« Mensonges
et Calomnies »
Par
Horace Verbitsky - Traduction de Libres Amériques
François
ou Francisco 1er, les documents qui font taches sur les habits
blancs du Pape. Les accusations de YORIO et JALICS publiées en 2010 sur le curé
Bergoglio par le journal argentin Pagina 12 sont une mine de renseignement sur
le rôle exercé par le responsable
des jésuites de l’époque de la dictature. Document à l’appui, la fiche d’un
fonctionnaire argentin, signée par Bergoglio pourrait rendre indiscutable la
participation de ce même Bergoglio à une dénonciation calomnieuse.
En
1995, le jésuite Francisco Jalics (ci-contre) a publié un livre : « Exercices de
méditation ». Après le récit de sa séquestration, il expliqua que
« beaucoup de gens soutenant des convictions politiques d’extrême droite
voyaient notre présence d’un mauvais oeil dans les quartiers pauvres. Ils
interprétaient le fait, que nous vivions là comme un soutien à la guérilla et
ils ont décidé de nous dénoncer comme terroristes. Nous savions d’où soufflait le vent et qui était
responsable de ces calomnies. De sorte que je suis allé parler à la personne
pour l’interroger et je lui ai expliqué - qu’il jouait avec nos vies. L’homme
m’a promis qu’il ferait savoir aux militaires, que nous n’étions pas des
terroristes. Par des déclarations postérieures d’un employé et trente documents
auxquels j’accéda plus tard, nous avions pu vérifier sans le moindre doute, que
cet homme n’avait pas accompli sa promesse, mais au contraire avait soutenu une
dénonciation calomnieuse devant les
militaires ». Dans une autre partie du livre, il ajoute que
cette personne a rendu « crédible la calomnie en se servant de son autorité »
et « il a attesté devant les employés nous ayant séquestrés, que nous avions
travaillé sur la scène de l’action terroriste. Peu de temps auparavant, j’avais
expliqué à la personne en question, qu’elle jouait avec nos vies. Il devait
avoir conscience, qu’ils nous envoyaient à une mort certaine avec ses déclarations ».
L’identité
de cette personne est révélée dans
une lettre qu’Orlando Yorio écrivit à Rome en novembre 1977, destinée à
l’assistant général de la Compagnie de Jésus, le père Moura. Ce texte permet de
connaître le reste de l’histoire, par un témoignage direct de l’une des victimes.
Dans
cette récapitulation écrite 18 ans avant le livre de Jalics, Yorio raconte la
même chose, mais à la place de la « personne » dit Jorge Mario Bergoglio. Il
raconte que Jalics a parlé deux fois avec le Provincial, « il s’était engagé à
contredire les rumeurs à l’intérieur de la Compagnie et à parler aux gens des
Forces Armées pour témoigner de notre innocence ». Il mentionne aussi les
critiques qui circulaient dans la Compagnie de Jésus contre lui et Jalics : «
Faire des prières étranges, vivre ensemble avec des femmes, des hérésies, un
engagement avec la guérilla », similaires à celles que Bergoglio transmit peu
de temps après à la Chancellerie. Yorio ne connaissait pas l’existence de ce
document, que je découvris cinq ans après sa mort. Dans son livre, Bergoglio,
dit la même chose, que ce qu’il disait à Jalics et Yorio : qu’il ne croyait pas
en la véracité de ces accusations. Pourquoi alors, s’était-il cru à l’époque
devoir les communiquer au gouvernement militaire, comment s’en sortira-t-il avec
le document reproduit ici ?
Une
bouche importante…
Quand
Bergoglio dit à Yoro, qu’il avait reçu des rapports négatifs sur lui. Yorio
parla avec les gens consultés par son supérieur. Au moins trois d’entre eux lui
ont raconté (les prêtres Oliva, José Ignace Vicentini et Juan Charles
Scannone), qu’ils n’avaient pas été contre lui, mais en sa faveur. Dans ce
climat en Argentine, l’accusation d’appartenance à la guérilla dans une
« bouche importante (comme celle d’un jésuite), cela pouvait signifier
purement et simplement notre mort. Les forces d’extrême droite avaient déjà
mitraillé un prêtre dans sa maisonnette, en avaient enlevé un, ils l’avaient
torturé et laissé mort abandonné à d’autres. Les deux vivaient dans les
quartiers miséreux. Nous avions reçu des avis allant dans ce sens, auxquels
nous avions accordé une grande attention », écrivit Yorio au père Moura.
