Par Hugo Chavez Frias - traduction de Gaston Lopez
Frères et sœurs, Recevez mon plus fervent salut bolivarien, unioniste et solidaire,
avec toute ma joie et de toute mon espérance dans le déroulement de ce
III° Sommet si attendu des Chefs d'états et de
Gouvernement d'Amérique du Sud et d'Afrique (ASA). Je regrette vraiment, du plus profond de mon être de ne pouvoir être
présent physiquement avec vous et de vous réitérer, une fois de plus,
en une sincère accolade, mon irrévocable engagement pour
l'union de nos Peuples.
Je suis présent, cependant, dans la personne
du Chancelier de la République Bolivarienne du Venezuela, le camarade
Elias Jaua Milano, à qui j'ai demandé de vous
transmettre la plus vive expression de mon amour pour ces continents
qui sont plus que frères, unis par de solides liens historiques et
destinés à avancer ensemble vers leur rédemption pleine et
absolue.
Je le dis du plus profond de ma conscience : l'Amérique du Sud et
l'Afrique sont un même peuple. On réussit seulement à comprendre la
profondeur de la réalité sociale et politique de notre
continent dans les entrailles de l'immense territoire africain où,
j'en suis sûr, l'humanité a pris naissance. De lui proviennent les codes
et les éléments qui composent le syncrétisme culturel,
musical et religieux de notre Amérique, créant une unité non
seulement raciale entre nos peuples mais aussi spirituelle.
De la même manière, les empires du passé, coupables de l'enfermement
et de l'assassinat de millions de filles et de fils de l'Afrique mère
dans le but d'alimenter un système d'exploitation
esclavagiste dans leurs colonies semèrent dans Notre Amérique le
sang africain guerrier et combatif qui brûlait du feu que produit le
désir de liberté.
Cette semence a germé et notre terre a
enfanté des hommes aussi grands que Toussaint Louverture, Alexandre
Petiot, José Léonardo Chirino, Pedro Camejo parmi beaucoup d'autres,
avec pour résultat, il y a plus de 200 ans, le début d'un
processus indépendantiste, unioniste, anti-impérialiste et
reconstructeur en Amérique Latine et caribéenne.
Ensuite, au XX° siècle, vinrent les luttes de l'Afrique pour la
liberté, ses indépendances, contre ses nouvelles menaces néo-coloniales,
Patrice Lumumba, Hamilcar Cabral pour n'en citer que
quelques-uns. Ceux qui, dans le passé nous ont conquis, aveuglés par
leur soif de pouvoir, ne comprirent pas que le colonialisme barbare
qu'ils nous imposaient deviendraient l'élément fondateur
de nos premières indépendances.
Et ainsi, l'Amérique Latine et
Caribéenne partage avec l' Afrique un passé d'oppression et d'esclavage.
Aujourd'hui plus que jamais, nous sommes fils de nos
libérateurs et de leurs hauts faits , nous pouvons dire, nous devons
dire avec force et conviction, que nous unit aussi un présent de lutte
indispensables pour la liberté et l'indépendance
définitive de nos nations.
Je ne me lasserai pas de le redire, nous sommes un même peuple, nous
avons l'obligation de nous rencontrer au-delà des discours formels dans
une même volonté d'unité et ainsi unis, donner vie à
l'équation qui devra s'appliquer dans la construction des conditions
qui nous permettront de faire sortir nos peuples du labyrinthe dans
lequel le colonialisme les a jetés et, par la suite, le
capitalisme néo-libéral du XX° siècle.
Pour cela, je veux évoquer la mémoire de deux grands combattants
pour la coopération sud-sud comme l'ont été les deux ex présidents du
Brésil et de la Tanzanie, Luis Ignacio « Lula » da
Silva et Julius Nyerere dont les apports et les efforts ont permis,
en leur temps, la mise en place de magnifique forum pour une coopération
solidaire et complémentaire comme l'est l'ASA.
Cependant, les temps que nous vivons nous obligent à dédier nos plus
profondes et urgentes réflexions à l'effort nécessaire pour transformer
l'ASA en un véritable instrument générateur de
souveraineté et de développement social, économique, politique et
environnemental.
C'est sur nos continents que l'on trouve les ressources naturelles,
politiques et historiques suffisantes, nécessaires, pour sauver la
planète du chaos où elle a été conduite. Faisons que le
sacrifice indépendantiste de nos ancêtres qui nous offre le jour
d'aujourd'hui serve à unifier nos capacités pour transformer nos nations
en un authentique pôle de pouvoir qui, pour le dire avec
le père Libérateur Simon Bolivar, soit plus grand par sa liberté et
sa gloire que par son extension et ses richesses.
Les paroles de cet immense général uruguayen José Gervasio Artigas
résonnent toujours dans mon âme et dans ma conscience : « Nous ne
pouvons rien attendre si ce n'est de
nous-même ». Cette pensée si profonde renferme une grande vérité que
nous devons assumer, j'en suis absolument convaincu.
Notre coopération sud-sud doit être un lien de travail authentique
et permanent qui doit tourner toutes ses stratégies et ses plans de
développement soutenable vers le sud, vers nos peuples.
