dimanche 10 mars 2013

L'état vénézuélien complice de la mort de Sabino Romero ?

L’assassinat 
de Sabino Romero 
au Venezuela



Par Antonin Quetal

« Sabino était un exemple de résistance, qui nous a légué toute sa force pour continuer à lutter en faveur des droits des peuples autochtones. » C'est par ces mots, ceux du cinéaste vénézuélien Carlos Azpurua, que j'ai appris l'assassinat de Sabino Romero, un homme que j'admirais pour sa façon de combattre.


Il y a des jours qui se chargent de deuil jusqu'à l'étouffement. Comme ce dimanche 3 mars 2013, où le chef Yupka SabinoRomero a été assassiné au bord d'une route par deux tueurs à moto, ces professionnels de la mort qu'en Colombie, au Honduras et au Venezuela on appelle des « sicarios » : une vermine qui y prospère grâce à l'accouplement des hommes politiques avec les trafiquants. 

Et parce que Sabino Romero était un combattant infatigable, un homme en lutte pour que justice soit rendue aux (amer)indiens du Zulia, il avait aussi beaucoup d'ennemis dans la Sierra de Perijá où il vivait. 

À commencer par les propriétaires terriens, les entreprises agro-alimentaires et toute une série d'hommes politiques qui n'avaient de cesse que de criminaliser ces luttes que menait Romero, seulement soutenu par les indiens Yukpas et quelques ONG, liées à la défense de l'environnement et des Droits de l'Homme. 

Dans l'ombre des beaux discours bolivariens des dirigeants politiques du Venezuela, toujours prêts en théorie à partager la terre avec les indiens Yukpas, Sabino Romero avait écopé de dix-huit mois de prison ferme et reçu plus d'une vingtaine de menaces de mort.

Pour le journal Opción Obrera, « l’Etat est complice » de cet assassinat

Il suffit de rappeler, par exemple, qu'en 2009 José Romero, le propre père de Sabino Romero avait été assassiné, selon une tradition propre au Vénezuela où nombre de militants trouvèrent la mort sous les balles des sicarios : Michael Martinez, Luis Hernandez, Richard Gallardo, Alexander Fernández et Carlos Requena (ci-contre), pour ne citer que les derniers d'entre eux.

Si les commanditaires du meurtre de Sabino Romero sont à chercher, avant tout, parmi les richissimes dirigeants des groupes miniers qui exploitent le sous-sol de la Sierra de Perijá, il ne fait aucun doute que l’État vénézuélien porte lui aussi une part de responsabilité, puisque les crimes de ces quatre militants y sont restés impunis. 

L'ancien ministre de la Justice, Tareck El Aissami, ainsi que la ministre des Affaires indiennes, Nicia Maldonado, peuvent eux aussi être désignés comme des complices pour ces assassinats.

Il faut dire aussi que le 13 novembre 2003, le président Hugo Chavez avait annoncé l'augmentation de l'extraction du carbone, pour parvenir à une production de 36 millions de tonnes par an dans les territoires habités par les différents groupes indigènes du Venezuela.

 Face à ce zonage minier de la province de Zulia, Sabino Romero faisait partie de ces chefs (amer)indiens décidés à lutter par tous les moyens, que ce soit par l'action directe à Caracas, en occupant pacifiquement un tribunal, ou par l'occupation des terres indigènes autour de Chaktapa, confisquées par des éleveurs de bétail.

Face à eux, l'homme qui vient de mourir n'avait pas d'autres armes que sa parole.

Quelques liens pour en savoir plus :



Sources : articles et photos le blog Sipetitezone