Mort d'Hugo Chavez,
mensonges et approximations
en tout genre...
Par Lionel Mesnard
La disparition de Chavez à travers les médias français aura
été l’occasion d’un florilège d’erreurs. Certains pourraient parler de
désinformation, ce qui a été le cas tout au long des mandats d’Hugo Chavez de
la part de médias malintentionnés, mais il en résulte surtout d’une grande
méconnaissance de l’histoire même récente du Venezuela. D’Ulysse Gosset
(journaliste) à Eric Coquerel du Parti de Gauche ont affirmé que les pétroles
vénézuéliens avaient été nationalisés sous Chavez. Ce qui est faux. PDVSA (Société nationale des Pétroles du Venezuela) l’a été en 1976 sous le mandat de
Carlos Andres Perez.
Le gouvernement bolivarien a surtout revu les contrats qui
permettaient aux multinationales de saigner à blanc ce pays depuis près d’un
siècle. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, parmi les
approximations et très révélateur d’un climat, ou tout le monde à sa petite
opinion sur le disparu.
Depuis des années, il a fallu faire le tri entre les
mensonges, les erreurs, les approximations, le tout dans un mélange parfois
déconcertant, ou l’on a plaqué une analyse sur ce pays et son chef d’état, sans
distance ou regard véritablement critique, et cela continue et a de grandes
chances de perdurer. Nous reprendrons pas toutes les erreurs, il faudrait à ce titre en faire un long essai sur ces 14 dernières années.
Difficile dans ce cas de se faire une opinion, de trouver un
équilibre entre les Pour et les Contre, souvent tout aussi caricaturaux. De
comment exploiter pour son propre compte un mouvement populaire, ou de lui
administrer des calques propres à l’Europe, ou ce qu’il serait possible de
résumer par cette capacité à confondre les llanos vénézuéliens avec la
Camargue…
Hugo Chavez aura eu droit maintes au titre de
« dictateur » sans qu’il ne soit possible d’y apporter la moindre des
preuves. Mais cela n’a pas empêché des hebdomadaires ou quotidiens comme
l’Express, Le Monde, Libération, le Point de nous le servir à toutes les
sauces. Par contre, ce qui pouvait fonctionner ou s’avérer des réussites (éducation et santé)
nous n’avons pas eu grand chose à ce sujet.
La presse dominante vivant une crise importante, elle s’est
repliée sur les plus petits communs dénominateurs, l’important étant que plus
l’article est racoleur et sensationnaliste et plus c’est vendeur. Le maître mot
du moment « vendre », toute analyse ou ce que l’on pourrait appeler
avec des guillemets l’objectivité passant à la trappe.
La disparition de Chavez marque surtout l’entrée d’un homme
dans l’Histoire, il était probablement l’un des meilleurs connaisseurs de Simon
Bolivar, qui fut le père des indépendances des Amériques latines.
Combien fois aurons-nous lu un article se moquant de la relation d’Hugo Chavez à Simon Bolivar, sans en saisir le sens et quelque part une forme de filiation que seul peuvent comprendre les latinos américains.
Combien fois aurons-nous lu un article se moquant de la relation d’Hugo Chavez à Simon Bolivar, sans en saisir le sens et quelque part une forme de filiation que seul peuvent comprendre les latinos américains.
Cette Europe qui se veut toujours « supérieure » à tous et à tout, et qui
en raison de son histoire propre n’a aucune leçon à donner sur la question de
l’antisémitisme. S’il existe
bien un antisémitisme en Amérique latine, il est surtout de nature religieuse,
mais calqué en ce domaine notre propre histoire, en particulier celle de la Shoah
revient à une véritable imposture.
Et qui sait, un moyen de se déculpabiliser,
de ce qui fut le pire crime contre l’Humanité au 20° siècle, et de ne pas se
rendre compte, comment encore il y a peu, un salopard a tué en France des
enfants et des adultes (de confession juive) de sang froid à Toulouse.
Il est plus simple dans ce cas de faire la leçon à un homme,
qui s’en prenait à l’état d’Israël et à ses gouvernements, même s’il y a de
quoi en critiquer les alliances à l’international. Mais là aussi, quand on voit
les courbettes faîtes à une dictature, telle que l’Arabie Saoudite, de la part
des pays européens, il serait peut être temps d’arrêter de se regarder le
nombril… et de balayer devant sa porte.
Face à la déferlante après la mort d’Hugo Chavez, nous vous
conseillons vivement d’écouter et regarder la vidéo (ci-dessous) de France
Culture avec Janette Habel et Jean-Claude Michéa :
Jean–Claude Michéa, Philosophe et Essayiste, vient de
publier aux éditions du Climats Les Mystères de la gauche, de l’idéal
des lumières au triomphe du capitalisme absolu. Et Janette Habel, Maître
de conférences à l'Institut des hautes études d'Amérique latine
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