mercredi 20 mars 2013

Le Pape François, est-il au-dessus de tout soupçon ?

 Les accusations de YORIO et JALICS contre Bergoglio

« Mensonges et Calomnies »

Par Horace Verbitsky - Traduction de Libres Amériques

François ou Francisco 1er, les documents qui font taches sur les habits blancs du Pape. Les accusations de YORIO et JALICS publiées en 2010 sur le curé Bergoglio par le journal argentin Pagina 12 sont une mine de renseignement sur le rôle exercé par  le responsable des jésuites de l’époque de la dictature. Document à l’appui, la fiche d’un fonctionnaire argentin, signée par Bergoglio pourrait rendre indiscutable la participation de ce même Bergoglio à une dénonciation calomnieuse.

En 1995, le jésuite Francisco Jalics (ci-contre) a publié un livre : « Exercices de méditation ». Après le récit de sa séquestration, il expliqua que « beaucoup de gens soutenant des convictions politiques d’extrême droite voyaient notre présence d’un mauvais oeil dans les quartiers pauvres. Ils interprétaient le fait, que nous vivions là comme un soutien à la guérilla et ils ont décidé de nous dénoncer comme terroristes. Nous savions d’où  soufflait le vent et qui était responsable de ces calomnies. De sorte que je suis allé parler à la personne pour l’interroger et je lui ai expliqué - qu’il jouait avec nos vies. L’homme m’a promis qu’il ferait savoir aux militaires, que nous n’étions pas des terroristes. Par des déclarations postérieures d’un employé et trente documents auxquels j’accéda plus tard, nous avions pu vérifier sans le moindre doute, que cet homme n’avait pas accompli sa promesse, mais au contraire avait soutenu une dénonciation calomnieuse devant les  militaires ».  Dans une autre partie du livre, il ajoute que cette personne a rendu « crédible la calomnie en se servant de son autorité » et « il a attesté devant les employés nous ayant séquestrés, que nous avions travaillé sur la scène de l’action terroriste. Peu de temps auparavant, j’avais expliqué à la personne en question, qu’elle jouait avec nos vies. Il devait avoir conscience, qu’ils nous envoyaient à une mort certaine  avec ses déclarations ».

L’identité de cette personne est révélée  dans une lettre qu’Orlando Yorio écrivit à Rome en novembre 1977, destinée à l’assistant général de la Compagnie de Jésus, le père Moura. Ce texte permet de connaître le reste de l’histoire, par un témoignage direct de l’une des victimes.

Dans cette récapitulation écrite 18 ans avant le livre de Jalics, Yorio raconte la même chose, mais à la place de la « personne » dit Jorge Mario Bergoglio. Il raconte que Jalics a parlé deux fois avec le Provincial, « il s’était engagé à contredire les rumeurs à l’intérieur de la Compagnie et à parler aux gens des Forces Armées pour témoigner de notre innocence ». Il mentionne aussi les critiques qui circulaient dans la Compagnie de Jésus contre lui et Jalics : « Faire des prières étranges, vivre ensemble avec des femmes, des hérésies, un engagement avec la guérilla », similaires à celles que Bergoglio transmit peu de temps après à la Chancellerie. Yorio ne connaissait pas l’existence de ce document, que je découvris cinq ans après sa mort. Dans son livre, Bergoglio, dit la même chose, que ce qu’il disait à Jalics et Yorio : qu’il ne croyait pas en la véracité de ces accusations. Pourquoi alors, s’était-il cru à l’époque devoir les communiquer au gouvernement militaire, comment s’en sortira-t-il avec le document reproduit ici ?

Une bouche importante…

Quand Bergoglio dit à Yoro, qu’il avait reçu des rapports négatifs sur lui. Yorio parla avec les gens consultés par son supérieur. Au moins trois d’entre eux lui ont raconté (les prêtres Oliva, José Ignace Vicentini et Juan Charles Scannone), qu’ils n’avaient pas été contre lui, mais en sa faveur. Dans ce climat en Argentine, l’accusation d’appartenance à la guérilla dans une « bouche importante (comme celle d’un jésuite), cela pouvait signifier purement et simplement notre mort. Les forces d’extrême droite avaient déjà mitraillé un prêtre dans sa maisonnette, en avaient enlevé un, ils l’avaient torturé et laissé mort abandonné à d’autres. Les deux vivaient dans les quartiers miséreux. Nous avions reçu des avis allant dans ce sens, auxquels nous avions accordé une grande attention », écrivit Yorio au père Moura.

