mercredi 27 mars 2013

Guadeloupe, bananes et épandages chimiques dangereux

Pétition 
contre la reprise 
de l’épandage aérien 
en Guadeloupe

Par le Collectif Vigilance Citoyenne

Le Tribunal Administratif de Basse-Terre a annulé les arrêtés préfectoraux des 13 juillet et 15 octobre 2012 autorisant l’épandage aérien. Ni le LPG [1] ni le Ministre de l’Agriculture n’ont cru devoir faire appel de ce jugement. Le Collectif est atterré par la désinvolture avec laquelle le LPG vient de demander une nouvelle dérogation pour reprendre l’épandage aérien, marquant ainsi sa volonté de contourner la loi en s’appuyant sur la force de leur lobbying et leurs soutiens politiques.

Pétition contre la reprise de l'épandage aérien de produits phytosanitaires en Guadeloupe : Signez ici la pétition !

Si les planteurs ont jusqu’à présent réussi à maîtriser la cercosporiose jaune, au prix de multiples épandages aériens, et en utilisant abondamment comme adjuvant une huile paraffinique, dérivée du pétrole, (banole) bien loin d’être inoffensive, il n’en va pas de même avec la cercosporiose noire apparue en Guadeloupe début 2012, bien plus redoutable. Cette nouvelle maladie, à laquelle est très sensible la variété Cavendish (bananes), demande en effet plus d’interventions d’épandage de fongicides, ce qui est actuellement loin d’être possible, compte tenu du « panel » de produits phytopharmaceutiques autorisés.

Nous rappelons que les produits utilisés sont très dangereux pour la santé de la population et de la faune. 

 Ils peuvent générer des cancers, de graves perturbations endocriniennes, et sont très toxiques pour les organismes aquatiques. Si certains ont reçu un avis favorable de l’ANSES [2], on ne peut admettre que cette agence, qui restreint son étude aux effets d’un seul produit à la fois, se contente de juger le risque comme « acceptable », sans en particulier tenir compte des effets « cocktail » de l’accumulation de produits différents dans les organismes vivants, ni des effets des faibles concentrations à long terme, ni des conditions climatiques des zones tropicales.

On ne peut d’autre part admettre que cette agence ne tienne compte que des données fournies par les industriels, pratique qui laisse planer un fort doute légitime sur l’impartialité de ses analyses. Dans ce contexte, le principe de précaution inscrit dans la constitution en février 2005 est bafoué.

La nouvelle demande de dérogation est particulièrement imprécise quant aux produits à utiliser, puisqu’il est question de : « tous produits évalués et autorisés à être utilisés par voie d’épandage aérienne pour lutter contre les organismes nuisibles susmentionnés ».

Doit-on dans ces conditions délivrer un blanc-seing aux planteurs leur permettant d’utiliser sans préavis toute nouvelle substance mise sur le marché ? Ils s’inscrivent ainsi dans une course en avant pour au moins huit ans encore, car la disponibilité de variétés Cavendish résistantes aux cercosporioses ne pourra (théoriquement) être effective qu’à cet horizon.

Alors qu’une dérogation ne peut avoir qu’un caractère exceptionnel et limité dans le temps, la démarche à nouveau engagée risque de devenir générale et permanente.
L’exploitation productiviste de la variété « Cavendish », très fragile aux maladies, fait de plus en plus face à la concurrence internationale au fur et à mesure de l’abaissement programmé des barrières douanières.

Cette culture n’a pu être maintenue jusqu’à présent que grâce aux subventions généreuses du programme POSEI [3]. Elle a ainsi bénéficié entre 2007 et 2011 d’une aide d’un montant annuel moyen de plus de trente millions d’euros, ce qui représente 15 000 euros/ha ou 100 000 euros par emploi direct ou indirect.

Cette manne financière a été « détournée » au détriment des autres activités agricoles qui permettraient d’atteindre une meilleure autonomie alimentaire de la Guadeloupe.

Aux subventions cumulées depuis 2006 (188,67 millions d’euros), il est indispensable d’ajouter les 64 millions d’euros des plans Chlordécone I et II, suite à la tragédie que tout guadeloupéen connaît et qui a conduit, après deux dérogations criminelles accordées pour 
« épuiser les stocks », aux conséquences que l’on connaît.Comme le souligne la Cour des Comptes en 2011, ces sommes auraient été mieux employées à soutenir des alternatives agricoles utiles au développement économique de la Guadeloupe, et créatrices d’emploi.

Le Collectif Vigilance Citoyenne n’est pas contre la culture de la banane, mais contre des pratiques culturales sans avenir qui obèrent les autres activités agricoles.

Le Collectif s’oppose à ces pratiques et logiques qui arrivent à leur terme, parce qu’elles ne sont motivées que par des intérêts particuliers, qui, sous prétexte de préserver un capital économique, compromettent durablement la Santé et l’Environnement de la Guadeloupe.

CECI NE PEUT PLUS DURER !

Le Collectif Vigilance Citoyenne, au nom :

• Du principe de précaution inscrit dans la Constitution, et qui permet d’empêcher que d’autres pesticides ne viennent aggraver les dégâts dévastateurs occasionnés par la Chlordécone.

• De la préservation de la qualité de notre production vivrière, de l’eau, de la faune et de la flore, et par voie de conséquences celle de tout un secteur touristique se tournant de plus en plus vers notre patrimoine naturel.

• De l’urgente nécessité de mener une réflexion sur l’orientation de notre agriculture et sur une meilleure utilisation des aides à ce secteur.

S’oppose fermement à toute reprise de l’épandage aérien. Appelle à la mobilisation de chacun pour signer et faire signer cette pétition.

Ces signatures [4] seront adressées à Madame la Préfète pour consignation dans le registre des observations de la consultation publique.


Notes :

(1) SICA LPG – Les Producteurs de Guadeloupe (infos sur corporama.com)

[2] Agence nationale de sécurité sanitaire
de l’alimentation, de l’environnement et du travail (www.anses.fr)

[3] Programme d’options spécifiques à l’éloignement et l’insularité (www.europa.eu)

[4] dont celles reçues par l’entremise de la source : Cliquez ici !