Cuba possible, Cuba future :
Propositions pour un avenir immédiat
(Supplément digital - N° 226 et 227 – Mars 2013)
Par la revue Espace Laïque
La grande majorité des
personnes ayant intégrées le Laboratoire CASA CUBANA ont participé et dialogué sous le
parrainage de la revue. (…) Parmi ces membres, il existe des marxistes critiques,
des socialistes, des républicains, des anarchistes et des catholiques. Nonobstant, les membres du groupe du collectif sont unis
dans un engagement fort en direction de Cuba, un patriotisme consacré à la
réalisation de la dignité humaine, dans la socialisation de la richesse, dans
la réalisation d’une démocratie pleine, à la recherche d’un climat propice à
une plus grande stabilité dans le processus de changement vécu par la nation
(…).
L'objectif du Laboratoire Casa Cuba est d'étudier les
institutions cubaines et faire des suggestions d'amélioration et de socialiser
l'étude et la discussion de ces questions.
A ce jour, il est composé par les chercheurs : Julio César Guanche, Julio
Antonio Fernández, Dmitri Prieto, Miriam Herrera, Mario Castillo, Roberto Veiga
et Lenier Gonzalez.
Le document « Propositions pour notre avenir
immédiat », récemment rendu public, a pour but de fournir des outils
visant à approfondir le débat sur les institutions cubaines. Ce dialogue a eu
lieu entre les Cubains de l'île et à l'étranger, à travers des espaces formels
et informels. Les membres du laboratoire croient que cet échange de vues et les
propositions doivent parvenir à synthétiser les aspirations collectives de la
nation et dans le processus de réforme constitutionnelle annoncé par le
président Raul Castro ( …).
Tel a été le but de ce document et son format particulier,
il tente une ébauche de sujets sur l’organisation institutionnelle, qui ont été
largement acceptées par un groupe de cubains et de cubaines d’opinions ou
pensées différentes.
Cuba rêvée, Cuba possible, Cuba future :
Propositions pour notre avenir immédiat
« La souveraineté de la patrie n’est rien de plus que l’exercice
sans restriction de tous les droits de la dignité humaine sur tout le
territoire de notre pays à tous les cubains »
Cuba vit un changement d’époque. Ce qui nous impose de
veiller à la souveraineté de notre Patrie. Préoccupés par la présent et le
futur, nous souhaitons formuler des propositions à étudier et à débattre
publiquement, en ce qui concerne la nécessaire rénovation de l’ordre social
cubain, y compris le processus d’actualisation économique.
Les membres du Laboratoire Casa Cuba que nous sommes,
inspirés par des courants idéologiques dissemblables, avons travaillé à partir
d’un consensus sur cinq piliers que nous jugeons cruciaux et absolument
nécessaires, pour le présent et le futur de Cuba :
Nous défendons la dignité humaine, et sa mise en œuvre à travers
l’exercice non violent de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, avec la
socialisation de la richesse spirituelle et matérielle que nous sommes capables
de créer, pour la réalisation d’une démocratie pleine et entière, pour la quête
d’une plus grande stabilité dans ce processus de changement, et pour le refus
clair de l’intervention de puissances étrangères dans la vie domestique
cubaine.
En proposant (et non en imposant) une définition a minima de
la République et de quelques outils possibles pour la mettre en œuvre, nous ne
souhaitons pas promouvoir des agendas particuliers, mais pousser les Cubaines
et les Cubains, avec des opinions et des croyances différentes, à contribuer à
concrétiser, à élargir et à approfondir ces éléments, dont nous souhaitons
qu’ils soient la base de notre vivre ensemble dans un futur proche.
République :
Un ordre public avec un monde de comportements,
d’engagements et de règles qui garantissent à chaque être humain de pouvoir
jouir de toutes les capacités nécessaires pour exercer sa part de souveraineté.
L’exercice de la souveraineté citoyenne, qui requiert un ordre démocratique,
doit être fondé sur les vertus humaines, comme moyen principal et principe
partagé, et son objectif doit être la construction de la justice.
Outils pour assurer la République de Cuba d’aujourd’hui
et de demain :
I. Garantir la jouissance des droits civiques, de la famille, politiques,
culturels, sociaux, du travail et économique ;
II.