Il a ajouté que Jalics avait parlé pas moins de deux fois avec Bergoglio, pour lui faire mesurer le danger dans lequel ces allégations les plaçaient. Selon Yorio, «  Bergoglio a reconnu la gravité des faits et s’est engagé à freiner les rumeurs à l’intérieur de la Compagnie et à parler aux gens des Forces Armées pour témoigner de notre innocence. [Mais comme] Le Provincial ne faisait rien pour nous défendre, nous commencions à avoir des soupçons sur son honnêteté. Nous étions fatigués de la province et totalement insécurisés ». 

Ils avaient leurs raisons. Pendant des années, Beroglio les avait soumis à un harcèlement insidieux, sans assumer de manière ouverte, les accusations contre eux, qu’il attribuait toujours à d’autres prêtres ou des évêques, qui une fois interrogés, les démentaient. Bergoglio leur avait garanti une continuité de trois ans pour leur travail dans le quartier Bajo-Flores.  Mais l’archevêque Juan Carlos Aramburu l’informa qu’ils étaient là sans autorisation. L’avis leur est arrivé par l’intermédiaire de l’un des fondateurs du Mouvement de Prêtres pour le Tiers monde et de la paroisse Villera, Rodolfo Ricciardelli, que lui raconta en son nom propre Aramburu. Quand Yorio le consulta, Bergoglio lui répondit qu’Aramburu « était un menteur » et qu’il usait de « tactiques pour gêner  la Compagnie ».

L’infamie publique :

Dans notre échange épistolaire, Yorio (ci-contre) a expliqué que dans le climat de peur et de délation installée à l’intérieur de l’Église et de la société argentine, les prêtres qui travaillaient parmi les plus pauvres « Nous étions diabolisés, soumis au soupçon à l’intérieur de nos propres institutions et accusés de subversion de l’ordre social ».  Dans ce contexte, ils ont supporté de Bergoglio « l’interdiction et à l’infamie publique de ne pas pouvoir exercer le sacerdoce, donnant ainsi une occasion et une justification pour que les forces répressives nous fassent disparaître. On pouvait nous avertir qu’il y avait des dangers, mais sans freiner les diffamations, des mêmes qui prétendaient nous rendre service de nous avertir étaient en fait complice. On pouvait nous alerter, ce en quoi nous étions stigmatisés et accusés, mais maintenant dans le mystère et l’ambiguïté les causes de l’accusation, ne nous laissant pas ainsi la possibilité de nous défendre. »

Dès qu’ils sont sortis de la Compagnie de Jésus, Bergoglio leur a recommandé qu’ils aillent voir l’évêque de Morón, Miguel Raspanti, ils pourraient dans son diocèse sauver leur sacerdoce et leurs vies. Le Provincial s’est proposé d’envoyer un rapport favorable pour qu’ils acceptent. Yorio et Jalics ont su par le vicaire et quelques prêtres du diocèse de Morón, que la lettre du provincial Bergoglio à Raspanti contenait des accusations « suffisantes pour que nous ne pussions plus exercer le sacerdoce ».

- Ce n’est pas certain. Mon rapport a été favorable. Ce qui se passa était que Raspanti était une personne âgée, qui parfois se trompait - se défendit Bergoglio devant Yorio. Mais à sa nouvelle rencontre avec l’évêque de Morón, celui-ci confirma les accusations, selon lui, Raspanti le rapporta à d’autres  prêtres de la communauté de Bajo-Flores, Luis Dourrón. Yorio insista ensuite auprès de Bergoglio.

- Raspanti dit, que ses prêtres s’opposent à ce que vous entriez dans le diocèse -  argumenta cette fois le Provincial.

