lundi 4 mars 2013

Colombie, Roméo Langlois et le « blues » d’un otage

Roméo Langlois, 
de l’usage d’un journaliste 
pour une campagne de propagande des FARC

Par Libres Amériques

Dans les différents entretiens qu’a pu accorder Roméo Langlois, il a souligné comment la guérilla des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC-EP) avait utilisé le journaliste français. Son enlèvement se situa entre les deux tours de la présidentielle en France, cette séquestration n’avait pas été préméditée, mais cela tombait bien pour les guérilléros en manque de publicité.

Suivant l’armée colombienne, dans le cadre d’une opération Antidrogue, Roméo Langlois a été blessé et intercepté lors d’un échange nourri entre les deux camps. 

Cela faisait 10 ans qu’il vivait en Colombie, comme grand reporter et notamment pour France 24, un journaliste peu connu jusqu’à ce qu’il soit enlevé. A la mi-février 2013, il sort un livre « Jungle Blues » sur ces 33 jours qui lui parurent interminables, et se livre sur un pays qu’il connaît bien et pour lequel, il ne cache pas son attachement.

Sa libération avait été marquante, et les paroles qu’il avait pu donner à certaines télévisions sud-américaines, assez étonnantes. Il y parlait de paix, de ces gens du coin, des paysans qui étaient venus saluer son retour à la liberté. En expliquant les conditions de cette libération, il est plus simple de comprendre ce qui pouvait animer Roméo Langlois. 

Ne saisissant pas ce qui se passait, croyant qu’il serait récupéré par un hélicoptère, il se trouvait noyé dans un bain de foule, caméras et micros à l’appui, une situation mi-loufoque, mi-surréaliste, qui lui donna l’envie dans un premier temps de fuir et de retourner dans la jungle.

Roméo Langlois, 
un mois aux mains de la guérilla colombienne


France Info


Avec cette histoire proprement colombienne, il y a à se demander mais pourquoi les français sont-ils autant la cible d’enlèvements ?

C’est du moins la question posée par certains médias (Europe 1 – LCI) qui ont interrogé Roméo Langlois, il a su rappeler que chaque enlèvement était pour lui une remémoration de ce qu’il avait connu. Lui-même aillant suivi la séquestration d’Ingrid Betancourt et de dizaines d’autres civils, policiers ou militaires. Il se trouva à son tour dans ce que l’on peut appeler un trou noir. 

Ou chaque heure, ou jour, rien ne bouge ou presque à l’exception des geôliers, sauf de savoir si l’on va pourvoir survivre, à la pesanteur de l’instant. Ces fourmis, qu’il va observé des heures durant, on imagine que l’impuissance est à son comble et que le fatras des idées tourne à plein.

Dans le cas des journalistes, la réponse la plus facile serait de penser, que ce sont les risques du métiers…  sauf qu’ils disposent à ce sujet d’une capacité de résilience assez forte, l’écriture n’est peut être pas un moyen de soigner les plaies, mais il est incontestable, qu’écrire permet de poser un point à un moment donné. 

Pour ce qui est proprement des Français, il est difficile d’en faire un portrait global, plutôt des coopérants ou des expatriés, si l’on prend en compte les 15 derniers otages en Afrique et exclusivement sur ce continent. 

La Colombie n’est pas en soit un pays dangereux pour les Français, c’est le pays qui est un danger pour tous ceux qui y vivent.


La Colombie, plongeons dans le « réalisme magique »

Quand Roméo Langlois fait état de schizophrénie concernant la société colombienne, de ce côté parfois ahurissant et merveilleux, - que peut nous faire découvrir ce pays avec ses extrêmes, - il touche juste, comme beaucoup de ses propos. Et en quoi ce pays peut avoir des aspects hypnotiques, tant la folie meurtrière se mêle à ce qui est de l’ordre de la pulsion de vie, un état propre aux pays en guerre, et qui peut se finir en Colombie par une histoire d’amour entre les pires oppositions.

Toutefois nous ne méprenons pas, si notre esprit peu s’égarer dans la beauté du « réalisme magique », beaucoup se joue actuellement en Colombie, et la question de la guerre est un moyen de revenir les pieds sur terre et souhaiter autre chose que les scénarios en cours.


La question est de savoir comment un pays va se remettre de tant d’années de conflits, comment les Colombiens pourront exprimer cette violence à leur tour ?

Conflits qui perdurent dans de nombreux départements en l’attente d’un cessé le feu général plus que souhaiter par les opinions publiques colombiennes, et dont la finalité viendra ou pas des discussions en cours à la Havane. La guerre a plus que des relents de narcotrafic et l’enlèvement du journaliste français n’a rien du fait du hasard, sauf d’avoir été présent lors d’une rixe.

La complexité du conflit colombien tient du fait qu’il existe plusieurs conflits et que ce qui oppose le gouvernement aux FARC-EP n’est qu’un élément parmi d’autres, qui empoisonnent le quotidien en Colombie. Et nous vous renvoyons aux différents articles sur la Colombie qui ont pu être relayé sur ce blog… ou sur le site de 2005 à 2012 : Textes,sons, vidéos sur l'Amérique Latine, cliquez ici !

Pour ce qui est des FARC, il faut retenir des propos de Roméo Langlois, connaissant bien le sujet, qu’il n’en tire pas d’amertume. Il a été amené avec son travail a les côtoyés et même jusqu’à continuer à les interroger lors de sa privation de liberté. 

Avant que ne sorte son livre, France 24 avait diffusé son documentaire de 27 minutes ci-dessous en ligne…

"A balles réelles" de Roméo Langlois
 
France 24


Ce billet est un moyen de saluer la sortie du Livre de Roméo Langlois,  « Jungle Blues », mais surtout de saluer un travail intègre, un journaliste compétent et humble. Comment ne pas lui souhaiter, de pouvoir retourner en Colombie, il y a tant de chose à filmer et d’histoires de vie à raconter…

Souhaitons lui tout plein de réussites dans son travail futur !


Entretiens à lire ou à écouter :

- R. Langlois: « J'ai vécu avec le spectre de la détention d'Ingrid Betancourt », à lire sur Jolpress.com, cliquez ici !

- Quoi de neuf en Colombie, la radio le mouv, cliquez ici !



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