Mettre en place des mécanismes efficaces pour que tout citoyen puisse
jouir de façon équitable de ces droits, et pour habiliter (empower) les classes
défavorisées ;
III. Assurer le droit à une information universelle qui soit
libre et diverse, large et solide, interactive et critique, sans censure ni
monopole. En particulier, il est absolument nécessaire de garantir la
transparence de la gestion publique et l’accès massif et participatif à
l’internet ;
IV. Garantir à la multiplicité sociale et politique de la
nation le droit de choisir des formes diverses pour s’auto-organiser dans le
but de promouvoir ses objectifs, d’influer sur l’opinion et sur le
fonctionnement de la société, ainsi que de participer à la gestion publique ;
V. Que
les croyants et pratiquants de diverses religions, spiritualités et visions du
monde existantes à Cuba puissent promouvoir et voir respectées publiquement
leurs identités, qu’ils puissent s’auto-organiser sous la forme de communautés
avec une personnalité juridique propre ;
VI. Etablir des dispositifs divers pour que les citoyens
puissent contrôler de façon active la mise en œuvre de la Constitution de la
République, ainsi que le travail de toutes les institutions officielles ;
VII. Accorder la plus grande
autonomie possible au travail des instances locales, comprises comme des
espaces communautaires, avec des ressources et la capacité à prendre des
décisions propres, afin d’exercer un protagonisme solidaire et la souveraineté
citoyenne ;
VIII. Quand un problème peut être résolu à
la base – espace local, associatif ou collectif de travail – les instances
supérieures ne devront pas intervenir dans la quête d’une solution ; les
communautés, associations, entreprises et collectifs de travailleurs doivent
avoir la possibilité de coopérer librement entre eux pour trouver des solutions
communes à leurs problèmes ;
IX. Abolir toutes les normes qui établissent des
discriminations entre les citoyens selon leur province origine ou leur
résidence – y compris celles qui privilégient les étrangers par rapport aux
Cubains – ainsi que celles qui donnent la possibilité de recourir à des
sanctions pénales contre ceux qui n’ont pas commis d’actes criminels
(dangerosité pré-délictueuse : l’ « état de dangerosité » et les « mesures de
sécurité pré-délictueuses ») ;
X. Instaurer des mécanismes de contrôle mutuel entre les diverses fonctions
publiques. Séparer les fonctions législatives, exécutives, judiciaires et
électorales et établir le type de coopération qui doit exister entre ces
fonctions ;
XI. Chaque contribuable doit pouvoir participer à
l’élaboration et à la décision en ce qui concerne l’allocation des fonds
publics, ainsi qu’exiger que leur usage se fasse de manière responsable et pour
des objectifs sociaux bien définis ;
XII. Elir toutes les charges
publiques dont la fonction est la représentation, à travers des élections
directes, libres, secrètes, périodiques et compétitives, entre des candidats
nommés directement par les citoyens ;
XIII. Selon ces mêmes règles devraient
aussi être élus les charges exécutives les plus hautes de la République et de
chaque localité ;
XIV. Limiter à deux mandats la
représentation des charges exécutives élues et mettre en place des limites
d’âge pour ces fonctions, ainsi que pour définir des limites au cumul de mandats
entre lesquels il pourrait y avoir des conflits d’intérêt ;
XV. Rendre effective la
reddition de comptes – périodique, publique et interactive – de tous les
fonctionnaires publics ;
XVI. Garantir dans les faits le droit du
peuple à révoquer tous les élus ;
XVII. Faire le plus grand usage possible du referendum et du plébiscite, dans tous
les domaines et dimensions ;
XVIII. Assurer
efficacement le droit au travail et les garanties du droit du travail, ainsi
que les libertés économiques nécessaires, et subordonner les décisions
économiques aux besoins sociaux et environnementaux ;
XIX. Maintenir, comme un droit, l’accès
universel et gratuit à la santé, à travers différentes formes d’organisation,
et permettre une rémunération juste, qui soit à la hauteur du travail accompli
;
XX. Garantir l’accès
universel et personnalisé à une éducation intégrale et démocratique, humaniste
et diverse, une rémunération juste pour les professionnels de l’éducation et
l’implication active des professeurs, étudiants, famille et communautés dans la
gestion des groupes et la définition des programmes d’étude, ainsi qu’une
développement culturel libre et responsable ;
XXI. Autonomie universitaire et
académique, avec la liberté d’enseignement et de recherche, et une
participation active de tous ses acteurs ;
XXII. Trouver des voies efficaces pour garantir la participation équilibrée de
la diaspora cubaine à la vie sociale du pays ;
XXIII. Toute
activité sociale doit respecter les principes de légalité, de justice et la
suprématie constitutionnelle. Les principes constitutionnels doivent être
élaborés et approuvés avec la participation réelle du peuple.
Nous ajoutons notre contribution modeste aux efforts
inoubliables de ceux qui ont combattu et travaillé pour le triomphe de l’amour
en nos terres, et nous nous unissons à leurs voix – en un chœur divers et pluriel. Vos commentaires, analyses et propositions peuvent être
envoyés à l’adresse email suivante : Labcasacuba(at)gmail.com
Article en espagnol en relation :
Le « Laboratoire Casa Cubana » n’est pas un
parti politique, article du Havana Times en espagnol et en lien avec les suppléments
226 et 227 de la revue Espace Laïque, Cliquez ici !
Source : Polémica Cubana