Il
a ajouté que Jalics avait parlé pas moins de deux fois avec Bergoglio, pour lui
faire mesurer le danger dans lequel ces allégations les plaçaient. Selon Yorio,
« Bergoglio a reconnu la gravité des faits et s’est engagé à freiner les
rumeurs à l’intérieur de la Compagnie et à parler aux gens des Forces Armées
pour témoigner de notre innocence. [Mais comme] Le Provincial ne faisait rien
pour nous défendre, nous commencions à avoir des soupçons sur son honnêteté.
Nous étions fatigués de la province et totalement insécurisés ».
Ils
avaient leurs raisons. Pendant des années, Beroglio les avait soumis à un
harcèlement insidieux, sans assumer de manière ouverte, les accusations contre
eux, qu’il attribuait toujours à d’autres prêtres ou des évêques, qui une fois
interrogés, les démentaient. Bergoglio leur avait garanti une continuité de
trois ans pour leur travail dans le quartier Bajo-Flores. Mais l’archevêque Juan Carlos Aramburu
l’informa qu’ils étaient là sans autorisation. L’avis leur est arrivé par
l’intermédiaire de l’un des fondateurs du Mouvement de Prêtres pour le Tiers
monde et de la paroisse Villera, Rodolfo Ricciardelli, que lui raconta en son
nom propre Aramburu. Quand Yorio le consulta, Bergoglio lui répondit
qu’Aramburu « était un menteur » et qu’il usait de « tactiques pour gêner la Compagnie ».
L’infamie
publique :
Dans
notre échange épistolaire, Yorio (ci-contre) a expliqué que dans le climat de peur et de
délation installée à l’intérieur de l’Église et de la société argentine, les
prêtres qui travaillaient parmi les plus pauvres « Nous étions diabolisés,
soumis au soupçon à l’intérieur de nos propres institutions et accusés de subversion
de l’ordre social ». Dans ce
contexte, ils ont supporté de Bergoglio « l’interdiction et à l’infamie
publique de ne pas pouvoir exercer le sacerdoce, donnant ainsi une occasion et
une justification pour que les forces répressives nous fassent disparaître. On
pouvait nous avertir qu’il y avait des dangers, mais sans freiner les
diffamations, des mêmes qui prétendaient nous rendre service de nous avertir
étaient en fait complice. On pouvait nous alerter, ce en quoi nous étions
stigmatisés et accusés, mais maintenant dans le mystère et l’ambiguïté les
causes de l’accusation, ne nous laissant pas ainsi la possibilité de nous
défendre. »
Dès
qu’ils sont sortis de la Compagnie de Jésus, Bergoglio leur a recommandé qu’ils
aillent voir l’évêque de Morón, Miguel Raspanti, ils pourraient dans son
diocèse sauver leur sacerdoce et leurs vies. Le Provincial s’est proposé
d’envoyer un rapport favorable pour qu’ils acceptent. Yorio et Jalics ont su
par le vicaire et quelques prêtres du diocèse de Morón, que la lettre du
provincial Bergoglio à Raspanti contenait des accusations « suffisantes pour
que nous ne pussions plus exercer le sacerdoce ».
-
Ce n’est pas certain. Mon rapport a été favorable. Ce qui se passa était que
Raspanti était une personne âgée, qui parfois se trompait - se défendit
Bergoglio devant Yorio. Mais à sa nouvelle rencontre avec l’évêque de Morón,
celui-ci confirma les accusations, selon lui, Raspanti le rapporta à
d’autres prêtres de la communauté
de Bajo-Flores, Luis Dourrón. Yorio insista ensuite auprès de Bergoglio.
-
Raspanti dit, que ses prêtres s’opposent à ce que vous entriez dans le diocèse
- argumenta cette fois le
Provincial.