Quoiqu'en aucune manière nous ne nions nos relations souveraines
avec les puissances occidentales, nous devons nous rappeler que ce ne
sont pas elles qui sont la source de la solution totale et
définitive pour l'ensemble des problèmes de nos pays. Loin de
l'être, quelques-unes d'entre elles appliquent une politique
néo-coloniale qui menace la stabilité que nous avons commencé à
renforcer sur nos continents.
Frères et sœurs, je voudrais rappeler pour ce III° Sommet des Chefs
d'Etat et de Gouvernement de l'ASA, l'esprit de fraternité, d'unionisme
et de volonté qui a dirigé le déroulement de ce II°
merveilleux Sommet dans l'île de Margarita, au Venezuela, qui nous
permit d'adopter unanimement les engagements de la Déclaration de Nueva
Esparta.
Je souhaite avec beaucoup de foi et d'espérance
que nous puissions récupérer à Malabo l'impulsion et l'effort de ce
moment extraordinaire pour notre processus d'unité, le Sommet de 2009,
qui a montré autant par sa fréquentation massive que par
la quantité et le contenu des accords atteints.
Depuis le Venezuela, renouvelons aujourd'hui notre plus ferme
engagement dans le renforcement du Secrétariat Permanent de la Table
Présidentielle Stratégique de l'ASA avec ses principales tâches
et fonctions pour accélérer le rythme dans la consolidation de nos
institutions et obtenir ainsi une plus grande efficacité dans notre
travail conjoint.
Je regrette avec beaucoup de douleur et de peine que tout notre
travail commencé formellement depuis 2006 ait été interrompu par les
forces impérialistes qui prétendent encore dominer le monde.
Ce n'est pas un hasard, je le dis et je l'assume pleinement, que
depuis le Sommet de Margarita, le continent africain ait été victime des
multiples interventions et des multiples attaques de la
part des puissances occidentales.
Les nombreux bombardements et invasions impériaux empêchant toute
possibilité de solution politique et pacifique aux conflits internes qui
ont commencé dans diverses nations d'Afrique, ils ont eu
comme objectif principaux de freiner le processus de consolidation
de l'unité des peuples africains et, en conséquence, de miner les
progrès de l'union de ces états avec les peuples
latino-américains et caribéens.
La stratégie néo-coloniale a été, depuis le début du XIX°, de
diviser les nations les plus vulnérables du monde pour les soumettre à
des rapports de dépendance esclavagiste. C'est pour cela que
le Venezuela s'est opposé, radicalement et depuis le début, à
l'intervention militaire étrangère en Libye et c'est pour le même motif
que le Venezuela réitère aujourd'hui son rejet le plus absolu
de toute activité d'ingérence de l'OTAN.
Face à la menace extra-régionale pour empêcher l'avance et
l'approfondissement de notre coopération sud-sud, je le dis avec Bolivar
dans sa Lettre de Jamaïque de 1815 : « Union, union,
union, cela doit être notre plus importante consigne. » Notre
Gouvernement renouvelle, en ce III° Sommet de l' ASA dans cette
république sœur de Guinée Equatoriale, son absolue disposition à
avancer dans le travail nécessaire pour consolider notre coopération
dans les secteurs que j'ai personnellement proposées à notre dernier
sommet, dans la belle île de Margarita.
Energie,
Education, Agriculture, Finances et Communication continuent d'être
nos priorités et pour celles-ci, nous réitérons notre engagement pour
avancer dans des initiatives concrètes comme Petrosur,
l'Université des Peuples du Sud ou la Banque du Sud, pour ne citer
que quelques exemples.
Dans le secteur de la communication, nous
proposons, depuis le Venezuela, que cet effort que nous avons
réussi à mettre en place ensemble dans différents pays de l'Amérique
du Sud, Telesud, s'articule avec l'Afrique afin qu'il puisse accomplir
depuis ces latitudes sa principale fonction :
relier les peuples du monde entre eux et leur apporter la vérité et
la réalité de nos pays.
Enfin, je veux renouveler à tous mon désir que
les résultats projetés lors de ce III° Sommet ASA nous
permette de transformer ce forum en un outil utile pour conquérir
notre définitive indépendance en nous plaçant à la hauteur de l'exigence
de l'époque et comme le dirait le Libérateur, le plus de
bonheur possible pour nos peuples.
Je suis un convaincu, simple et
obstiné, nous réussirons à mener à bien cette cause que nos libérateurs
et martyres nous ont transmise depuis des siècles. Nos
millions de femmes et d'hommes présentés en sacrifice pour leur
pleine et absolue liberté. Avec le père infini, notre Libérateur Simon
Bolivar, je dis une fois de plus : « Nous devons
attendre beaucoup du temps, son ventre immense contient plus
d'espérance que de faits passés et les prodiges futurs doivent être
supérieurs aux anciens ».
Marchons donc vers notre union et notre indépendance définitive. En
paraphrasant Bolivar, je dis maintenant : « Formons une patrie,un
continent, un seul peuple, à tout prix et tout le
reste sera supportable. »
Vive l'union sud-américaine et africaine !
Vive l 'ASA !
Jusqu'à la victoire toujours !
Nous vivrons et nous vaincrons !
Cette lettre a été écrite le 21 février 2013