L’autre alternative possible consista, à ce qu’ils soient intégrés à l’Équipe Paroissiale de Villera de l’Archiépiscopat de Buenos-Aires. Son responsable, le prêtre Héctor Botán, s’opposa à l’archevêque Aramburu.

- Impossible. Il existe de très graves accusations à leur encontre. Je ne veux pas, ni les voir – déclara-t-il.

L’un des prêtres de Villera se plaignit devant le vicaire épiscopal de la zone de Flores, Mario José Serra.

– « Les accusations viennent du provincial » – expliqua Serra.

Lui-même Serra avait été chargé de communiquer à Yorio, qu’il lui avait été retiré les permissions d’exercer son ministère dans l’Archidiocèse, en raison du fait que Le Provincial avait informé que « je sortais de la Compagnie ».

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– Sans savoir  pourquoi, les licences ont été retirées. Ce sont les affaires d’Aramburu. Je te donne des licences pour que tu continues de célébrer la messe dans le privé, jusqu’à ce que tu obtiennes un évêque – lui dit Bergoglio.

La dernière tentative pour obtenir d’un évêque, une  incorporation vint d’un prêtre de l’Archidiocèse, Eduardo González. Convoqué à l’Assemblée Plénière de l’Épiscopat qui commença, le 10 mai 1976, il exposa le cas de l’archevêque de Santa Fe, Vicente Zazpe.

– Ce n’est pas possible de les prendre en charge parce que le Provincial a dit, qu’ils les chassaient de la Compagnie -  affirma-t-il.

L’équipe de la paroisse de Villera a envoyé une lettre de protestation à Bergoglio, avec copies au nonce Pio Laghi, Aramburu et Raspanti ne répondirent pas. Du temps passa et peu de jours après Yorio et Jalics ont été séquestrés, conduits à l’ESMA et tout de suite à une maison opérationnelle, dans laquelle ils ont été torturés. Un de ceux qui les interrogea avait des connaissances ostensibles de théologies, il a dit à Yorio, qu’ils savaient qu’il n’était pas un guérillero, mais qu’avec son travail dans la villa il s’ unissait aux pauvres et que cela était subversif. Sa liberté a été négociée par le gouvernement quand l’Épiscopat recevait le chef d’État-Major de l’Armée, Robert Viola, et le Ministre des Finances, José Martínez de Hoz. Un jour avant cette visite à l’Épiscopat, Yorio et Jalics ont été drogués et déposés par un hélicoptère dans un marais de Cañuelas.

Après avoir récupéré sa liberté Yorio, s’est réfugié dans une église et tout de suite dans la maison de sa mère. La protection d’un évêque était plus urgente que jamais. L’unique qui ait accepté a été Jorge Novak. Quand ils ont commencé les razzias dans la zone et quand il a su qu’ils interrogeaient sur Yorio, Novak a insisté pour qu’il sortît du pays. « Bergoglio ne voulait pas m’envoyer  à Rome, mais grâce à la pression de ma famille et de Novak, je suis sorti. j’étais caché, parce qu’il y avait eu un ordre de Videla de me rechercher », m’écrivit Yorio en 1999. Quand ils sont réapparus dans Cañuelas, la religieuse de l’époque Norma Gorriarán, de la Compagnie de Marie a rendu visite à Yorio dans une maison de sa mère. Dans une interview pour mon « Histoire politique de l’Église Catholique argentine » réalisée le 27 juillet 2006, elle a rappelé qu’ils étaient en train d’éplucher des petits pois quand la soeur d’Yorio est arrivée avec l’information qu’ils étaient recherchés.  « Je l’ai conduit à une maison de religieuses dans le quartier Urquiza où je l’ai vécu un mois, dans une petite pièce et sur la terrasse ». Bergoglio exigea d’elle, qu’elle lui dise où Yorio était, « apparemment pour le protéger. Mais cela ne me semblait pas crédible ». La religieuse a nié. Bergoglio « tremblait, furieux à ce qu’une religieuse insignifiante lui tint face. Il insistait  et il disait « tu seras la responsable des risques que court Orlando, où qu’il soit ». Il voulait savoir où il était.