L’autre
alternative possible consista, à ce qu’ils soient intégrés à l’Équipe
Paroissiale de Villera de l’Archiépiscopat de Buenos-Aires. Son responsable, le
prêtre Héctor Botán, s’opposa à l’archevêque Aramburu.
-
Impossible. Il existe de très graves accusations à leur encontre. Je ne veux
pas, ni les voir – déclara-t-il.
L’un
des prêtres de Villera se plaignit devant le vicaire épiscopal de la zone de
Flores, Mario José Serra.
–
« Les accusations viennent du provincial » – expliqua Serra.
Lui-même
Serra avait été chargé de communiquer à Yorio, qu’il lui avait été retiré les
permissions d’exercer son ministère dans l’Archidiocèse, en raison du fait que
Le Provincial avait informé que « je sortais de la Compagnie ».
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La
dernière tentative pour obtenir d’un évêque, une incorporation vint d’un prêtre de l’Archidiocèse, Eduardo
González. Convoqué à l’Assemblée Plénière de l’Épiscopat qui commença, le 10
mai 1976, il exposa le cas de l’archevêque de Santa Fe, Vicente Zazpe.
–
Ce n’est pas possible de les prendre en charge parce que le Provincial a dit,
qu’ils les chassaient de la Compagnie -
affirma-t-il.
L’équipe
de la paroisse de Villera a envoyé une lettre de protestation à Bergoglio, avec
copies au nonce Pio Laghi, Aramburu et Raspanti ne répondirent pas. Du temps
passa et peu de jours après Yorio et Jalics ont été séquestrés, conduits à
l’ESMA et tout de suite à une maison opérationnelle, dans laquelle ils ont été
torturés. Un de ceux qui les interrogea avait des connaissances ostensibles de
théologies, il a dit à Yorio, qu’ils savaient qu’il n’était pas un guérillero,
mais qu’avec son travail dans la villa il s’ unissait aux pauvres et que cela
était subversif. Sa liberté a été négociée par le gouvernement quand
l’Épiscopat recevait le chef d’État-Major de l’Armée, Robert Viola, et le
Ministre des Finances, José Martínez de Hoz. Un jour avant cette visite à
l’Épiscopat, Yorio et Jalics ont été drogués et déposés par un hélicoptère dans
un marais de Cañuelas.
Après
avoir récupéré sa liberté Yorio, s’est réfugié dans une église et tout de suite
dans la maison de sa mère. La protection d’un évêque était plus urgente que
jamais. L’unique qui ait accepté a été Jorge Novak. Quand ils ont commencé les
razzias dans la zone et quand il a su qu’ils interrogeaient sur Yorio, Novak a
insisté pour qu’il sortît du pays. « Bergoglio ne voulait pas m’envoyer à Rome, mais grâce à la pression de ma
famille et de Novak, je suis sorti. j’étais caché, parce qu’il y avait eu un
ordre de Videla de me rechercher », m’écrivit Yorio en 1999. Quand ils sont
réapparus dans Cañuelas, la religieuse de l’époque Norma Gorriarán, de la
Compagnie de Marie a rendu visite à Yorio dans une maison de sa mère. Dans une
interview pour mon « Histoire politique de l’Église Catholique argentine »
réalisée le 27 juillet 2006, elle a rappelé qu’ils étaient en train d’éplucher
des petits pois quand la soeur d’Yorio est arrivée avec l’information qu’ils
étaient recherchés. « Je l’ai
conduit à une maison de religieuses dans le quartier Urquiza où je l’ai vécu un
mois, dans une petite pièce et sur la terrasse ». Bergoglio exigea d’elle,
qu’elle lui dise où Yorio était, « apparemment pour le protéger. Mais cela ne
me semblait pas crédible ». La religieuse a nié. Bergoglio « tremblait, furieux
à ce qu’une religieuse insignifiante lui tint face. Il insistait et il disait « tu seras la
responsable des risques que court Orlando, où qu’il soit ». Il voulait
savoir où il était.
