
la prochaine vidéo KAWSAK SACHA vivre dans la jungle, et expliquer à la société
au moyen de vidéos [qu'] il existe dans la jungle des êtres similaires à
nous-mêmes (êtres spirituels) qui sont les gardiens de la jungle, et qu'ils
sont continuellement en communication avec nous grâce aux chamanes.
Sarayaku, est situé à l'est de la province de Pastaza dans
la région amazonienne de l'équateur. “Enfants du Jaguar”, un documentaire qui
présente le combat quotidien des habitants de ce village, est le testament
d'une communauté libre qui reste ferme dans son combat pour la défense de la
forêt amazonienne. Jusqu'à présent, la décision rendue par la communauté
internationale n'a pas encore été appliquée.
Le 18 décembre 2012, Eriberto Gualinga a reçu le prix de
la reconnaissance internationale, des mains du ministre de la culture
équatorienne pour le film “Enfants du Jaguar”.
Source : Global Voices