Finalement, Laghi a obtenu les documents et Bergoglio paya le passage à Rome. « Mais les explications sur ce qui était arrivé avant, il n’a jamais pu me les donner. Il s’est avancé vers moi en demandant s’il vous plaît de les lui demander, parce qu’il se sentait très confus et qu’il  ne saurait me les donner. Moi non plus, je n’ai rien dit. Que pouvais-je lui dire ? ». Yorio  a rappelé, qu’il y a peu à Rome, le secrétaire du général des jésuites « lui avait ôter le voile des yeux » . Ce jésuite colombien, le père Cándido Gaviña, » m’informa que j’avais été expulsé de la Compagnie. Il m’a aussi raconté que l’ambassadeur argentin au Vatican l’avait informé, que le gouvernement disait que nous avions été capturés par les Forces Armées, parce que nos supérieurs ecclésiastiques avaient informé le gouvernement, qu’au moins l’un de nous deux était guérillero. Gavigna lui a demandé de le confirmer par écrit, et l’ambassadeur le fit.

« En revanche Jalics a voyagé aux États-Unis et de suite après en Allemagne. Il a écrit qu’il n’avait plus de ressentiment vers qui  les avaient livrés à leurs ravisseurs et malgré la distance « les mensonges, les calomnies et les actions injustes ne cessèrent pas ».  Mais, il raconte dans son livre, en 1980, qu’il a brûlé les documents prouvant ce qu’il appelle » le délit « de ses poursuivants ». Jusqu’alors, il les avait conservés avec l’intention secrète de les utiliser. « Depuis lors, je me sens vraiment libre et je peux dire que j’ai pardonné de tout cœur ». En 1990, durant l’une de ses visites au pays, Jalics s’est rendu à l’Institut de la Foi et de la Prière, de la rue 2760. Il a prié, avec Emilio et Chela Mignone . Selon le récit de cette rencontre écrit par Mignone, Jalics leur a dit que  « Bergoglio s’était opposé à ce qu’il obtint un poste, qui était libre  en Argentine et il en a parlé à tous les évêques, pour qu’ils ne l’acceptassent pas dans leurs diocèses, dans le cas où il se retirait de la Compagnie de Jésus » . Bergoglio dit maintenant, que quand Jalics vient au pays, il le visite. La familia de Yorio  a une information différente : c’est  Bergoglio qui le recherche, pour son opération de blanchiment.

Légende du texte : Le fonctionnaire de la Chancellerie révèle que c'était Bergoglio qui lui a communiqué les accusations contre Yorio et Jalics.


PERE FRANCISCO JALICS

Activité dissolue au sein d’un congrès de religieux féminines
(Conflts d’aubédiences)

Détenu à l’Ecole de Technique Militaire de l’Armée
XI/76 (6 mois) accusé avec le père Yorio
Suspecté de contact avec la guérilla

- Ils vivaient dans une petite communauté que le Supérieur Jesuiste a dissoute en février 1976 et ils ont refusé d’obéir en sollicitant la sortie de la Coapaflia le 19 mars, les 2 ont reçu un avis d’expulsion, le Père JALICS, non, parce qu’il a des voeux solennels.
Aucun Évêque du Grand Buenos Aires n'a voulu le recevoir.

NB : Ces données sont allées au sous-ministre Mr ORCOYEN par le propre Père BERGOOLlO,  signant  la note avec une recommandation spéciale, qu’il n’avait pas lieu à ce qu’il sollicite.



Article en relation sur Internet :
  • Pagina 12 ( journal argentin) : “Una persona ávida de poder” (Une personne avide de pouvoir) en espagnol, cliquez ici !
  • Le Courrier de la diaspora argentine : « El Papa Francisco se desprende de Jorge Mario Bergoglio cambiando de piel », Le Pape François se déprend de JM Bergoglio en changeant de peau) en espagnol, cliquez ici !
  • Courrier International : « Jorge Bergoglio n'est pas le pape des pauvres », cliquez ici !


Source : Pagina 12 (article publié, le 11 avril 2010)