Finalement,
Laghi a obtenu les documents et Bergoglio paya le passage à Rome. « Mais les
explications sur ce qui était arrivé avant, il n’a jamais pu me les donner. Il
s’est avancé vers moi en demandant s’il vous plaît de les lui demander, parce
qu’il se sentait très confus et qu’il
ne saurait me les donner. Moi non plus, je n’ai rien dit. Que pouvais-je
lui dire ? ». Yorio a
rappelé, qu’il y a peu à Rome, le secrétaire du général des jésuites « lui
avait ôter le voile des yeux » . Ce jésuite colombien, le père Cándido
Gaviña, » m’informa que j’avais été expulsé de la Compagnie. Il m’a aussi
raconté que l’ambassadeur argentin au Vatican l’avait informé, que le
gouvernement disait que nous avions été capturés par les Forces Armées, parce
que nos supérieurs ecclésiastiques avaient informé le gouvernement, qu’au moins
l’un de nous deux était guérillero. Gavigna lui a demandé de le confirmer par
écrit, et l’ambassadeur le fit.
«
En revanche Jalics a voyagé aux États-Unis et de suite après en Allemagne. Il a
écrit qu’il n’avait plus de ressentiment vers qui les avaient livrés à leurs ravisseurs et malgré la distance
« les mensonges, les calomnies et les actions injustes ne cessèrent pas ». Mais, il raconte dans son livre, en
1980, qu’il a brûlé les documents prouvant ce qu’il appelle » le délit « de ses
poursuivants ». Jusqu’alors, il les avait conservés avec l’intention
secrète de les utiliser. « Depuis lors, je me sens vraiment libre et je
peux dire que j’ai pardonné de tout cœur ». En 1990, durant l’une de ses
visites au pays, Jalics s’est rendu à l’Institut de la Foi et de la Prière, de
la rue 2760. Il a prié, avec Emilio et Chela Mignone . Selon le récit de cette
rencontre écrit par Mignone, Jalics leur a dit que « Bergoglio s’était opposé à ce qu’il obtint un poste,
qui était libre en Argentine et il
en a parlé à tous les évêques, pour qu’ils ne l’acceptassent pas dans leurs
diocèses, dans le cas où il se retirait de la Compagnie de Jésus » .
Bergoglio dit maintenant, que quand Jalics vient au pays, il le visite. La
familia de Yorio a une information
différente : c’est Bergoglio qui
le recherche, pour son opération de blanchiment.
Légende
du texte : Le fonctionnaire de
la Chancellerie révèle que c'était Bergoglio qui lui a communiqué les
accusations contre Yorio et Jalics.
PERE
FRANCISCO JALICS
Activité
dissolue au sein d’un congrès de religieux féminines
(Conflts
d’aubédiences)
Détenu
à l’Ecole de Technique Militaire de l’Armée
XI/76
(6 mois) accusé avec le père Yorio
Suspecté
de contact avec la guérilla
-
Ils vivaient dans une petite communauté que le Supérieur Jesuiste a dissoute en
février 1976 et ils ont refusé d’obéir en sollicitant la sortie de la Coapaflia
le 19 mars, les 2 ont reçu un avis d’expulsion, le Père JALICS, non, parce
qu’il a des voeux solennels.
Aucun
Évêque du Grand Buenos Aires n'a voulu le recevoir.
NB
: Ces données sont allées au sous-ministre Mr ORCOYEN par le propre Père
BERGOOLlO, signant la note avec une recommandation
spéciale, qu’il n’avait pas lieu à ce qu’il sollicite.
Article
en relation sur Internet :
- Pagina 12 ( journal argentin) : “Una persona ávida de poder” (Une personne avide de pouvoir) en espagnol, cliquez ici !
- Le Courrier de la diaspora argentine : « El Papa Francisco se desprende de Jorge Mario Bergoglio cambiando de piel », Le Pape François se déprend de JM Bergoglio en changeant de peau) en espagnol, cliquez ici !
- Courrier International : « Jorge Bergoglio n'est pas le pape des pauvres », cliquez ici !
Source :
Pagina 12 (article publié, le 11 avril 2010)